Mettre certains déchets plastiques dans votre compost maison, impossible ? Pas pour la société Carbios, basée près de Clermont-Ferrand. Elle vient d’obtenir la certification « Ok compost home », grâce à une enzyme qui rend le plastique d’origine végétale compostable.
Composter ses déchets organiques est devenu un réflexe pour certains, qui pourront bientôt aller encore plus loin en compostant certains déchets plastique. En effet, Carbiolice, filiale de la société Carbios basée près de Clermont-Ferrand, a développé un système d’enzymes qui vient d’obtenir la certification « Ok compost home » jeudi 2 septembre : « Evanesto est un additif qui contient une enzyme active qui va permettre d’accélérer la biodégradation d’un certain type de plastique pour le transformer en compost », explique Sophie Macédo, directrice Business et partenariat de Carbiolice.
Un plastique compostable chez soi
Evanesto peut être couplé avec un certain type de plastique, le PLA (acide polylactique) : « C’est un polymère issu de ressources renouvelables et qui est une alternative aux matériaux d’origine pétrosourcées comme le polystyrène. On a des emballages qui sont aujourd’hui fabriqués en PLA. C’est un matériau qui est de plus en plus utilisé sur le marché. Il est naturellement biodégradable mais uniquement dans des centres de compostage industriels », indique Sophie Macédo. Pour rendre ce compostage accessible au plus grand nombre, le PLA doit être couplé à l’additif de Carbiolice.
Jeter ses emballages dans son composteur
Pas de démarche particulière, les emballages contenant l’additif développé par la société pourront être traités comme des pelures de légumes : « En introduisant Evanesto directement dans le plastique lors de sa production, on le rend compostable en conditions domestiques. Le pot de yaourt contiendra Evanesto et pourra être jeté au même titre que les déchets organiques et alimentaires dans un composteur domestique », se félicite Sophie Macédo. Elle explique que les microorganismes du compost attaqueront l’emballage, activant l’additif qui accélère ainsi la dégradation de l’emballage. « Le pot de yaourt va disparaître en environ 200 jours et être transformé en compost. » La certification obtenue sera mentionnée sur les emballages contenant l’additif sous forme de pictogramme, permettant aux consommateurs de savoir si ces emballages sont compostables ou non. Le compost obtenu pourra être utilisé de la même manière qu’à l’accoutumée : « Le compost peut être utilisé comme un engrais pour fertiliser les jardins », rassure Sophie Macédo.
Donner une seconde vie à ce qui ne peut pas être recyclé
Cela permettra de donner une seconde vie aux produits qui ne peuvent pas encore être complètement recyclés : « Ca concerne l’ensemble des emballages qu’on n’est pas encore capables de recycler. Le pot de yaourt fait l’objet d’une extension des consignes de tri et on demande aux consommateurs de mettre les pots de yaourt dans la poubelle de tri, mais il n’est pas forcément recyclé dans les centres de tri car souillé par l’alimentation. Ce type d’emballage n’est pas toujours recyclé, comme les emballages trop fins », affirme Sophie Macédo.
Une mise sur le marché d'ici 12 mois ?
La société Carbios a déjà développé des technologies enzymatiques destinées aux textiles, ce sont maintenant les plastiques fins ou souillés qui sont dans le viseur. Pour composter ces déchets en plastique non-recyclables, il va falloir attendre : « On n’a pas encore de produits sur le marché, nous sommes en phase de test et de qualification chez les industriels. Ça se destine aux pots de yaourts, films souples, emballage de céréales, barquettes… » énumère Sophie Macédo. Carbiolice espère que les emballages contenant ces enzymes seront sur le marché dans les 12 prochains mois.