La gratuité de l’autoroute A75, reliant Clermont-Ferrand à Béziers, pourrait être mise en péril. La ministre des transports a évoqué les grandes lignes de la nouvelle loi sur les mobilités (LOM), qui comprend la fin des autoroutes gratuites, pour financer les nouveaux aménagements.
Sur les 335 kilomètres de l’autoroute A75, entre Clermont-Ferrand et Béziers, seule une petite portion est payante, le viaduc de Millau. Une autoroute quasi gratuite donc, que les usagers empruntent depuis les années 90. Mais la donne pourrait changer, suite aux déclarations de la ministre des Transports, Elisabeth Borne, qui devrait présenter la nouvelle loi sur les mobilités (LOM), avant cet été.
Cette loi proposera "une stratégie d'ensemble ainsi qu'une programmation sincère de nos infrastructures sur les deux prochaines décennies", a-t-elle évoqué dans un entretien à l'AFP. "Cette programmation devra s'appuyer sur des ressources financières solides et pérennes, en privilégiant, chaque fois que c'est possible, le paiement par l'usager ou par le bénéficiaire final des projets."
Car Elisabeth Borne déplore "l’état critique du réseau" et évoque la fin des autoroutes gratuites : "Nous devrons engager dès 2019 un plan de sauvegarde des chaussées, des ouvrages d'art et des équipements du réseau routier national non concédé", qui comprend les routes nationales et les autoroutes gratuites.
Pour les syndicats, la menace de la fin de la gratuité de l'A75 est bien réelle. Dans un entretien à nos confrères de Midi Libre, Vincent Malon, secrétaire générale du syndicat à la Direction Interdépartementale des Routes (DIR) du Massif Central, dénonce : "Dans plusieurs documents officiels, il est écrit que les autoroutes non concédées vont être les premières concernées par ces nouveaux péages."
1 milliard d'euros par an pour l'aménagement des routes
Si elle devait se confirmer, la fin de la gratuité de l’autoroute A75 serait une très mauvaise nouvelle pour les usagers, notamment dans certains territoires ruraux, où l’autoroute a été aménagée sur le tracé de l’ancienne nationale 9. Ils choisiraient alors de ne pas circuler sur une autoroute payante. Une usagée, qui emprunte régulièrement l'autoroute, choisit, elle, de changer ses habitudes : "Je préférerais emprunter l’A7 lorsque je me rends à Béziers si l’A75 devient payante, même si elle est plus agréable et moins encombrée."
Pour les entreprises des zones rurales, c'est aussi un coup dur. "Nous sommes très inquiets" déclare Emmanuelle Seyt, responsable de site transports Seyt dans le Cantal."Voir qu’une ministre peut remettre en cause la parole de l’état est regrettable. On nous avait promis la gratuité de cette autoroute, au vu des territoires ruraux qu’elle traverse." Les autocars de sa société empruntent l’A75 chaque jour.
Pour ce plan gouvernemental, les dépenses pourraient aller jusqu’à 1 milliard d'euros par an pour l'entretien et la modernisation des routes, contre 800 millions cette année. Il comportera "des objectifs quantitatifs d'amélioration du réseau routier", fixés tous les cinq ans à partir de 2022, a précisé la ministre.