Affaire Wissam El-Yamni : douze ans après les faits, la famille aura droit à une première reconstitution

Il y a 12 ans, Wissam, un jeune homme de 30 ans, est mort après une interpellation policière à Clermont-Ferrand. L‘affaire, qui avait marqué la ville, prend un nouvel élan. Ce vendredi 9 février, une reconstitution, très attendue par la famille de la victime, aura lieu, mais elle reste "insuffisante" pour ses avocats.

Que s’est-il passé dans cette voiture de police, lors de cette nuit de janvier 2012, à Clermont-Ferrand ? Douze ans après l'affaire Wissam El-Yamni, jeune homme mort après une interpellation policière le soir de la Saint-Sylvestre, les avocats de la famille de la victime comptent sur la reconstitution qui aura lieu ce vendredi 9 février, pour faire la lumière sur cette affaire qui avait enflammé Clermont-Ferrand. 

"C'est insuffisant" 

Le 31 décembre 2011, Wissam El-Yamni, âgé de 30 ans, avait été arrêté par la police à la suite d’un jet de projectile sur les forces de l’ordre. Suite à son interpellation, le jeune homme se retrouve dans le coma et meurt quelques jours plus tard. Douze ans après, la reconstitution ordonnée par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Riom est un nouvel espoir pour la famille de Wissam. Maître Jean-François Canis, l'un des deux avocats de la famille de la victime, indique : “On avait vraiment l'impression que tout était à l’arrêt. Avec cette reconstitution, on a le sentiment qu’il va se passer quelque chose. L’instruction reprend après un arrêt très long. Cette reconstitution va permettre d’éclairer certains points. On va chercher à savoir ce qu’il s’est passé et surtout dans quelles conditions cet homme est mort”. Mais cette mise en situation reste "insuffisante" pour l’avancée de l’enquête, selon Me Jean-Louis Borie, le deuxième avocat des parties civiles : "Pour nous, il y a des éléments essentiels qui seront manquants : les conditions de l'interpellation et ce qui s'est déroulé au commissariat. Malheureusement, la reconstitution se limite au transport jusqu’au commissariat. C’est insatisfaisant pour nous parce qu’il s’est, certainement, passé des choses avant que Wissam ne monte dans la voiture”

La première en douze ans 

L'objectif de cette mise en situation doit permettre de déterminer si le transfert de Wissam en "position pliée" à l'arrière du véhicule a pu avoir une incidence sur son décès. Maître Jean-François Canis justifie une reconstitution tardive par les divergences entre les différents experts médicaux. “Il y a eu deux difficultés dans cette affaire : les témoignages et les analyses des experts qui n'ont cessé d’être contradictoires, relate l’avocat. C’est l’une des raisons pour lesquelles cette affaire semblait infinie alors qu’elle est assez simple, à mon sens”. Il ajoute : “On va pouvoir discuter des gestes qui ont été faits avec toutes les parties, et notamment les experts médicaux. Ces derniers endossent un rôle important et contestable dans cette affaire. Il y a des experts qui n’ont pas hésité à écrire des choses aberrantes, sur le plan scientifique, pour couvrir les policiers”.

Une reconstitution déplacée par "mesure de sécurité" 

Les faits ont eu lieu initialement dans le quartier de la Gauthière. Un quartier estimé comme “sensible”. Par mesure de “sécurité”, la reconstitution aura lieu à Cournon-d’Auvergne, au sud de Clermont-Ferrand, précise l'avocat de la famille. À quelques kilomètres de l'endroit où se sont déroulés les faits donc, les experts médicaux, les avocats des deux parties, ainsi que les deux policiers mis en cause et reconnus comme témoins assistés devront discuter des gestes qui ont été faits lors de cette interpellation. Maître Jean-François Canis assure que ce changement de lieu n'a “pas d’incidence sur le déroulé de la reconstitution” .  

En soutien à la famille de la victime, le collectif Justice pour Wissam appelle à un rassemblement  devant le SGAMI (Secrétariat général pour l'administration du ministère de l'Intérieur), lieu de la reconstitution, ce vendredi 9 février 2024 à 9h30. 

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