Depuis fin mars, les habitants de l’EHPAD Mon repos à Lezoux dans le Puy-de-Dôme sont confinés dans leur chambre en raison du coronavirus COVID 19. Malgré des mesures strictes, l’équipe d’animatrices n’est pas à court d’idées pour divertir les résidents.
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Quelques jours avant l'assouplissement des mesures appliquées aux EHPAD annoncé le 19 avril par Edouard Philippe, Corinne Choné, animatrice à l’EHPAD Mon repos à Lezoux dans le Puy-de-Dôme, témoigne : « Un mois ça commence à être très long psychologiquement pour nos résidents. Alors nous devons les accompagner du mieux qu’on peut.» Pour elle, la période de confinement en raison du COVID 19 est plus que jamais le moment de divertir les résidents. L’établissement Mon repos, qui n’a encore fait état d’aucun malade du COVID 19 à ce jour, a fermé ses portes aux visiteurs « dès le début du mois de mars ». Avant d’instaurer fin mars, le « confinement total de ses résidents », suite au durcissement des mesures gouvernementales. « Avant, nous avions l’habitude de faire des activités avec les résidents en groupe et tout d’un coup ils ont été isolés dans leur chambre » explique Corinne qui a vu son organisation complètement chamboulée par la crise sanitaire. Mais pour les trois animatrices de la structure, hors de question de baisser les bras, « Il faut seulement s’adapter ». Corinne qui pratique habituellement la médiation animale accompagnée de sa chienne Véga, divise désormais son temps entre le service des repas qu’elle assure pour soulager les aides-soignants de l’EHPAD et l’animation qu’elle diversifie. « Que ça soit de la part de l’équipe d’animation, des kinésithérapeutes ou des psychologues, il était évident pour nous d’augmenter notre temps de travail pendant cette crise. »
Animer à l’heure du confinement total
Alors lorsqu’elle ne sert pas les repas dans les chambres des résidents et ne donne pas à manger aux plus dépendants, Corinne a «
quartier libre » pour mettre en place ses activités. «
Au début du confinement nous réalisions des jeux collectifs en respectant les mesures barrières, comme des jeux de mémoire par exemple ou des chants. Mais depuis le durcissement du confinement il a fallu réfléchir pour continuer d’animer individuellement… dans les chambres. » Equipée de sa nouvelle tenue de protection, Corinne se met alors à la pâtisserie qu’elle distribue aux résidents. «
Crêpes, Donuts, beignets… Tout ce qui est bon pour le moral ! » S’amuse l’animatrice. En plus du lien essentiel qu’elle cultive chaque jour avec les résidents, elle peut compter sur les invendus de commerçants qui arrivent à l’EHPAD pour adoucir la solitude des pensionnaires et diversifier les activités. «
C’est incroyable la solidarité dont nous bénéficions depuis le début de l’épidémie. Nous recevons quotidiennement les invendus des librairies et de la presse régionale. La dernière fois nous avons même reçu des plantes que nous avons apportées à chaque résident après les avoir rafraîchis ». L’animatrice souhaite également dans les prochains jours faire marcher les résidents qui ont besoin de faire de l’exercice : «
On ne sortirait pas de l’EHPAD bien sûr, je les emmènerai juste sur le balcon le plus proche de leurs chambres. A tour de rôle pour qu’aucun résident ne puisse se croiser et s’exposer à d’éventuels risques. » précise l’animatrice.
Une période difficile
Corinne sait à quel point ces activités sont particulièrement importantes pour certains résidents qui vivent l’isolement comme une «
pathologie » : «
Ils avaient l’habitude d’avoir une vie très sociale avant le confinement et adoraient participer aux activités de groupe. C’est dur de rester seul dans une chambre lorsqu’on vit dans une immense maison pleine de vie » explique l’animatrice. Pour manifester leur «
perte d’envie », certains refusent de réaliser des activités qu’ils avaient l’habitude de faire en groupe « comme dessiner un Mandana par exemple ». Mais selon l’animatrice, si l’isolement joue sur leur moral, le plus dur pour eux est de ne plus pouvoir recevoir de visites de leurs proches depuis plus d’un mois maintenant. «
Même s’ils préfèrent les savoir en sécurité chez eux, le manque commence à vraiment se faire ressentir. Ils ont besoin d’avoir régulièrement des nouvelles et de savoir que tout va bien.»
Des tablettes numériques pour garder le lien
Alors pour y remédier, l’équipe d’animatrices «
s’est mise à la technologie » pour pouvoir connecter les résidents à leurs familles. Notamment grâce aux dons de tablettes numériques offertes par la Fondation Boulanger. «
Nous avons reçu des tablettes numériques et avons pu en connecter une à Internet pour pouvoir installer Whatsapp et Messenger.» explique Corinne. Avant d’organiser des visioconférences, Corinne doit s’assurer que la famille du résident est aussi équipée : «
Les enfants de nos résidents ont en moyenne entre 60 et 70 ans. Pour eux aussi ce n’est pas toujours évident. » Puis, elle fixe un rendez-vous de manière à ce que «
chaque résident puisse appeler ses proches une fois par semaine ». Corinne se réjouit de la rapidité à laquelle les résidents se sont adaptés à la tablette numérique car elle sait combien ces liens sont essentiels pendant cette période difficile : «
Pouvoir voir leur famille leur réchauffe le cœur, même 20 mn par jour suffisent à rétablir un lien essentiel. » explique l’animatrice dévouée. Pour elle ce mode de communication est apprécié par les résidents grâce à la puissance du son et à la présence de l’image. «
La dernière fois une des résidentes touchait l’écran comme pour toucher sa fille en vrai » se souvient l’animatrice en souriant. Maintenant qu’une seconde tablette est connectée à Internet et «
équipée », l’animatrice espère augmenter les rendez-vous numériques et diversifier les visioconférences. En renforcement également un lien intergénérationnel : «
Avant le confinement, les jeunes de l’association Sylver Geek venaient régulièrement à l’EHPAD initier les résidents au numérique. Ils ont créé un vrai lien et ça serait formidable de recommencer à distance. »
Des mesures sanitaires strictes
Si l’EHPAD n’a fait état d’aucun cas de COVID 19 à ce jour, Corinne vit dans la peur constante de transmettre le virus aux résidents : «
Nous sommes constamment sur le qui-vive comme nous venons de l’extérieur ». Alors pour limiter les risques, les salariés de l’EHPAD ont reçu il y a quelque semaines des «
blouses et pantalons de protection », et appliquent scrupuleusement les gestes barrière. «
Je me lave les mains plus que de raison, et me tiens à distance autant que je peux des résidents. » Pour l’animatrice qui a l’habitude «
d’avoir une grande proximité » avec les résidents, ce quotidien peut parfois être «
dur psychologiquement et pesant ». Mais lorsqu’elle pense au nombre de cas contaminés dans les autres EHPAD, elle sait à quel point le respect du confinement est crucial. Alors en attendant le jour où elle pourra de nouveau ramener sa chienne Véga à la maison de repos, elle continuera à mettre en place des solutions pour rendre la vie de ses résidents «
plus chouette ».