Jeudi 14 mai, le collectif inter-hôpitaux a publié un communiqué dans lequel il réitère sa demande d’un plan massif pour l’hôpital. A Clermont-Ferrand, Etienne Merlin, pédiatre et membre du collectif, souligne que des médailles et des primes ne suffisent pas.
Jeudi 14 mai, le collectif inter-hôpitaux a rendu public un communiqué dans lequel il se montre très virulent à l’égard du gouvernement et du président de la République. Le communiqué indique : « Une prime ne constitue pas une revalorisation de carrière. Une médaille de l’engagement ne constitue pas un investissement massif pour l’hôpital ».
En effet, en pleine crise sanitaire du coronavirus COVID 19, le gouvernement avait dévoilé mi-avril les mesures de son « plan d’urgence ». Est acté pour l’hôpital le versement d’une prime de 500 ou 1 500 € aux personnels, 1 000 € pour d’autres corps de la fonction publique. Etienne Merlin, pédiatre au CHU Estaing de Clermont-Ferrand et membre du collectif inter-hôpitaux, explique : « C’est important d’avoir une reconnaissance, que les autorités disent tout fort ce que la population dit en applaudissant tous les soirs et que beaucoup de professions pas assez valorisées sentent qu’il se passe quelque chose. Mais des médailles, des distinctions, très sincèrement, c’est très ponctuel et cela ne changera pas la vie. Cela veut dire que l’on n’a pas compris le problème. C’est un pansement sur une jambe de bois ».? Communiqué du @CollectInterHop du 14 mai ⬇️ pic.twitter.com/xnwPNACxhj
— COLLECTIF INTER-HOPITAUX (@CollectInterHop) May 14, 2020
Des revendications qui n'ont pas changé
Le collectif réitère ses revendications : une augmentation du nombre de lits et de structures, un recrutement massif de personnel pour mettre autour de ces lits, une revalorisation de salaire de 300€ net pour rendre effectif ce recrutement. Il demande des actes concrets de la part du président de la République. Etienne Merlin indique : « Je ne sais pas ce qu’il a dans la tête mais je pense qu’il y a un problème de prise de conscience, de volonté de mettre des moyens. Augmenter les salaires c’est une hausse structurelle, dans le temps, et il est beaucoup plus facile de donner une prime une fois. Politiquement ça a un effet plus visible de dire que l’on va donner une prime de 1 000 euros plutôt que d’augmenter les salaires de 100 euros ».Pour le pédiatre, il faut des investissements massifs pour l’hôpital public. Il explique : « Cela montre l’absence de volonté de consolider structurellement le dispositif sanitaire public. L’analyse que l’on fait de la crise est qu’il y a un manque d’anticipation, un appauvrissement structurel depuis 15 ans. Il a été évident que l’on ne pouvait pas faire face à l’afflux de patients, avec très peu de réserves. On pourrait attendre qu’il faille se donner un peu de marges de manœuvre, pour absorber les à-coups. On a l’impression qu’il y a une volonté de poursuivre dans la droite lignée de ce qui a été fait, et réduire, comprimer la réserve ».Une volonté de poursuivre dans la droite lignée de ce qui a été fait
Tirer les leçons de la crise
Etienne Merlin rappelle que le personnel soignant a su faire face au défi de cette crise sanitaire mais qu’il faut savoir en tirer les leçons : « Quand il y a un gros à-coup, tout le monde se serre les coudes, et ça a plutôt bien fonctionné dans l’ensemble. C’est très remotivant de faire face à un challenge. Le problème est de transformer l’essai. On a espéré un rééquilibrage entre les gens du terrain et ceux qui prennent des décisions. Cela peut avoir un effet bénéfique sur certaines défections. Mais si c’est pour constater que dans 15 jours on revient à l’état antérieur, cela va être très décourageant. On a vu qu’un autre mode de gestion était efficace, on n’a pas envie de revenir comme c’était avant la crise ».Le pédiatre espère des changements structurels profonds. Il affirme : « Si on ne fait rien, le problème du manque d’attractivité de l’hôpital ne va pas changer. Or il est dû en partie aux salaires qui sont trop bas, et à la pression qui pèse sur tout le monde. C’est un cercle vicieux qui fait que des gens s’arrêtent, qu’il manque des lits et donc les patients vont ailleurs. Il y a eu un jeu bizarre entre le public et le privé. L’ARS et l’Etat ont laissé à la marge les établissements privés, comme si le secteur public était le seul qui pouvait faire face au challenge que représente cette épidémie ».Si on ne fait rien, le problème du manque d’attractivité de l’hôpital ne va pas changer