Le tribunal administratif de Besançon examinait ce mardi 3 décembre le recours déposé en mai 2023 par le collectif RN+5,7 degrés. Ce collectif réclame l’annulation de l’arrêté préfectoral du 30 novembre 2022 qui déclare d’utilité publique les travaux d’aménagement de la RN 57, censés achever le contournement de Besançon (Doubs).
Le contournement de Besançon sera-t-il achevé un jour ? Le dernier tronçon de contournement est sur les rails. Il prévoit d’aménager le secteur entre les Boulevards et Beure, avec une mise à 2x2 voies de la RN57, et une vitesse limitée à 70 km/h.
Des projets inadaptés "si on veut s'engager dans la transition écologique"
Un projet de 130 millions d’euros qui met en colère plusieurs associations regroupées au sein du collectif RN+5,7 degrés. France Nature Environnement (FNE), Alternatiba, Trottoirs libres et Beure Respire estiment que cet aménagement routier "pensé il y a 30 ans" n’est plus en accord avec les préoccupations économiques et écologiques actuelles. "Ce sont des projets qui n'ont plus lieu d'être, martèle Patrick Bourque, président de l'association FNE.
On agrandit des infrastructures routières alors que l'on doit faire baisser le trafic routier si on veut s'engager dans la transition écologique.
Patrick Bourque, président de France nature environnement
Il estime d'ailleurs qu'effectuer ces travaux, c'est "partir perdant" sur la transition écologique. Ajoutant que le trafic routier est le secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre, devant l'agriculture et l'immobilier. Et dans la mobilité, la voiture individuelle est le premier émetteur, sans grande surprise.
Patrick Bourque estime que ce budget aurait pu servir dans le développement d'autres formes de mobilités, plus douces et plus adaptées à la situation actuelle. Comme l'amélioration des transports en commun ou la réalisation de parking relais pour réaliser du covoiturage. "Ce qui devrait être fait si on veut se lancer dans une transition écologique et baisser l'émission des gaz à effet de serre" estime Patrick Bourque.
Ces travaux, allant à contrecourant de défis environnementaux vitaux, ne peuvent être considérés comme d'utilité publique, c'est indécent.
Collectif RN+5,7 degrés
Lors de l’enquête publique, le collectif a émis de nombreux arguments
“La réalisation de ce projet peut et doit-être évitée, en réduisant le trafic sur la RN 57 plutôt que de le fluidifier par des investissements coûteux, inutiles et nuisibles sur le moyen et long terme”. Sont ciblés notamment les poids lourds qui engorgent cet axe en n’empruntant pas les autoroutes A36 et A39 entre Besançon et Poligny, ceci dans les deux sens.
“Dans une perspective de limitation du trafic automobile et de l’étalement urbain, la création de nouvelles infrastructures routières est inutile et contreproductive. Il est connu depuis les années 1930 que l’augmentation de l’offre induit une augmentation des déplacements motorisés” estime le collectif.
Pour les services de l’État, cet aménagement du contournement de Besançon est nécessaire. “Malgré les évolutions sociétales telles que le report modal pour faire diminuer la part de la voiture individuelle ou le télétravail, les projections montrent que le trafic sur l’axe restera au-dessus du seuil de saturation à moyen et long terme aux heures de pointe si l’on n’en augmente pas la capacité” indique la DREAL.
Le tribunal administratif de Besançon rendra sa décision fin décembre, début janvier. Le rapporteur public estime que "le public n'avait pas eu suffisamment d'informations en matière de modalités de financement du projet", rapporte Patrick Bourque et demande "un sursis à statuer jusqu’à l’expiration d’un délai de 8 mois en vue de la notification de la mesure de régularisation". Le tribunal administratif rendra sa décision fin décembre, début janvier.
Les travaux d’achèvement du contournement seront financés par l’État, Grand Besançon Métropole, la Région Bourgogne-Franche-Comté et le Département du Doubs.