L’épidémie de grippe frappe toujours plus fort et les malades arrivent en nombre aux urgences des hôpitaux d’Occitanie, qui font aussi face à de nombreux cas de bronchiolite et de Covid. Le CHU de Nîmes a déclenché le plus haut niveau de son plan "hôpital en tension" et, à Montpellier, la CGT a fait un "signalement de danger grave et imminent" pour obtenir des moyens.
Des patients de 50 à 70 ans atteints de grippe sévère, des enfants touchés par la bronchiolite, et des cas de Covid : face à l'afflux de malades, les hôpitaux du Gard sont en alerte. A Nîmes, le CHU Carémeau a déclenché hier soir le niveau 3 de son plan "hôpital en tension", le plus élevé de ce dispositif.
Il implique la déprogrammation de toutes les chirurgies non indispensables le jour même et de certaines hospitalisations, pour permettre de "vider" les lits des urgences. Si la crise devait s'aggraver, le plan blanc serait déclenché, "mais nous n'en sommes pas là", précise Magali Gehin, membre du bureau de la CGT et représentante du personnel.
L’épidémie frappe patients et soignants
Mercredi soir, l'hôpital nîmois a comptabilisé un pic de 268 passages aux urgences, confirmant une tendance haute depuis le début de la nouvelle année. En temps normal, la moyenne est de 170 à 200 patients accueillis. Et il ne s'agit pas de pathologies légères : aujourd'hui, ceux qui arrivent ont besoin d'être hospitalisés pour une durée de quatre à six jours et, souvent, placés sous oxygène et sous surveillance pour éviter que leur état ne s'aggrave.
Une situation d'autant plus compliquée que les soignants commencent eux aussi à tomber malades. "Avant-hier, on avait un frémissement des arrêts maladie. Heureusement, ça s'est stabilisé", selon Magali Gehin.
On met des brancards dans les couloirs, c'est stressant pour tout le monde, y compris pour les soignants. Il faut féliciter les personnels qui sont revenus travailler ce weekend, tout le monde s'est adapté.
Magali Gehin, membre du bureau de la CGT et représentante du personnel du CHU Carémeau de Nîmes
Ouverture de lits supplémentaires à Nîmes
"Le privé ne joue pas le jeu, on l'a vu ce week-end : ils nous ont dit qu'ils ne pouvaient pas prendre nos patients", déplore l’élue syndicale. Alors au CHU de Nîmes, on pousse les murs : un second lit a été ajouté dans les chambres individuelles les plus grandes dans tous les services où c’était possible. Soit, au total, 19 lits supplémentaires.
Une mesure destinée à pallier les fermetures de lits d’aval ces dernières années au profit de l’ambulatoire. En amont aux urgences, c’est le manque de personnel qui fait parfois défaut. Si Nîmes ne manque pas de médecins urgentistes, il n’en va pas de même à Alès et Bagnols-sur-Cèze. Ce qui a conduit à "des échanges réguliers avec les équipes des hôpitaux publics du groupement hospitalier de territoire Gard Cévennes Camargue (Alès, Bagnols-sur-Cèze, Uzès, Pont-Saint-Esprit)", précise le CHU Carémeau.
Une cellule de coordination territoriale réunit l’ensemble des établissements concernés sur le territoire, sous l’égide de l’ARS Occitanie, afin de suivre en temps réel l’évolution de la situation et d’adapter les mesures prises pour assurer la bonne orientation des patients justifiant d’une hospitalisation.
Communiqué du CHU Carémeau de Nîmes
Régulation de l’accueil aux urgences d’Alès
Néanmoins, appeler le 15 avant de se rendre aux urgences est fortement recommandé. Cette semaine, l’accueil à l’hôpital d’Alès est à nouveau régulé. Les admissions sont limitées à certaines heures : de 17 heures 30 à 6 heures ce jeudi et ce vendredi, de 22 heures demain soir à samedi 8 heures 30 et de 17 heures 30 à 5 heures 30 tout le week-end à venir. Seule la prise en charge des femmes enceintes et des urgences gynécologiques est maintenue 24 heures sur 24.
Alerte syndicale au CHU de Montpellier
Dans l’Hérault, le tableau clinique est aussi sombre. Selon Pierre Renard, délégué syndical CGT du CHU de Montpellier. Dans cet établissement public, il affirme que les délais d’attente en ce moment aux urgences peuvent atteindre jusqu’à 12 à 16 heures, alors que le pic de l’épidémie de grippe n’est pas encore atteint. Lui aussi dénonce le manque de coopération des cliniques privées et en appelle à l’Agence Régionale de Santé (ARS).
Actuellement, les urgences comptabiliseraient 180 passages par jour, dont plus de 30 pour des patients âgés de 75 à 90 ans. Le syndicaliste pointe un risque d’épuisement des personnels. La CGT du CHU de Montpellier a déposé un signalement de "danger grave et imminent", afin d’alerter sur la situation et d’ouvrir le dialogue avec la direction. Une déclaration cosignée de manière inédite par une dizaine de médecins.
Ce qui manque, aux urgences, c’est du personnel, des boxes et surtout des lits d’aval. Force est de constater qu’on a supprimé plus de 60 000 lits sur le territoire en l’espace de quelques années. Aujourd’hui, ils manquent. On demande une réflexion sur leur réouverture là où il y a des besoins. Et on veut aussi des recrutements de personnels pour que les soignants ne se retrouvent pas avec une surcharge de patients à traiter.
Pierre Renard, infirmier et délégué du personnel CGT du CHU de Montpellier
Les urgences rénovées en 2028
La rénovation du service des urgences du CHU de Montpellier est programmée pour 2028. Mais quels moyens l'Agence régionale de santé (ARS) mettra-t-elle pour permettre aux personnels de "tenir" jusque-là ? C'est la question que pose le secrétaire adjoint de la CGT Philippe Peretti. Le syndicat espère que son signalement "fera prendre conscience aux décideurs que la situation est critique".