Les grossistes en fruits et légumes de l'agglomération de Clermont-Ferrand continuent leur activité pendant le confinement lié au coronavirus COVID 19. Les clients et les produits sont moins nombreux, les prix augmentent. Certains s'inquiètent de l'évolution de la situation.
L'activité continue chez les grossistes en fruits et légumes de l'agglomération de Clermont-Ferrand malgré le confinement lié au coronavirus COVID 19. Comme dans le reste du pays, il a fallu s'adapter et se réorganiser.
Des mesures d'hygiène
Il y a d'abord les précautions d'usage : "On met des gants, et on fait attention qu'il n'y ait pas trop de monde en même temps", explique Didier Boisseret, grossiste dans la société du même nom. Mais cette situation l'inquiète. "Ce sont des risques énormes que l'on prend parce que l'on peut attraper le virus. Quand les produits arrivent de partout, on ne sait pas comment ils ont été touchés, qui les a touchés. On prend des risques, mais il faut qu'on soit présent".Chez son voisin, "La Niçoise", mêmes consignes : "Au niveau de l'entrepôt, tout le monde travaille avec des gants, avec un masque s'ils veulent. Dans les bureaux qui sont assez petits, il n'y a pas plus d'une personne. Heureusement, avec la taille du dépôt, on n'est pas les uns sur les autres. On a 30 employés et chacun a du gel et des gants", évoque Stéphane Ballestra, le gérant.
Des clients différents
Côté clients, il y a aussi du changement. "Nous n'avons plus les restaurants, les écoles, les collectivités. Du coup ça occasionne une baisse du chiffre d'affaires importante", continue Stéphane Ballestra.Le côté positif pour les deux enseignes de grossistes, c'est que de nouveaux clients sont arrivés "il y a les EHPAD, ceux qui font des livraisons à la place des marchés, des petits magasins dans les villages qui travaillent plus que les autres, ajoute Didier Boisseret. Ca représente quand même 30 à 40 % de clients en moins, mais on arrive à faire le même chiffre d'affaires".
Manque de main d'oeuvre chez les producteurs
Côté approvisionnement, le confinement complique les choses pour les grossistes. Les pommes de terre, les carottes et les pommes se vendent bien. "On a des stocks tampon et on a des fournisseurs réguliers, mais ils sont moins nombreux. Chez un de mes producteurs de pommes de terre, normalement ils sont 18 personnes pour ramasser, là ils ne sont plus que 7", évoque Didier Boisseret."Il y a clairement un manque de main d'œuvre, s'inquiète Stéphane Ballestra. Celui qui coupe les choux-fleurs, celui qui lave les carottes ou celui qui pilote la chaîne de refroidissement. Ca occasionne des retards. On perd en réactivité".
Coup de froid sur la production
Par manque de main d'œuvre pour les ramasser ou les transporter, beaucoup de produits se font rares. À cette situation, s'ajoute le coup de froid de ces derniers jours."Par exemple, pour les asperges. Le week-end du 21 mars, en Auvergne, ils étaient tous dans les champs à les ramasser. J'ai des producteurs qui m'ont appelé la semaine dernière pour me demander si je pouvais leur acheter des asperges. Cette semaine, les mêmes m'ont appelé pour que je leur en vende. Il y a eu le coup de froid et les asperges ne poussent plus. Donc, soit ils ne vendent pas ce qu'ils avaient promis, soit ils achètent dans les Landes ou en Belgique, soit je leur revend ce que j'ai acheté la semaine dernière", explique Stéphane Ballestra.
Augmentation des prix sur les produits
Et là, c'est l'effet boule de neige qui se met en place. Moins de main d'œuvre, moins de produits, la demande de produits français qui augmente. Conséquence : les prix augmentent. "Le gouvernement a incité les Français à soutenir la filière locale et les produits français. Même si c'est très bien, ça créée un déséquilibre entre la demande et la possibilité technique de ce qui est demandé", ajoute Stéphane Ballestra."Les produits qui viennent d'Espagne ont augmenté de 15 à 20 %. Le chou-fleur ça vaut 6,88 euros en temps normal pour 6 pièces, là, on est passés à 18 euros le colis de 6 pièces. Les tomates grappes françaises valaient 1,80-2 euros le kilo, aujourd'hui, c'est 2,80-3,75 euros", continue le grossiste. Seuls les concombres, les oranges et les clémentines n'ont pas augmenté selon lui.
Une situation qui risque de se tendre dans les semaines à venir pour les grossistes. "C'est une situation chaotique. Tout le monde augmente les prix. Chez les producteurs, tout est en petite quantité. C'est du jamais-vu cette situation".
Lueur d'espoir pour les producteurs : la météo devrait être plus clémente dès le début du mois d'avril avec des températures qui pourront atteindre les 20 degrés.