Coronavirus. "En Auvergne, si le confinement n'est pas respecté, ça peut repartir très vite", alerte un épidémiologiste

Depuis le début de l’épidémie de coronavirus COVID 19, l’Auvergne est relativement épargnée. En retard sur l’arrivée du virus, elle a pu bénéficier pleinement des mesures de confinement. Cependant, le professeur Lesens, infectiologue à Clermont-Ferrand, reste prudent.

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En Auvergne, l’épidémie de coronavirus COVID 19 ne sévit pas autant que dans d’autres régions de France, comme le Grand-Est ou l’Ile-de-France, qui payent un lourd tribut depuis plusieurs semaines. Selon Olivier Lesens, docteur en épidémiologie et infectiologue au CHU de Clermont-Ferrand, plusieurs facteurs expliquent ce décalage. Virulence de l’épidémie, confinement, tests sérologiques et sortie de crise, il nous livre son sentiment sur la situation en Auvergne.

Que pensez-vous de la crise du coronavirus en Auvergne par rapport aux autres régions ?

Olivier Lesens : « Si on regarde une carte de France de l’épidémie, avec le nombre de personnes hospitalisées et le nombre de morts, on s’aperçoit que le pays est comme coupé en deux par une ligne allant de l’Hérault à la Seine-Maritime. A l’est de cette ligne imaginaire, l’épidémie est très forte. L’ouest en revanche semble avoir bénéficié pleinement de « l’effet confinement ». C’est notre cas en Auvergne. Nous avons eu le temps de nous préparer. Nous avons reçu une première vague, qui s’est vite stoppée. Cela nous a permis de récupérer des patients d’autres régions et de soulager d’autres hôpitaux. Ici, les cas arrivent progressivement, nous ne sommes pas en situation de saturation du système de santé comme c’est le cas à Paris ou dans le Grand-Est. Nous ne sommes pas dépassés. »Selon vous, le confinement a été particulièrement efficace en Auvergne ?

Olivier Lesens : « Oui, mais il est encore beaucoup trop tôt pour un déconfinement, ou même simplement pour parler de déconfinement. Si le confinement n’est pas respecté, l’épidémie peut repartir très vite. En Auvergne, et en particulier dans le Puy-de-Dôme, le confinement a été une mesure très efficace qui a endigué presque immédiatement l’arrivée de patients. Depuis une dizaine de jours, on observe dans la région une stabilisation, avec un flux de patients arrivant à l’hôpital assez faible. C’est « l’après-confinement » qui va être difficile à gérer. »

Quelles sont les solutions envisagées pour cet « après-confinement » ?

Olivier Lesens : « Il y a plusieurs solutions : soit on poursuit le confinement jusqu’à ce que l’épidémie soit complétement stoppée, puis on pratique une politique de tests massifs sur les soignants et la population ; soit on organise une levée progressive du confinement, quitte à durcir à nouveau les mesures si l’épidémie reprend. Je pense que la France va privilégier la première solution, mais pour l’heure, personne n’est capable de dire quand ce déconfinement aura lieu. Il y a également la possibilité d’une différence entre les régions, mais je ne pense pas que ce soit faisable. Tous porter des masques pourrait également être une bonne chose si l’on en a les moyens. »Quelles sont les particularités de cette épidémie ?

Olivier Lesens : « C’est une épidémie à laquelle, en tant qu’infectiologue, on a l’impression d’avoir toujours été préparé. Il y a eu le VIH puis des alertes qui n’ont finalement pas débouché sur de grandes épidémies. On peut citer le SARS, le H1N1, le MersCov ou Ebola. Nous vivons actuellement une épidémie exceptionnelle car la capacité de transmission du COVID 19 est importante et favorisée par la mondialisation et les déplacements importants des personnes. S’ajoute bien sûr le fait qu’il s’agit d’un nouveau virus. La population n’est pas immunisée et faute  d’anticorps adaptés, le risque de développer des formes graves est démultiplié. »La situation d’enclavement de l’Auvergne a-t-elle eu un impact sur le faible développement de l’épidémie ?

Olivier Lesens : « Oui, c’est un phénomène que l’on observe souvent, avec l’épidémie de grippe par exemple. Chaque année, elle arrive d’abord à Lyon, puis à Saint-Etienne, et enfin en Auvergne avec un décalage d’une quinzaine de jours. Cette distance géographique provoque un petit retard, que l’on connait bien et qui a permis d’éviter une épidémie plus forte en Auvergne. En revanche, je souhaite insister sur le fait que si le confinement n’est pas respecté, ce retard ne voudra plus rien dire, l’épidémie deviendra plus forte. Cela dit, il est plus facile de se confiner et de faire respecter les distances de sécurité en Auvergne car la densité de population est moins importante. Moins on est nombreux, plus il est facile de se confiner. »

Quelle est votre opinion sur les tests sérologiques ?

Olivier Lesens : « Les tests sérologiques sont intéressants, déjà dans le diagnostic car les prélèvements PCR qui détectent le génome du virus, peuvent être pris en défaut dans les stades tardifs. Mais elle sera surtout intéressante pour savoir a posteriori si une personne a oui ou non fait la maladie et si elle a développé des anticorps qui lui permettraient d’être protégée de la maladie. Il faut malgré tout rester prudent, même si on suppose fortement que le fait d’avoir contracté le virus confère une immunité, nous n’en avons pas la certitude absolue. Cela présenterait un intérêt de faire massivement des tests sérologiques, surtout dans une stratégie de déconfinement. On dit que pour endiguer une épidémie, il faut qu’environ 60% de la population soit immunisée. »

Qu’en est-il du respect des mesures barrière en Auvergne ?

Olivier Lesens : « Je trouve que l’on sous-estime la distance de sécurité entre 2 individus. Lorsque l’on tousse ou éternue, les projections peuvent aller jusqu’à plusieurs mètres, c’est pour cela qu’il faut à tout prix que les Auvergnats évitent les regroupements. Globalement, sinon, j’ai l’impression que les mesures barrière sont bien respectées. J’insiste particulièrement sur le lavage des mains avec du savon ou une solution hydroalcoolique. C’est primordial. »  
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