Aéroport de Clermont-Ferrand : comment relancer la fréquentation après la Covid ?

Les avions se raréfient à l’aéroport Clermont-Ferrand Auvergne et la liaison avec Paris-Orly n’est plus assurée. Pour les voyageurs, l’offre est loin d’être satisfaisante. Les entreprises qui travaillent sur place s'inquiètent. Les décideurs, eux, s'efforcent d'être optimistes.

La période estivale est propice aux voyages. Pour prendre l'avion à l’Aéroport Clermont-Ferrand Auvergne (SMACFA), ce mardi 28 juillet, il faut être matinal. Le vol reliant Clermont-Roissy Charles de Gaulle décolle à 7h15.

Les passagers partagent tous le même sentiment : l'offre se raréfie au départ de l'aéroport auvergnat. « Je prends souvent l’avion. C’est dommage que les vols entre Clermont-Ferrand et Paris-Orly aient été supprimés. C’était très pratique » explique une passagère. A ses côtés, une autre ajoute : « Cet aéroport était pratique pour aller dans Paris ou rejoindre d’autres villes en France. La semaine dernière, je suis allée à Brest. Il a fallu que je dorme une nuit à l’hôtel. C’est plus de douze heures de trajet. Quand on travaille c’est compliqué ». Un avis partagé par une autre voyageuse : « On est mal desservi. Clermont est oublié. On fait avec mais du coup j’ai 8 heures d’attente à Paris. ».

Ce jour-là, seulement deux vols vers Roissy sont prévus. Cette baisse du trafic fragilise les entreprises implantées sur place. Le gérant de la boutique de produits régionaux, située dans l’aéroport, a vu son chiffre d'affaires divisé par trois entre 2019 et 2022. Christian Grangeon indique : « On ne peut pas vivre avec deux avions par jour, un le matin et un le soir. Ce n’est pas possible. Si on reste sur ce rythme-là, nous ne pourrons pas rester. Cela veut dire que l’aéroport va encore dépérir.».

Comme lui, un loueur de voiture, implanté sur l’aéroport s’inquiète. « C’est dommage que l’on ait un aéroport avec si peu de vols. Nous aimerions qu’il y ait plus de passagers. Cela nous impacte énormément. Nous avons connu le Covid et le confinement, on attendait la reprise. On a une ville qui a un énorme potentiel, qui est accessible, au centre de la France alors voir si peu de vols, c’est vrai que c’est compliqué. J’ai peur de devoir peut-être partir d’ici. ».

La reprise post covid prend du temps

L’aéroport a enregistré une forte baisse de sa fréquentation. En 2019, ce sont 440.000 passagers qui ont transité contre 92.000 en 2021, année de reprise post covid.

Le directeur de l'aéroport de Clermont-Ferrand Auvergne, Hervé Bonin, espère atteindre les 180.000 passagers en 2022. L'offre est réduite, mais les avions pleins à 85% incitent à l'optimisme. « Nous avons repris progressivement le trafic. Mais, il y a un vrai regain. Depuis plusieurs mois, les avions sont bien remplis. Il y a des changements plus structurels qui ont été opérés dans les entreprises pendant la crise covid. Ces changements impactent les modes de déplacements et leur fréquence. Pour autant, il y a toujours un besoin.» précise-t-il. Puis il conclut en disant : « Les entreprises ont confirmé leur besoin d’avoir une liaison avec Orly malgré le télétravail. Le marché ne sera pas le même qu’avant la crise mais il reste conséquent. Cela va nous permettre de redévelopper de nouvelles lignes, je l’espère prochainement, que ce soit vers Paris ou vers d’autres villes européennes. ».

Depuis 2018, une association regroupant des élus, des entreprises et des universités travaille pour améliorer la desserte de l'Auvergne. Mais dans le secteur aérien, chahuté par la Covid 19, la reprise prend du temps. Patrick Wolff, président de l'association Objectif Capitales souligne : « Il y a parfois un temps d’inertie chez nous et puis aussi un temps d’inertie inhérent aux grandes entreprises. Avant de rajouter une ligne à Clermont, il y a six voir sept autres possibilités ailleurs. C’est à nous de bien défendre notre dynamisme pour montrer que c’est mieux de mettre un avion de plus chez nous que sur Cancun au Mexique par exemple ».

Le rétablissement de la liaison avec Orly et l’augmentation du nombre de vols entre Clermont et Roissy sont les deux dossiers en cours. Une nouveauté est d’ores et déjà prévue pour le mois de novembre. L’aéroport proposera des vols reliant Clermont-Ferrand à Fès au Maroc.

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