Alors que le Conseil d’Etat ordonne de lever l'interdiction de réunion dans les lieux de culte, les autorités musulmanes auvergnates invitent à la prudence et au respect des règles sanitaires. Aucune célébration n’est envisagée pour fêter la fin du ramadan dimanche.
Ce sera une fête de l’Aïd el-Fitr en petit comité. En famille tout au plus. Contrairement aux années précédentes, aucun rassemblement n’est prévu dans les mosquées pour fêter la fin du ramadan qui doit avoir lieu ce dimanche 24 mai. Et ce, malgré la décision lundi du Conseil d’Etat qui demande au gouvernement de lever l’interdiction de réunion dans les lieux de culte au motif qu’elle porte « une atteinte grave et manifestement illégale » à la liberté de culte. Le gouvernement a huit jours pour lever cette interdiction « générale et absolue » mise en place dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire.
Pas de rassemblements dans les mosquées
« Quelque soit la décision du gouvernement, nous n’inviterons pas les fidèles à venir se rassembler pour l’Aïd comme par le passé, met en garde Yassine Louzzani, porte-parole du Collectif des mosquées Clermont-Auvergne, nous considérons que le risque sanitaire est réel ». D’ordinaire, plusieurs milliers de musulmans clermontois se retrouvent à l’occasion de cette fête religieuse. L’an dernier à la Maison des Sports, et les années précédentes au Zenith ou à Polydôme. « C’est un moment festif. Les familles se retrouvent pour célébrer le fait d’avoir accompli un devoir divin, l’un des cinq piliers de l’islam : le jeûne du ramadan. La prière est guidée par un imam, suivie d’un prêche. A la fin, les fidèles se félicitent et s’embrassent », explique-t-il.
Impossible dans ces conditions de respecter la distanciation physique ou les gestes barrière. « Le mot d’ordre c’est de ne pas prendre de risques inutiles », avertit Yassine Louzzani. « Or si on rouvre les mosquées, les premiers à venir seront les anciens, les personnes les plus à risque ». Il invite donc les familles à célébrer l’Aïd à la maison. Mais rappelle-t-il : « Nous invitons également les familles à ne pas se retrouver trop nombreux, ou alors à être très prudents et à respecter la distanciation sociale ».
Pas de prêche sur les réseaux sociaux
« La prière du vendredi est beaucoup plus importante que la prière de l’Aïd dans la religion musulmane, or avec le contexte sanitaire, nous ne la célébrons pas. La prière de l’Aïd n’est absolument pas une obligation religieuse », indique l’imam. Pour cette raison, « les imams ont décidé de ne pas faire de prêche sur les réseaux sociaux », rajoute Mohamed Messoussa, président du Collectif des mosquées Clermont-Auvergne.
Une position auvergnate qui rejoint la position des instances musulmanes au niveau national. « Nous avons décidé de reprendre de façon progressive pour permettre de mieux maîtriser les effectifs et les gestes barrières et permettre aux fidèles de reprendre petit à petit leurs activités au sein des mosquées », confie le président du Conseil français du culte musulman, Mohammed Moussaoui à franceinfo. Ainsi, il ne prévoit pas de rassemblement pour célébrer la fin du ramadan.