C’est officiel depuis ce samedi 15 mai : le Clermont Foot évoluera en Ligue 1 l’année prochaine. Une montée historique qui donne quelques frissons à 3 anciens présidents du club de Clermont-Ferrand. Ils ont accepté de partager des souvenirs forts au sein du club.

Malgré une défaite 2 à 1 contre Caen, ce samedi 15 mai, le Clermont Foot est assuré de monter en Ligue 1 l’année prochaine. Un événement pour le club qui a fêté ses 30 ans en 2020. Trois anciens présidents du Clermont Foot reviennent sur cette saison exceptionnelle. Yves Quinty, président de 1990 à 1992, indique : « J’ai retrouvé mon allant de départ. Je me surprends à regarder tous les matchs du Clermont Foot à la télé. J’ai retrouvé une envie terrible. Je suis emballé. Le jeu qu’ils déploient est extraordinaire. Quand je vois le match contre Grenoble, les gestes techniques, la fluidité, ce jeu léché que Pascal Gastien a amené dans cette équipe, tout est extraordinaire. On sent qu’il y a un groupe très soudé. C’est formidable ».

Construire le Clermont Foot

Plus de 30 ans après la création du club, il est loin d’imaginer une telle réussite : « Quand j’ai créé le club en 1990 avec d’autres personnes, on était plus dans le fait de créer des conditions financières pour assurer un club de foot à Clermont-Ferrand. A cette époque, le club venait de subir quelques dépôts de bilan et il fallait surtout reprouver à tout le monde qu’on pouvait financièrement tenir. On était loin de la Ligue 1. J’espérais bien redémarrer en division 4, le niveau auquel était la réserve du club mais malheureusement le président de la Fédération française de football de l’époque n’a pas souhaité cela. Finalement on a pu redémarrer en division d’honneur. On était loin des rêves de Ligue 1. On était dans la reconstruction et dans les replatrâges ». Yves Quinty ajoute : « Cette montée en Ligue 1 est un vrai Graal. On court derrière depuis un moment. Clermont le mérite. Rendez-vous compte que le public clermontois va voir arriver le PSG, l’OM, Saint-Etienne, Lyon, Monaco, LiIle. Ca va être de la folie ».

Les étoiles sont enfin alignées

Le fondateur du club analyse les raisons du succès clermontois : « Chacun a accompli son devoir. Le président, avec son équipe, a tout : ils ont la passion, les moyens financiers a priori, la connaissance du football et les réseaux. Ils ont tout pour asseoir l’équipe en Ligue 1. Jamais le club n’a eu de tels moyens. Les étoiles sont enfin alignées ». Il ajoute : « La méthode Schaefer est excellente. Il a une équipe où chacun est à sa place. Il laisse faire Pascal Gastien dans la gestion de son équipe. C’est ce qu’a fait Claude Michy avant et qui pour moi est essentiel. Le président Schaefer a ses réseaux, il ne veut pas tout bousculer et il n’est pas pressé. Il a toutes les qualités requises pour amener cette équipe en Ligue 1 et la faire rester ».

La victoire contre le PSG en 1997 a été un déclic très important

Emu, Yves Quinty évoque quelques souvenirs : « La montée en Ligue 2 a été un temps fort. La création du club est à retenir. La victoire contre le PSG en 1997 a été un déclic très important. Ca a amené le monde économique et politique à avoir un regard différent sur nous. On a eu des moyens dont on ne disposait pas encore jusque-là. La venue de Corinne Diacre a aussi été importante, pour montrer qu’une femme était en capacité de gérer une équipe de foot ».
 

Ca ma réjouit que Clermont monte en Ligue 1

Autre président à évoquer le parcours remarquable du Clermont Foot, Alain Dalan, qui a dirigé le club de 1992 à 2005. Il souligne : « J’ai pris beaucoup de distance depuis 15 ans avec le football. Je suis de très loin ce qui était une passion. Je suis cette aventure de loin, par les journaux. Ca m'a réjoui que Clermont monte en Ligue 1. Du temps de ma présidence on a connu 4 accessions en une douzaine d’années. C’est vraiment quelque chose d’important sur une saison. C’est un travail de tous les jours. Je pense que depuis 2-3 ans, l’entraîneur a fait un excellent boulot. Il est un peu la force tranquille du club. Ce travail réalisé paie toujours et en particulier cette année. Bravo à lui et à l’équipe car je mesure la difficulté sur une saison et une trentaine de match. Etre au top tous les week-ends est compliqué ».

Le souvenir des montées

Il se souvient : « Toutes les montées sont les aboutissements d’une ambition d’une saison. Quand on est en Ligue 2, l’ambition est de monter en Ligue 1. Quand je suis devenu président, le football n’était considéré que comme la 3e force du sport auvergnat, loin derrière le rugby. En quelques années, le football est devenu une ambition locale et régionale, ce dont je me réjouis, même si la mondialisation du football m’a éloigné de ce sport ». Alain Dalan confie avoir toujours songé à la montée en élite : « Je pensais à la première division avant d’être président. Dans une interview accordée à la presse locale quand on était en championnat d’Auvergne, je disais que l’objectif annoncé était d’être dans les 30 meilleures équipes d’ici la fin du millénaire ! Y compris quand on était en Ligue 2, j’étais persuadé qu’une ville comme Clermont, malgré la présence importante du rugby, avait une place en Ligue 1 ».

Le pari du maintien

L’ancien président pense que le Clermont Foot a les clés pour se maintenir en Ligue 1 : « Je situe Clermont dans les équipes comme Metz, Reims, Dijon, Grenoble. Ca sera compliqué sur la durée, d’autant plus que Clermont sera novice en la matière. Mais ce n’est nullement impossible. Le stade en chantier constitue un handicap et ne va pas aider les choses. Malgré cela, il y a une possibilité. Le travail réalisé par l’entraîneur depuis quelques années me marque. Il paraît très important, avec un mélange de tranquillité, de sûreté, de sérénité, qui convient bien au club de Clermont ». Interrogé sur le rôle du président Schaefer, l’ancien président avoue : « Je ne porte pas de jugement mais quand je vois que le PSG est l’équipe du Qatar, Manchester celle des Emirats Arabes Unis, ce football ne m’intéresse pas beaucoup dans sa finalité. J’en reconnais l’existence, si on veut réussir au sein de ce monde mondialisé et financiarisé. Ce n’est pas ma tasse de thé mais je respecte ce qui a été fait dans le contexte actuel. Je ne vais pas reprocher quelque chose à quelqu’un qui a investi et qui a permis à Clermont d’accéder à la première ligue ».

L'émotion des matchs de coupe

Lui reviennent alors quelques souvenirs : « La coupe représente toujours des moments exceptionnels. On a éliminé le PSG en 1997. On a aussi éliminé Lyon en 2005, qui était imbattable à l’époque. Les plus grandes performances ont été les accessions, et notamment la montée en Ligue 2 ».
Dernier président à analyser le parcours du club : Claude Michy. Il a dirigé le Clermont Foot de 2005 à 2019. Selon lui, cette montée en Ligue 1 est le fruit d’un long travail : « Avant nous il y a eu d’autres dirigeants, avec les fondations, le rez-de-chaussée et le premier étage. Là, ils sont en train de mettre le toit et de fermer les fenêtres. Ca fait plusieurs années que le Clermont Foot est dans les 10 premiers clubs. C’est une évolution qui a été faite. Le président Schaefer avec Pascal Gastien et ses connaissances ont fait venir des joueurs. Ils ont travaillé en amont et au fur à mesure du temps, les choses ont porté leurs fruits ».

Le football est un sport aléatoire

Claude Michy indique : « Le sport c’est être le meilleur possible. Le football est un sport aléatoire avec tout un tas de choses qui rentrent en ligne de compte, dans les faits de jeu, dans les poteaux, dans tout ce qui peut être positif ou négatif. Il faut aussi un peu de chance. Quand Clermont a gagné à Paris, le buteur est légèrement hors-jeux. Contre Châteauroux, sur la fin du match, la balle est peut-être rentrée. Il faut avoir le facteur chance qui aide en plus du travail ». Il ne cache pas avoir toujours rêvé de monter en Ligue 1 : « Le rêve fait partie de la vie. Si vous ne rêvez pas, c’est une tristesse totale. Il y a eu des opportunités ».

Le passage de Corinne Diacre

L’ancien président se remémore alors quelques temps forts : « Quand on a racheté le club, il était en délicatesse sportive, il était en nationale. Il était aussi en délicatesse financière. Il n’y avait pas beaucoup de points positifs. Il fallait mettre le train sur les rails dans tous les domaines. Le club est reparti en Ligue 2. Ca fait partie de ces moments importants. On a fait tout un tas de choses plaisantes comme la venue de Corinne Diacre comme première femme entraînant un club pro ». Claude Michy sait qu’il sera difficile pour le Clermont Foot de se maintenir au plus haut niveau : « Il y a tout un tas d’exemples de clubs qui sont montés en Ligue 1 et qui y sont toujours. Une fois que vous êtes avec l’élite, le plus difficile est d’y rester. Se maintenir est délicat mais la ligne de flottaison est difficile, même pour des clubs bien structurés. Ca se joue à pas grand-chose ». Un pas grand-chose qui a permis ce soir au Clermont Foot d’accéder à la Ligue 1 pour la première fois de son histoire et de faire rêver de très nombreux supporters.

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