Des enseignants choqués
Parmi les personnes rassemblées place de Jaude, Sophie Brutus, professeur de lettres et histoire à Clermont-Ferrand, dans un lycée professionnel. Elle indique : « Là j’ai des frissons. Je suis choquée. On a du mal à parler car on ne sait pas tout ce qui s’est passé. En plus, on se dit que ça aurait pu être nous. Du coup, tout de suite, on est plutôt traumatisés, choqués et on se met à la place de l’école, du collège, des élèves, de la famille du collègue qui ont vécu ce drame atroce. On ne pensait pas que l’on allait en arriver là. On va devoir vivre avec cette situation-là voire cette peur pour certains. Je ne sais pas si certains vont pouvoir vivre avec ». Elle ajoute : « Je ne demande pas à mon ministre une nouvelle loi sur la laïcité ou sur le communautarisme pour obliger les enfants de 3 ans à aller à l’école mais je demande de nous donner des moyens pour enseigner. Des moyens pour exercer l’esprit critique de nos enfants, pour leur expliquer la caricature et pourquoi il faut défendre la liberté d’expression ».La peur de certains professeurs
Marc Bellaigue enseigne l’histoire-géographie dans un collège. Il affirme : « Forcément les profs d’histoire-géo on est vraiment touchés parce que c’est notre enseignement quotidien qui est touché. Notre collègue est mort parce qu’il faisait son travail. On se met à sa place et on imagine les difficultés pour lui, ses parents, ses proches, ses amis, ses élèves. Ca nous touche vraiment dans notre métier ». Il précise : « Heureusement que les vacances sont là. Ca va nous permettre de prendre du temps pour réfléchir à comment on va revenir dans nos classes, comment l’aborder. Là, à froid, je ne sais vraiment pas ce que je pourrai faire si j’avais des élèves lundi. Peut-être même que j’aurais peur ».Expliquer la laïcité
Mathieu Tobie était aussi parmi les personnes rassemblées place de Jaude. L’enseignant souligne : « L’enseignement du fait religieux peut parfois être compliqué. On peut devoir parfois prendre des gants pour ne pas heurter les enfants qui sont dans une situation de fragilité. C’est compliqué de faire vivre la laïcité partout et tout le temps. Parfois on peut s’autocensurer de peur des réactions de certains enfants ou de certains parents qui se sentent heurtés dans leur religion ». A Clermont-Ferrand, un nouveau rassemblement aura lieu dimanche 18 octobre à 15 heures place de Jaude.Au Puy-en-Velay, en Haute-Loire, des personnels de l’Education nationale et des élèves se sont aussi rassemblés place du Martouret ce samedi 17 octobre pour saluer la mémoire de l’enseignant assassiné.

"Je suis enseignant" : le slogan arboré ce samedi 17 octobre au Puy-en-Velay à la mémoire de Samuel Paty.
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© Elodie Brot-Monnier / FTV