Coronavirus COVID 19 : au CHU de Clermont-Ferrand, la lourde tâche du service de rééducation post-réanimation

Au CHU de Clermont-Ferrand, le parcours des patients atteints du coronavirus COVID 19 ne s’arrête pas à la sortie de la réanimation. Alités pendant des jours, certains sortent épuisés par la maladie et doivent retrouver leurs capacités physiques. C’est le rôle du service de rééducation.

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Au CHU de Clermont-Ferrand, les patients atteints du coronavirus COVID 19 en réanimation restent, pour la plupart, alités pendant 2 à 3 semaines, voire davantage. Si la médecine n’a, pour l’heure, que peu de recul sur cette nouvelle maladie, les médecins ont néanmoins une certitude : pour ces patients, une longue rééducation sera nécessaire pour retrouver leur autonomie: « Nos pratiques de rééducation sont peut-être amenées à évoluer. Pour l’instant, nous nous basons sur les études de nos confrères chinois et italiens, mais nous devrions disposer de recommandations françaises plus détaillées dans les prochains jours », affirme le Professeur Emmanuel Coudeyre, responsable du service de médecine physique et de réadaptation du CHU de Clermont-Ferrand.

Une longue récupération musculaire

Selon lui, le temps passé en réanimation a une influence sur l’évolution fonctionnelle: « On peut se retrouver avec des gens quasiment paralysés. Les patients qui restent longtemps en réanimation puis en soins intensifs peuvent  développer des atteintes neurologiques qui entrainent une faiblesse musculaire des membres supérieurs et inférieurs. Au-delà de 10 à 15 jours d’alitement, la récupération de la force musculaire est assez longue. »

Pas de rééducation respiratoire

Selon les premiers éléments dont dispose le professeur Coudeyre, la récupération pour ces patients « longue durée » prend entre 1 et 3 mois environ : « Cela ne concerne qu’un faible contingent de patients. Ils auront besoin d’une rééducation motrice, mais pas forcément d’une rééducation respiratoire. Les données chinoises et italiennes montrent que la pneumonie provoquée par le COVID 19 ne laisse, le plus souvent, pas trop de séquelles, si le patient ne présente pas de complications. En revanche, on observe une grande fatigue et un déconditionnent à l’effort. »

Une faiblesse musculaire

Pour pallier cette faiblesse musculaire, les équipes du professeur Coudeyre pratiquent sur les patients une ré-autonomisation à la marche, parfois à l’aide d’un vélo si les patients sont trop faibles pour se tenir debout. Plus largement, une rééducation de l’ensemble du corps est pratiquée. « Pour l’instant, les patients clermontois les plus critiques ne sont pas encore sortis de réanimation, ou sont en soins continus. C’est dans ce service que nous intervenons en priorité », explique Emmanuel Coudeyre.

Rééducation analytique et fonctionnelle

Kinésithérapeutes et ergothérapeutes sont donc mobilisés au chevet des patients en réanimation et soins continus. «  Les kinésithérapeutes pratiquent sur les patients une rééducation analytique, c’est-à-dire qu’ils font travailler les muscles de manière ciblée. Les ergothérapeutes s’axent davantage sur une récupération fonctionnelle, c’est-à-dire qu’ils dirigent la rééducation vers un acte de la vie quotidienne. Par exemple, le kinésithérapeute fait travailler la flexion du bras et l’ergothérapeute va s’intéresser à l’alimentation », détaille le professeur Coudeyre.

"Nous nous adaptons aux capacités des patients"

Dans chaque réanimation 2 à 3 kinésithérapeutes et un ergothérapeute sont mobilisés au chevet des patients. « Le nombre de personnel est adaptable en fonction des besoins des patients. Normalement, nous faisons des séances quotidiennes ou biquotidiennes, mais avec cette maladie, nous nous adaptons aux capacités des patients, qui sont parfois très limitées, et nous modifions notre manière de travailler en continu. »

"Une grande fatigue, une sensation d’épuisement"

En effet, les équipes de médecine physique et réadaptation ont dû s’adapter face à une pathologie qui épuise profondément les patients : « C’est différent de ce dont on a l’habitude. Avec une grippe classique, les gens reprennent leurs activités quotidiennes normalement au bout de quelques jours. Avec le COVID 19, ce qui ressort, c’est une grande fatigue, une sensation d’épuisement qui nous pousse à être plus prudents », signale le professeur Coudeyre.

Rééducation en téléconsultation

Il s’inquiète également des patients dont l’état était moins grave, qui ont pu ou pourront rapidement rentrer chez eux : « Pour l’instant, on ne peut pas vraiment leur donner de rendez-vous en raison du confinement, alors nous faisons de la télémédecine. Nous donnons aux patients des conseils de reprise d’activité progressive et restons à leur disposition si nécessaire. »

"On s'attend à un décalage de la charge"

« Il est important de rester optimiste sur la récupération des patients, même si l’on ne connait pas pour l’instant les conséquences à moyen et long terme, en particulier pour les patients les plus critiques. En tout cas, j’insiste vraiment sur le fait que tous les moyens sont mis en œuvre pour limiter au maximum ces conséquences », affirme Emmanuel Coudeyre. Selon lui, l’incertitude plane aussi pour les personnes ayant développé des formes moins sévères de la maladie. « On ne sait pas s’ils auront besoin de nous, et si c’est le cas, d’autres problématiques vont apparaître après la crise. On s’attend à un décalage de la charge : aujourd’hui, elle est en réanimation, demain, elle sera en rééducation. »
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