TEMOIGNAGE. Après un cancer du sein, un tatouage vient sublimer la poitrine de Karine : "Une renaissance"

Grâce à une association de Clermont-Ferrand, Karine, qui a subi un cancer du sein en 2015, a pu faire tatouer sa poitrine endolorie par les traitements. Elle raconte son parcours face à la maladie, et sa « renaissance » grâce à son tatouage.

« Renaissance » : c’est immédiatement le mot qui vient en tête à Karine Romeu. Cette habitante de Clermont-Ferrand a 46 ans aujourd’hui. En 2022, elle a été tatouée sur la poitrine. Un tatouage qui intervient après un long combat contre le cancer du sein : « Ce tatouage a des vertus thérapeutiques. Il m’apporte plus de confiance en moi. Je me sens plus à l’aise avec mon corps. C’est le jour et la nuit. J’ose mettre des décolletés. Le regard qu’on pose après sur soi n’est plus le même. Cela n’efface pas les traces de la maladie. J’ai toujours mes cicatrices mais c’est sublimé par le tatouage ». 

Un combat contre la maladie

Karine, mère de deux enfants de 19 et 22 ans, travaille à EDF. Elle a traversé de nombreuses épreuves : « En 2015, j’ai passé un examen de contrôle parce que ma maman est décédée d’un cancer du sein qui s’est généralisé aux ovaires. J’ai un suivi particulier. Je passe une mammographie de contrôle, comme tous les ans. On détecte qu’il y a une masse. A l’époque, j’ai 39 ans. On me fait une biopsie, qui se révèle positive : j’ai un cancer du sein. Je suis opérée dans la foulée. J’ai une mastectomie, on me retire le sein complètement. Je ne fais pas de la chimio mais de la radiothérapie. Mais, comme ma maman a eu elle aussi un cancer du sein, on m’envoie au centre Jean Perrin pour faire une enquête génétique. Mon cancer est génétique. On m’enlève l’autre sein. Mais aussi les ovaires. On me reconstruit l’autre sein par prothèse. Quand on enlève le sein, on enlève aussi le mamelon pour essayer de réduire le risque de récidive ».

"J’ai vécu cette épreuve comme un tsunami"

Karine raconte son parcours du combattant et n’a rien oublié : « Je fais la mammo le 31 juillet. J’ai le résultat le 7 août. Je me fais opérer le 13 août. Je sors de l’hôpital le 15 août. Je termine tous mes traitements le 13 décembre, avec 25 séances de radiothérapie. Je me retrouve avec deux prothèses. Le sein qui n’a pas eu la radiothérapie présente un résultat plutôt sympa. Même si j’ai attendu plus d’un an avant la reconstruction, le second sein a une peau cartonnée et le résultat n’est pas chouette ». La mère de famille évoque comment elle a fait face à la maladie :« J’ai vécu cette épreuve comme un tsunami. Je savais que cela pouvait m’arriver, avec ma maman. Malgré tout, la première chose qui me vient à l’esprit est la façon dont je vais l’annoncer aux enfants. Ils avaient 11 et 14 ans. Quand on prononce le mot cancer, j’ai immédiatement demandé si j’allais mourir. La crainte est là. J’en parle avec un peu de recul mais ça a été une période très difficile, sur le plan émotionnel ». Karine poursuit : « Attendre les résultats est difficile. Mais les rendez-vous s’enchaînent. Le plus compliqué est le jour où tout s’arrête. C’est le 13 décembre que j’ai réalisé tout ce que j’avais traversé. On ne voit plus personne du jour au lendemain. Finalement l’issue est plutôt favorable mais ce n’est pas la chance de tout le monde. J’ai tenu pour mes enfants, mon mari, ma famille. J’étais incroyablement bien entourée. Mes amis, mes collègues passaient me voir. On a fait des projets, comme un voyage, pour essayer de penser à l’après ».

La désillusion de l'opération

Après la mastectomie, la combattante est dans le dur : « Après l’opération, personne ne m’avait fait regarder ma poitrine sans sein. Quand on a des seins, on ne s’en rend pas compte. Je vis quasiment deux ans avec un seul sein. J’attendais énormément de l’opération de reconstruction. Mais cela a été une désillusion. Ce n’est pas lié aux compétences de la chirurgienne. Le sein qui n’était pas malade est très chouette. Je ne pouvais pas me regarder dans le miroir. Je me suis demandée comment faire ». Karine se met en tête de se reconstruire : « J’ai trouvé une tatoueuse à Nice, assez réputée. Elle ne tatouait que des mamelons en 3D. Je me suis dit que c’était peut-être la solution. Je n’étais pas entièrement convaincue. Je suis suivie au centre République à Clermont-Ferrand. Une personne qui s’occupe de l’association Les Volcaniques d'Auvergne me demande si j’ai songé au tatouage artistique. Je ne savais même pas que cela existait. Je suis allée sur Instagram et j’ai réalisé que c’était la solution ».

Les Volcaniques d'Auvergne accompagnent régulièrement des femmes qui veulent être tatouées après un cancer du sein. Elles publient des photos sur les réseaux sociaux. Un exemple ci-dessous.

Maintenant, j’arrive à me regarder dans la glace. Je ne vois plus mes cicatrices mais le tatouage

Karine Romeu

Elle tient à saluer le travail de la tatoueuse : « J’ai été tatouée en 2022, sept ans après l’opération. Sophie de l’Encre bleue m’a tatouée. J’ai choisi la tatoueuse mais pas le tatouage. Je lui ai fait entièrement confiance. Je connaissais sont univers, très fin et très féminin. Je lui ai laissé carte blanche. Je ne voulais rien voir avant la fin. Ca a été horriblement douloureux. J’avais déjà des tatouages. Là c’est une grosse pièce, qui me couvre quasiment les deux seins, sur des zones ultra sensibles (les seins, les côtes). Cela a été très long et cela a pris quasiment la journée. Mais si c’était à refaire, je le refais évidemment, à 200% ».

Ne plus se cacher

Désormais c’est un tatouage floral magnifique qui orne sa poitrine : « En voyant le tatouage, j’ai pleuré. C’était lié à l’émotion et à la douleur. L’été qui a suivi, j’ai réussi à me mettre en maillot, sans appréhension. Avant j’étais toujours en train de me cacher. Là, je sais que le regard est attiré par le tatouage. Mon mari trouve ça magnifique mais il me dit qu’il m’a toujours trouvée belle. Il y a eu un accompagnement financier de la part des Volcaniques. On m’a permis de rencontrer une tatoueuse bienveillante, à l’écoute. Elle avait une formation spécifique vis-à-vis de ma maladie ». Désormais, Karine assume sa poitrine marquée par la maladie sans complexes, grâce au tatouage. Elle conclut : « Avec ce tatouage, il y a un avant et un après ». L’après ne fait que commencer.

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