Alors que deux policiers avaient été mis en examen dans l'affaire Wissam El Yamni, plus aucun des deux n'est aujourd'hui poursuivi. La mise en examen du dernier d'entre eux vient en effet d'être annulée. La famille de la victime souhaite poursuivre son combat.
Trois ans et demi après la mort de Wissam el Yamni le 31 décembre 2011 à Clermont-Ferrand, la mise en examen du dernier des deux policiers encore poursuivi vient d'être annulée mardi par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Riom (Puy-de-Dôme).
Pour la famille de Wissam El Yamni, c'est une mauvaise nouvelle mais pas vraiment une surprise : pour eux, cela ne change rien au fond de l'affaire. Sans attendre cette décision, les avocats de la famille ont déjà déposé de nouvelles demandes d'investigation auprès des juges tant sur le plan médical que sur le déroulement exact des faits cette nuit là.
"On a déjà demandé au juge d'instruction de poser aux experts des questions complémentaires et plus précises pour peut-être les pousser dans leurs retranchements et les amener à se contredire" indique Jean-Louis Borie, avocat de l'épouse de Wissam El Yamni, "pour qu'on ait peut-être un jour une vraie expertise médicale."
"Il est très difficile de faire reconnaître des violences policières devant la justice"
Jean François Canis, avocat des parents de Wissam, de ses frères et de ses sœurs, regrette lui aussi cette décision. "Il y a eu des fractures au niveau du visage, personne ne peut le contester. Il y a des marques au niveau du cou, personne ne peut le contester. Et à une époque, il était question d'un "pliage" qui avait entraîné la mort. Aujourd'hui, curieusement, plus personne ne veut parler de cela alors qu'à une époque, c'était véritablement quelque chose qui avait été développé. Ça n'est pas un scoop, c'est quelque chose que je sais depuis longtemps : il est très difficile de faire reconnaître des violences policières devant la justice française."
Un rendez-vous sur ce thème en préparation
Farid, le petit frère de Wissam qui alimente un blog sur cette affaire et sur les violences policières a quant à lui choisi un autre moyen d'action. Avec d'autres, il prépare "un rendez-vous citoyen d'envergure nationale" sur cette thématique au mois de novembre prochain à Clermont-Ferrand. "On n'a pas la justice mais on n'a pas non plus la vérité" regrette-t-il. "Donc j'ai proposé aux personnes que j'ai côtoyé depuis un certain temps de venir à Clermont-Ferrand et de donner notre vérité. Il faut que les gens voient que ce qui se passe à Clermont-Ferrand, que ce qu'on voit nous, c'est la vérité et qu'eux sont des menteurs."Si l'instruction suit son cours normalement, la famille et leurs avocats devraient avoir des nouvelles sur l'évolution de ce dossier d'ici la fin de cette année, prés de 4 ans après les faits.