Les navettes sans conducteur, cela existe déjà, mais elles sont parfois lentes ou réduite à circuler sur une voie qui leur est réservée. A Aubière (63), sur le campus des Cézeaux, les chercheurs de l'Université Clermont Auvergne tentent de les rendre encore plus intelligentes.
Dans la navette Zasyten, pas de volant ni de conducteur ... Ici, sur la plate-forme Pavin du campus des Cézeaux, le pilote c'est un ordinateur, aidé deux caméras.
« Le véhicule utilise une méthode originale et simple de localisation, explique François Marmoiton, ingénieur de recherche CNRS / Université Clermont-Auvergne. On fait d’abord une reconnaissance préalable du terrain sur lequel le véhicule doit évoluer. On enregistre les films caméra avant et caméra arrière ce qui nous permet ensuite de reconstruire l’environnement qui est tout autour du véhicule ».
Cela fait 15 ans que ce projet avance.et les navettes ont déjà roulé dans l'espace public, comme en 2013 à l'hôpital d'Estaing. Mais ces dernières années, elles ont fait de gros progrès.
« A l'époque, à Estaing, on faisait un apprentissage une fois pour toute, poursuit l'ingénieur. Je conduisais le véhicule à la main pour lui apprendre son chemin. Mais s’il y avait de gros changements dans l’environnement, il n’était pas capable de s’adapter. Aujourd'hui on rend le système plus fiable en lui permettant de réapprendre son environnement tout en roulant ».
Apprendre le savoir-vivre humain
L'intelligence artificielle est aujourd'hui capable de reconnaître les différents usagers, que ce soit d’autres véhicules, des piétons ou des vélos, de respecter le code de la route et de gérer les situations complexes. Mais cela ne suffit pas. Il va maintenant falloir lui inculquer les règles de savoir-vivre des humains.« Par exemple, lorsque vous vous déplacez sur une route et que vous avez un camion garé, explique Thierry Chateau, professeur à l'Université Clermont-Auvergne et responsable "vision robotique" à l'institut Pascal, vous allez naturellement essayer de prendre un petit espace entre vous et le camion, même si ça passerait en restant totalement sur votre voix de circulation. Voilà le type de règles qu’on veut essayer d’apprendre à des machines pour qu’elles soient capables de faire la même chose et de garder ces environnements de sécurité tels que nous on les conçoit ».
Dans l'oeil des FabLabs
Pour l’instant, la navette reste dans des espaces connus, et en site propre. Mais ces expérimentations sont déjà passionnante pour tous les bidouilleurs du numérique. C’est pourquoi les représentants des FabLabs du monde entier, ces laboratoires de fabrication où toutes sortes d’outils sont à disposition, sont venus voir l'engin en action, lors d’un séminaire en Auvergne début juillet.« Pour ces projets, on est des centres de prototypage numériques ni plus ni moins, précise Nicolas Blanchard, responsable des plateaux techniques Sigma Clermont. Au sein des FabLabs, vont naître des projets qui finalement n’auraient pas pu naître autrement si les créateurs avaient été obligés d’acheter les machines pour fabriquer tout ça. C’est aussi une communauté qui va avoir capitalisé des savoirs et des compétences technologiques et qui va pouvoir alimenter ces projets. Ici en France, ces projets-là sont plutôt développés dans des laboratoires de recherche. Mais en Italie par exemple, on va trouver des projets identiques qui eux sont entièrement développés au sein de FabLabs ».
Pour l'instant, la navette auvergnate a besoin d'un espace dédié, car elle n'est pas encore mûre pour se faufiler dans la circulation. Mais ses concepteurs espèrent bien qu'elle le sera dans 5 ans.