Le samedi 4 mars aura lieu la 15e édition de la Nuit de la chouette, organisée par la Ligue de protection des oiseaux. L’occasion de découvrir un rapace nocturne méconnu, espèce protégée depuis plus de 50 ans.
C’est un oiseau nocturne, mystérieux et méconnu. Afin de mieux le connaître, la Ligue de protection des oiseaux (LPO) organise le samedi 4 mars la 15e édition de la Nuit de la chouette, le samedi 4 mars. « Le but de la Nuit de la chouette est de sensibiliser le public aux chouettes et aux hiboux. Ce sont des animaux nocturnes, que l’on ne fréquente pas au quotidien. Les rapaces nocturnes ont longtemps eu mauvaise réputation. Ils ont été l’objet de superstitions, suscitant à la fois l’intérêt et la crainte. Par exemple, l’effraie des clochers était autrefois présage de malheur et de mort. En revanche, dans d’autres cultures, comme chez les Grecs, la chouette chevêche était symbole de sagesse, représentant la déesse Athéna » raconte Magali Germain, chargée de communication à la LPO Auvergne.
Connaissez-vous la différence entre une chouette et un hibou ? Les hiboux ont sur le dessus de la tête des petites aigrettes. Ce ne sont pas des oreilles, cela ne leur sert pas du tout à entendre. Il s'agit de petites touffes de plumes. La France compte une grande diversité de rapaces nocturnes, bien représentés dans le centre de la France. Magali Germain explique : « En Auvergne, on trouve les 9 espèces présentes sur le territoire. Chez le hibou, il y a le grand-duc, le moyen-duc, le petit-duc, le hibou des marais. Chez nous, le hibou des marais est hivernant mais n’est pas nicheur. Pour les chouettes, on trouve ici la chouette hulotte, la chouette de Tengmalm, la chevêchette, la chouette chevêche et l’effraie des clochers ». Elle décrit le rôle de ces oiseaux dans l’écosystème : « Chouettes et hiboux vont consommer des insectes et des micromammifères. Ils ont un grand rôle en termes d’auxiliaire de culture. Ce sont des rapaces nocturnes ».
Une espèce menacée
La chargée de communication poursuit : « Les chouettes et les hiboux sont des rapaces qui sont menacés. Depuis 1972, ils sont intégralement protégés par la loi. Certains hiboux, comme le grand-duc, ont pu voir leurs effectifs se reconstituer un peu. Mais d’autres, comme l’effraie des clochers ou la chouette chevêche sont aujourd’hui très menacés ». Plusieurs menaces pèsent sur ces rapaces nocturnes : « Ces oiseaux sont menacés par la destruction et la fragmentation de leur milieu de vie. Par exemple, la chouette de Tengmalm aime bien loger dans les hêtres, dans les cavités des sapinières. L’abattage de ces arbres menace son milieu de vie. Il y a aussi la transformation des prairies en culture, la suppression des haies et des arbres isolés, l’assèchement des marais qui vont priver ces oiseaux de leurs ressources alimentaires et de leurs sites de nidification ». Magali Germain décrit d’autres dangers : « Il y a l’utilisation des produits phytosanitaires. En effet, les rapaces se nourrissent de micromammifères et d’insectes. Les produits phytosanitaires contaminent les proies des rapaces, qui, en les consommant, meurent d’empoisonnement. De plus, le trafic routier est responsable de la mort de rapaces nocturnes. Par exemple, la chouette chevêche et le moyen-duc ont pour habitude de chasser à proximité des routes et forcément ils se heurtent aux voitures ».
Une espèce en particulier a vu son habitat menacé : « La chouette effraie des clochers, comme son nom l’indique, aime bien nicher dans les clochers. Mais aujourd’hui, on colmate les entrées des bâtiments, on grillage les clochers. Les chouettes ne peuvent plus y entrer pour nicher ». Certains rapaces sont victimes d’électrocutions ou de collisions avec les lignes électriques. « Les poteaux creux ou les conduits de cheminée sont aussi des pièges : les oiseaux tombent, se coincent dedans et ne peuvent s’en échapper. Il y a aussi la pollution lumineuse qui pose problème. La lumière des villes la nuit est très perturbante pour les rapaces : elle éblouit, empêche des déplacements et impacte leurs proies » rappelle la chargée de communication.
Plusieurs conseils à suivre
Certains gestes permettent de protéger ces oiseaux : « Pour pallier le manque de sites de nidification, on peut installer des nichoirs ou laisser quelques ouvertures dans sa maison, son grenier, sa grange. On peut aussi restaurer ou planter des haies, des vergers traditionnels et préserver les vieux arbres creux. On conseille de planter des arbres ou des haies le long des routes pour obliger les rapaces à prendre de la hauteur. Il faut éviter l’utilisation des pesticides. On peut aussi rouler moins vite la nuit pour éviter les risques de collision. On peut installer des protections sur les poteaux creux ou les conduits de cheminée ». Il est recommandé de limiter la pollution lumineuse. Magali Germain rappelle : « Quand vous trouvez des oiseaux morts, il faut les signaler. Cela nous permet de voir où sont les points à problèmes, pour pouvoir intervenir et essayer de mettre en place des solutions avec les acteurs locaux ». Enfin, elle donne un ultime conseil : « La période de reproduction commence en février mars. Au printemps, les jeunes s’émancipent hors du nid, hormis pour la chouette effraie. Il n’est pas nécessaire de les emmener dans un centre de sauvegarde. Si une jeune chouette ou un jeune hibou est bien plumé, qu’il n’a pas l’air blessé, qu’il n’a pas de plaie ni de patte tordue, il n’est pas anormal de le trouver au sol. Souvent les parents sont là et continuent à nourrir l’oiseau. Dans le cas de la chouette effraie, si le nid est accessible, on peut replacer le petit dedans ou l’emmener en centre de sauvegarde ».
A l’occasion de la Nuit de la chouette, le samedi 4 mars, la LPO propose de nombreuses animations en Auvergne tout au long du mois de mars. Le programme détaillé est accessible ici.