Pendant Octobre rose, les tatoueuses de l'association Les Volcaniques d'Auvergne tatouent bénévolement des femmes atteintes d'un cancer du sein ayant subi une mastectomie. Un geste esthétique pour estomper traumatisme de la maladie et tourner la page.
Un tatouage pour se libérer de la maladie. Après une mastectomie et une reconstruction, Émilie a ressenti le besoin de cacher les stigmates de son cancer du sein. Cette cicatrice sur la poitrine lui rappelle l'épreuve qu'elle a traversée. "J'ai eu envie d'effacer les traits de tout ça, avec quelque chose de beau et d'artistique", raconte-t-elle, allongée sur le fauteuil de tatouage.
Des dessins symboliques
Ce jour-là, quatre autres femmes atteintes d'un cancer du sein vont repartir, comme elle, avec un dessin à l'encre sur le corps. Les tatoueuses de l'association Les Volcaniques d'Auvergne, basée à Clermont-Ferrand, offrent cette prestation à l'occasion du mois de mobilisation Octobre rose. "Ça ne fait pas trop mal, ça va", commente Émilie. Elle a choisi un ensemble de fleurs pour leur symbolique. "Au milieu, il y a un coquelicot qui marque le souvenir. J'aime bien l'idée d'avoir une fleur sauvage parce qu'elles poussent envers et contre tout. Autour, il y a des fleurs de cerisier qui sont prolifiques", décrit-elle.
Avant la mastectomie, je me suis endormie avec un sein qui était le mien. Je me suis réveillée avec un sein artificiel qu'il a fallu que je me réapproprie. Il restait marqué par la maladie.
Emilie
durée de la vidéo : 00h02mn14s
À l'occasion d'Octobre rose, les tatoueuses de l'association Les Volcaniques d'Auvergne tatouent gratuitement la poitrine de femmes atteintes d'un cancer du sein ayant subi une mastectomie. Un geste esthétique pour se libérer du traumatisme de la maladie et tourner la page. Intervenants : Emilie Marembert / Sophie de Moncuit, tatoueuse / Nigzouille, tatoueuse / Christine Bagard Gimbergues, sénologue et présidente des Volcaniques d'Auvergne.
•
©Valérie Mathieu / Laurent Pastural / Alice Papin
Une opération délicate
Tatouer sur une cicatrice est une opération délicate. Les tatoueuses de l'association Les Volcaniques d'Auvergne ont suivi une formation avec des dermatologues et un oncologue. "Il faut faire attention, car c'est une peau qui est un petit peu morte. Il faut y aller tout doucement, quitte à repasser en frôlant la peau ensuite. Il faut faire attention à ne pas abîmer une peau qui l'est déjà", explique la tatoueuse Sophie de Moncuit.
À partir du moment où l'on tatoue une mastectomie, on a l'impression d'être une thérapeute. Le rapport avec la cliente est exceptionnel, cela change de ce que l'on vit d'habitude. C'est encore un niveau au-dessus.
Sophie de MoncuitTatoueuse
Des tatouages financés toute l'année
L'association finance des tatouages pour les femmes atteintes de cancer du sein toute l'année, y compris en dehors d'Octobre Rose. Cette intervention artistique n'est pas prise en charge par la Sécurité sociale. Les médecins qui ont fondé l'association en mesurent pourtant l’effet thérapeutique.
"Ces tatouages changent la vie des femmes. Elles nous disent qu'elles ont raccroché des miroirs chez elles, qu'elles se sont senties belles, qu'elles ont eu envie de retourner à la piscine sans avoir de prothèses dans leur soutien-gorge ou de remettre des décolletés. Cela leur permet de tourner la page", se réjouit Christine Bagard Gimbergues, sénologue et présidente de l'association.
Après plusieurs heures de tatouage, les femmes découvrent le résultat avec beaucoup d'émotion. "J'avais ce truc-là, dégoûtant, et le tatouage redonne un peu de vie à ça. Je dis ça, je n'arrive pas encore à le qualifier autrement", confie une nouvelle tatouée, en se regardant dans un miroir tendu par sa tatoueuse. Quand vient le tour d'Émilie, cette dernière ne parvient pas à retenir ses larmes. "C'est magnifique. J'adore. Merci... C'est exactement ce que j'imaginais", souffle-t-elle.