Clermont-Ferrand : Mélenchon, Martinez et Glucksmann aux côtés des salariés de Luxfer

A Gerzat, près de Clermont-Ferrand, ce jeudi 25 juin, une manifestation a été organisée par les anciens salariés de Luxfer. De nombreux représentants syndicaux et personnalités politiques ont répondu présents. Parmi eux, Jean-Luc Mélenchon, mais aussi Philippe Martinez ou Raphaël Glucksmann.

A Gerzat, près de Clermont-Ferrand les anciens salariés de Luxfer entendent bien faire de leur combat un symbole national de la lutte pour le maintien de l’emploi et pour une indépendance française de la production. Ce jeudi 25 juin, un grand rassemblement était organisé pour demander une reprise de l’activité. Environ 370 personnes étaient présentes selon la Préfecture du Puy-de-Dôme dès 11 heures, mais malgré la chaleur, la foule a continué à affluer devant le site de production de bouteilles d’oxygène médical jusqu’en début d’après-midi. Plusieurs personnalités politiques et militantes étaient présentes, avec parmi elles Jean-Luc Mélenchon, Philippe Martinez ou encore Raphaël Glucksmann.

Nationaliser ou réquisitionner, propose Jean-Luc Mélenchon

Pour Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France Insoumise, la solution est simple. Il faut nationaliser ou réquisitionner : « Pour le président, le capital doit être libre. La propriété d’un fond de pension est plus importante que le besoin que satisfait l’entreprise Luxfer. Ce qui fait mal au cœur aussi c’est qu’il n’arrête pas de faire des phrases sur l’indépendance, la souveraineté et parfois même l’innovation. Ici c’est fait. C’est les bouteilles les plus légères. Luxfer c’est le cas le plus simple de France. Ca demande un stylo et une signature, soit pour nationaliser, soit pour réquisitionner. Jamais une multinationale comme celle-là ne tiendra tête à la France. » Il était présent aux côtés de la candidate aux élections municipales de Clermont-Ferrand Marianne Maximi (LFI).

"Ce n’est pas à un dirigeant d’entreprise de décider de l’avenir d’un pays "

Parmi la foule, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez est lui aussi venu témoigner son soutien au combat des anciens salariés : « Luxfer est emblématique de ce qui ne devrait plus se passer en France. C’est une entreprise importante, avec une activité essentielle et des salariés compétents, qu’on laisse à l’abandon parce que le dirigeant d’une entreprise dit qu’il ne vendra pas le terrain ni les machines. Ce n’est pas à un dirigeant d’entreprise quel qu’il soit de décider de l’avenir d’un pays et de ses citoyens. Luxfer est emblématique du monde de demain qui ne peut pas être comme le monde d’avant. » Dans son discours, il a promis une « rentrée offensive » de la part de la CGT.

Les anciens salariés toujours déterminés 

Du côté des anciens salariés, après plus d’un an de lutte, la colère ne faiblit pas : « Nos patrons ont menacé de « péter » notre usine et c’est nous qui rentrons dedans monter des barricades pour la protéger, c’est quand même incroyable. Si ça ne mérite pas un minimum d’attention de l’Etat, des ouvriers qui se battent, qui construisent des projets pour sauver leur entreprise, c’est inadmissible. Il y a eu plusieurs propositions de reprise, le groupe TTH qui s’est positionné ouvertement et d’autres repreneurs qui n’ont pas donné leur nom », affirme Axel Peronczyk, ancien délégué syndical de Luxfer. « Il faut aussi savoir que quand on nous a annoncé la fermeture, on avait un carnet de commandes plein à ras-bord. Ca a été le coup de massue. Treize millions ont quand même été réinjectés dans cette usine fermée pour garder les brevets et ne pas vendre ! », ajoute un autre ex-salarié.

De nombreux soutiens de divers secteurs d'activité

Beaucoup d’autres secteurs et corps de métier sont venus manifester : parmi eux, des militants syndicaux de la CFDT métallurgie, la CGT Michelin, la CGT EDF, l’UTSM 63 métaux, CGT commerce, CGT Educ, Sud Rail, mais aussi des personnels soignants et quelques gilets jaunes. D’anciens salariés de GM&S, usine d’emboutissages pour voitures basée à La Souterraine et dont les salariés avaient lutté pendant plusieurs mois pour éviter la fermeture, sont également présents : « C’est un combat qu’ils mènent comme nous on a mené il y 3 ans. C’est normal qu’on leur donne un coup de main. Nous notre usine a survécu, mais eux, qui ont carrément fermé, ils ont du mérite de continuer à se battre », déclare un salarié. Le représentant de l'UD CGT 63 Ghislain Dughour a tenu un discours mettant en cause l'Etat et la délocalisation de la production dans la gestion de crise du coronavirus COVID 19.

Des ouvriers d'Aubert et Duval soutiennent Luxfer

Des représentants d’une autre usine en difficulté étaient également sur place : ceux d’Aubert et Duval, aux Ancizes (Puy-de-Dôme), dont l’avenir est incertain : « La direction a confirmé qu’elle étudiait toutes les possibilités. On est un peu inquiets, c’est aussi pour ça qu’on est venus aujourd’hui. En ce moment, on est en train de négocier un accord de performance collective, qui sera mis en signature lundi. On verra si on le signe ou pas mais normalement, ça devrait aller vers une non signature. On ne sait pas si on va être vendus, on est dans le doute », s’inquiète Manuel Puchol, délégué syndical d’Aubert et Duval.

Le député européen Raphaël Glucksmann présent

Au niveau européen, les productions européennes devraient être prioritaires sur les marchés publics, et Luxfer doit en devenir l’exemple, selon les paroles de Raphaël Glucksmann, leader de « Place Publique » et député européen, présent sur place : « Le message que l’on a envie de faire passer tous ensemble, c’est celui d’une prise de conscience, qu’on ne peut pas tout délocaliser. On ne peut pas abandonner des secteurs stratégiques entiers et dépendre pour la production, en l’occurrence de bouteilles d’oxygène, de la Turquie ou des Etats-Unis. Il faut qu’il y ait des lieux où l’on produit en Europe. L’Europe peut le faire. Il faut privilégier la production européenne sur les marchés publics. Il faut faire de Luxfer un exemple de la défense de notre production ».

La métropole prête à acheter le terrain

Plusieurs élus du département ont fait le déplacement, et parmi eux, Olivier Bianchi (PS), maire de Clermont-Ferrand et candidat à sa succession pour les éléctions municipales. Il a déclaré : « J’ai écrit 3 fois aux ministres et au gouvernement pour leur dire que nous étions prêts, dans le cas d’une reprise, à acheter le terrain. Ce que nous avons su faire pour les ACC nous pouvons le faire aujourd’hui pour Luxfer. »

Il était accompagné de la députée du Puy-de-Dôme Christine Pirés-Beaune. « La semaine prochaine, à l’Assemblée, on examinera le 3ème projet de loi de Finances rectificative, et dans ce cadre-là j’ai un amendement pour dire au ministre qui sera au banc que ce site-là, même s’il est petit en termes d’effectif, il est crucial pour la France », a promis la députée. Pour tous, un seul mot d’ordre : faire de Luxfer un exemple de relocalisation en France.

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