Cancer : comment le centre Jean-Perrin de Clermont-Ferrand mise sur la médecine nucléaire

Le centre Jean-Perrin de Clermont-Ferrand fête cette année ses 50 ans. Depuis quelques années, il peut compter sur la médecine nucléaire pour lutter contre le cancer. De nouvelles techniques de soins émergent grâce à la radioactivité et suscitent beaucoup d’espoirs. On vous explique comment cette innovation fonctionne.

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A 50 ans, le centre Jean-Perrin de Clermont-Ferrand, l'un des 18 Centres de Lutte Contre le Cancer, n’a jamais été aussi jeune. Toujours dans le coup, à la pointe, notamment grâce à un type de flacon. A l’intérieur, un médicament radioactif, efficace contre le cancer de la prostate. Ce matin-là, un patient du docteur Kelly attend justement d’être traité avec une injection de ce produit. Après l’avoir vaincu une première fois, cela fait 9 ans que cet homme voit son cancer de la prostate envahir à nouveau sa vie. La maladie rythme son quotidien à coup de douleurs, de troubles rénaux et de fatigue. Le patient raconte : « Je suis passé par un premier traitement au Casodex puis j’ai eu deux traitements d’hormonothérapie. Ensuite j’ai eu deux traitements de chimiothérapie. Là, comme le cancer descendait, s’arrêtait et repartait, j’étais demandeur pour avoir les nouveaux  traitements qui arrivent sur le marché ». Les autorités sanitaires autorisent ce traitement radioactif depuis le début de l’année. Dans quelques minutes, le patient sera perfusé sous Lutetium-177. Le docteur Antony Kelly, médecin nucléaire, responsable de l'unité de radiothérapie vectorisé,  explique : « Nous allons commander le produit. Notre collègue va monter avec le produit et on va administrer le traitement. Le traitement dure environ une heure. Il doit rester dans le service de médecine nucléaire pendant 6 heures pour des raisons de radioprotection. Après ces 6 heures, il pourra rentrer chez lui ». 
 

La contrainte du temps

Pour cette fois, le médicament a été livré par un industriel. Mais le centre Jean-Perrin a la capacité de fabriquer lui-même ses produits grâce à son unité de radiopharmacie. Dans d’étranges coffres-forts aux épaisses parois plombées, des robots peuvent synthétiser à la demande les molécules radioactives nécessaires. Ces équipements permettent de parer à d’éventuelles ruptures d’approvisionnement. Ils garantissent aussi l’efficacité des traitements. Alban Revy, radiopharmacien, souligne : « On a une contrainte qui est celle du temps : les médicaments radiopharmaceutiques ont un radioélement qui a parfois une durée de vie très courte, ce qui fait qu’on a très peu de temps entre la préparation du médicament et l’injection au patient. La plupart de nos préparations sont faites sur site pour que l’on puisse préparer, contrôler et ensuite dispenser pour qu’elles puissent être administrées le plus rapidement possible en médecine nucléaire ». 

"Ce traitement génère beaucoup d’espoirs"


Si le centre Jean-Perrin peut s’appuyer sur ses radiopharmaciens, c’est parce qu’ils maitrisent depuis longtemps ces manipulations. Ce sont les mêmes pour la recherche et pour certaines techniques d’imageries. Le traitement radioactif pour le cancer de la prostate fonctionne sur le même principe qu’un diagnostic réalisé par TEP Scan. La recherche a permis d’identifier une cible particulière à la surface des cellules cancéreuses. Une sorte de serrure vers laquelle les médecins vont envoyer une protéine : une clef vers la maladie. Le docteur Charles Merlin, médecin nucléaire, responsable du service médecine nucléaire, précise : « On va greffer sur la clef, dans le porte-clefs finalement, soit un atome radioactif qui va nous permettre de faire des images, soit un atome radioactif qui sera beaucoup plus intense et qui va permettre de traiter les cellules du cancer en entraînant des lésions des cellules de l’ADN du cancer. Ce traitement génère beaucoup d’espoirs parce que le concept est maintenant prouvé. On va chercher à l’utiliser pour d’autres cancers. Il y a des études pour le cancer du sein, pour des tumeurs cérébrales, pour des cancers du poumon. On espère qu’on va avoir la même efficacité que dans le cas du cancer de la prostate ». 

"J’ai moins d’effets secondaires sur l’organisme"

Pour notre patient du jour, l’heure de l’injection du médicament radioactif est arrivée. C’est sa deuxième. Au total, il en recevra six espacées chacune de six à huit semaines. Les phases entre les cures sont plus longues que lors de sa dernière chimiothérapie. Le septuagénaire se sent plus reposé. Il confie : « J’ai moins d’effets secondaires sur l’organisme avec ce type de traitement. Quand vous avez moins de douleurs, il est certain qu’au niveau psychologique cela aide aussi, c’est sûr. Même si on est face à une maladie qui est présente, qui est latente, qui progresse, il faut s’adapter ». Le développement des thérapies par médecine nucléaire pose un nouveau défi au centre Jean-Perrin. L’utilisation d’éléments radioactifs impose des règles de sûreté strictes, avec des espaces contrôlés, des équipements de surveillance des radiations et des protocoles sanitaires spécifiques. L’augmentation rapide du nombre de patients traités devra donc forcément s’accompagner d’une réorganisation.

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