Le CES de Las Vegas s’est terminé mi-janvier. Le plus grand salon mondial dédié aux nouvelles technologies était virtuel cette année, COVID oblige. Perfect Memory, une start-up de Chamalières, près de Clermont-Ferrand y était pour la 4e fois.
Le plus grand salon mondial dédié aux nouvelles technologies, le Consumer Electronic Show ou CES, qui fête cette année ses 54 ans, a été lui aussi chamboulé par la crise sanitaire liée au COVID 19. Il s’est déroulé uniquement en ligne du lundi 11 au jeudi 14 janvier. On y parlait TV, audio, informatique, petit et gros électroménager, santé connectée, voitures, drones, réalité virtuelle, innovations, 8K, écrans pliables, 5G. Et parmi les nombreux participants, une start-up de Chamalières était présente : Perfect memory. Steny Solitude, fondateur et CEO (c'est-à-dire PDG) de Perfect memory, explique : « Nous sommes un éditeur logiciel et l’on édite une plateforme qui permet de collecter, interpréter les données et les contenus que manipulent nos clients en des ressources qui sont exploitées pour améliorer leur efficacité opérationnelle. Cela permet aussi d’améliorer leur compréhension de leurs clients ».
Des clients prestigieux
Il précise : « Nos clients sont des acteurs des médias. Par exemple, RTL ou France Télévisions. Dans le sport, ça peut être des acteurs comme le PSG. En termes de gros opérateurs sur des événements mondiaux politiques, sportifs ou économiques, il y a le groupe Eurovision, pour lequel on réalise toute la plateforme data, sur des événements comme le Forum économique de Davos ».
Le DAM
Son cœur de métier est le DAM, le Digital asset management : il permet de rassembler, d’organiser et de diffuser des contenus multimédia d’une entreprise ou de toute autre structure. On peut parfois remplacer cet anglicisme par des termes comme vidéothèque ou media center. Steny Solitude indique : « Le sujet qu’on adresse, le digital asset management (DAM), la gestion des actifs numériques des entreprises, représente un énorme marché. Le DAM est comme la colonne de direction d’une voiture. On n’y pense pas souvent mais sans elle, vous tournez le volant mais la voiture continue à aller tout droit. C’est ce qui permet de piloter de manière très opérationnelle l’entreprise. Plus l’entreprise est grosse et plus cet outil est important. C’est un marché de 25 milliards d’euros en Europe chaque année. Il a une croissance à 2 chiffres. Ces 20 dernières années, l’économie a basculé sur les réseaux. Cela veut dire que les différents acteurs économiques sont entrés en contact avec leurs fournisseurs, leurs partenaires et leurs clients. Ils ont commencé à travailler et à gérer les traces que généraient ces connexions directes. Ca a provoqué la naissance d’une nouvelle manière de commercialiser ces offres et d’exposer ces catalogues ».
Une start-up née en 2008
L’entreprise chamaliéroise a été créée en 2008. « On a une trentaine de salariés et cela augmente très vite. On recherche des ingénieurs, pour le développement moteur, en back end, mais aussi pour le front end, on recherche des commerciaux, des personnes qui travaillent sur le marketing du produit » souligne le fondateur de l’entreprise. Il précise : « On a connu une première phase d’investissements très importants en Recherche et Développement. Ca nous a pris près de 10 ans. On a signé avec quelques acheteurs précoces un peu fous. Désormais on est en phase 2 et on s’est rapprochés du groupe Implid. Depuis, on participe à la transformation des règles du marché. On a plein de concurrents en DAM. Mais on a une approche radicalement différente : il s’agit de disruption. On vient changer les règles. L’enjeu est de rendre visible à nos prospects qu’on a une solution qui coche toutes les cases d’un système de gestion des données moderne ».
Un ancrage local
Le chef d’entreprise rappelle combien son ancrage en Auvergne est important, malgré les difficultés : « On est basé à Chamalières. Ce n’est pas toujours évident car dans les grandes villes on recrute trop souvent des mercenaires. Ce sont des personnes qui viennent et qui vont. Elles viennent dans des entreprises comme la nôtre, on investit très fortement dans nos ingénieurs et quand elles ont augmenté leur valeur sur le marché, elles vont se vendre au plus offrant. Mais on a un accès direct aux organes de décision et il y a un vrai dynamisme entre les entrepreneurs de la région. Du coup, notre ancrage local se justifie ».
Un CES particulier
Cette participation au CES est désormais un passage obligé pour la start-up. Steny Solitude indique : « L’histoire de Perfect Memory va se jouer à l’international. Une des cibles majeures est les Etats-Unis où la plateformisation des entreprises et des médias est en marche. Avec le CES, il y a un côté « Je vais aux USA pour me faire entendre en Europe », avec un enjeu de communication et de crédibilité. On teste aussi les différents partenaires qu’on a repérés et avec lesquels on vérifie si on est capable de travailler ensemble ». Il affirme : « Cette année c’était très spécial car c’était en ligne. On s’est concentrés sur la communication, le développement de notre visibilité. On a recruté un ancien banquier d’affaires international qui connaît très bien le monde anglo-saxon. On avait une sorte de stand virtuel. Chaque stand avait un chat où les visiteurs pouvaient prendre des contacts et échanger. Ca a été essentiellement des contacts techniques avec des partenaires qu’on est en train d’évaluer. C’était notre 4e participation au CES. Il s’agit d’un passage obligé. On a hâte que les choses reviennent à la normale car comme on veut s’attaquer au marché anglo-saxon et américain, il faut que l’on soit là-bas. C’est vraiment le point de rencontre de l’innovation »
Une entreprise tournée vers l'international
Le chiffre d’affaires reste confidentiel car c’est une information sensible pour les concurrents et les prédateurs éventuels. Il est en croissance régulière. La productivité des équipes a explosé pendant le confinement. « Cette crise a rendu nécessaire la plateformisation de l’activité de l’entreprise. Cela permet de mieux gérer la donnée, de mieux comprendre son environnement, d’être plus véloce et plus agile » confie le CEO. Désormais, l'entreprise regarde vers l'international, en espérant faire fructifier les contacts nées au CES de Las Vegas.