Au CHU de Clermont-Ferrand, l’imagerie médicale a repensé tout son fonctionnement afin d’accueillir au mieux les patients atteints de coronavirus COVID 19, tout en maintenant les consultations urgentes.
Au CHU de Clermont-Ferrand, l’imagerie médicale est sur le pied de guerre dans la lutte contre le coronavirus COVID 19. Le pôle de radiologie, divisé en 4 services hospitaliers, accueille, en temps normal, environ 650 patients chaque jour, pris en charge par une cinquantaine de médecins. Avec la crise sanitaire, l’activité du pôle s’est considérablement modifiée modifiée : réduction du volume d’activité de 50 % environ, avec une reconfiguration pour s’adapter au COVID, en coordination avec les réorganisations imposées par l’épidemie dans l’ensemble de l’hôpital : « Nous avons dû reporter un certain nombre d’examens pour accueillir les patients COVID 19. Nous avons conservé uniquement les examens urgents, et ceux pour lesquels nous considérions que le report constituait un préjudice important, par exemple, les examens de détection de tumeurs », explique Louis Boyer, chef du pôle de radiologie et imagerie médicale au CHU de Clermont-Ferrand.
Détection du virus à un stade avancé
Si l’imagerie médicale du CHU a dû libérer le plus de place possible, c’est que ses 4 services jouent un rôle crucial dans l'évaluation des conséquences pulmonaires de l'infection du coronavirus : « Le scanner permet de détecter les lésions pulmonaires, qui apparaissent après les premiers jours de la maladie. On n'explore pas tous les cas possibles à l'aide d'un scanner thoracique, alors les patients sont triés au niveau des urgences. Si le patient ne présente pas de comorbidités, si son état ne présente pas de gravité particulière ou si le patient n’a pas besoin d’être placé sous oxygène, il n’est pas scanné », affirme Lucie Cassagnes, responsable de l’ Unité Fonctionnelle d’imagerie cardiaque et thoracique.Selon elle, le scanner peut permettre aussi de connaître avec précision la gravité de la maladie : « Le coronavirus cause des lésions très caractéristiques au scanner, qui peuvent être plus ou moins étendues. Plus elle sont étendues, plus l’état du patient est grave. L’avantage du scanner, c’est qu’on peut confirmer immédiatement si le patient est atteint, si son état est préoccupant et si il doit ou non être envoyé en réanimation. Les critères du scanner sont très importants dans la prise de décision. »" Les critères du scanner sont très importants dans la prise de décision "
Une organisation spécifique
Les 4 services ont également dû réorganiser leur activité : « Nous disposons de 7 scanners au total, 4 sur le site de Gabriel-Montpied, 1 sur le site d’Estaing, 1 à Riom et 1 à Issoire. Il faut faire en sorte que les patients COVID 19 ne croisent pas les autres patients. A Gabriel-Montpied, 2 scanners sont exclusivement consacrés au coronavirus. Sur les autres sites, des horaires et des parcours spécifiques ont été mis en place pour éviter que les différents patients ne se rencontrent. Nous testons également tous les patients avant une opération pour vérifier s’ils ne sont pas atteints d’un COVID silencieux, qui pourrait s’aggraver la semaine suivante et compromettre la bonne tenue de l’opération », raconte le professeur Boyer. Il nuance malgré tout : « Dans les 3 premiers jours suivant l’infection, le scanner est normal. C’est pour cela que le test PCR* est nécessaire. »Au contact direct des malades
Lucie Cassagnes et Louis Boyer s’accordent à saluer le travail de tous les collaborateurs des services de radiologie : « Les manipulateurs radio de nos services s’occupent des patients chaque jour, ils sont au contact direct des malades, tout comme les internes et les assistants. Ils sont motivés, courageux, et leur travail est remarquable. Malgré les conflits sociaux présents avant la crise sanitaire et les grèves dans nos services, dès l’apparition du COVID 19, tout le monde s’est remis au travail sans rechigner. » De plus, l’arrivée de l’épidémie contraint les équipes à s’impliquer dans le bio-nettoyage des appareils. Manipulateurs radio, aides-soignants et agents de service hospitalier participent à la bonne désinfection des appareils, mais le risque reste important dans ce service en première ligne.* La PCR ou Polymerase Chain Reaction est une méthode de détection directe du génome des agents infectieux ou parasitaires par amplification enzymatique d’une partie de celui-ci. L'amplification des acides nucléiques (PCR) permet le diagnostic rapide des infections causées par des micro-organismes pour lesquels la culture est difficile, voire impossible. (Source : Revue Médicale Suisse)