Cuisiner ou se chauffer grâce au gaz produit par ses déchets : ce sera bientôt possible à Clermont-Ferrand

Le biométhane produit par la dégradation des déchets du centre d’enfouissement de Clermont-Ferrand sera bientôt réinjecté dans le réseau du gaz de ville. Une nouvelle technologie permet de valoriser cette énergie renouvelable.

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Le centre d’enfouissement du Puy Long, près de Clermont-Ferrand, met en place une nouvelle méthode permettant de valoriser le méthane produit par la dégradation des déchets. Le syndicat Valtom, spécialisé dans la valorisation des déchets, s’associe à Waga Energie pour réinjecter le gaz dans le réseau. Ce méthane était déjà réutilisé pour produire de l’électricité, selon Laurent Battut, président du Valtom : “Le méthane est produit par le centre d'enfouissement du Puy Long, s'agissant de Clermont. Ce méthane est produit par la fermentation des déchets qui ont été enfouis avant 2013, puisqu’on n’enfouit plus les déchets ménagers depuis 2013. C'est cette fermentation qui produit de méthane. Ce méthane est capté. Aujourd'hui, il est brûlé pour produire de l'électricité avec une turbine. En ce qui concerne le centre d'enfouissement, il dispose d'un méthaniseur. Les déchets organiques, biodéchets et déchets sont introduits dans ce méthaniseur, et l'aérobie produit du méthane”. 

Réinjecter le gaz dans le réseau

La méthanisation est une technologie basée sur la dégradation par des micro-organismes de la matière organique, en conditions contrôlées et en l’absence d’oxygène. Cette dégradation crée du biogaz, mélange gazeux composé d’environ 50 % à 70 % de méthane. Cette énergie renouvelable peut être utilisée sous forme combustive pour la production d’électricité et de chaleur, de production d’un carburant, ou d’injection dans le réseau de gaz naturel après épuration.

“La transformation, c'est de faire de ce méthane un gaz qui puisse être réinjecté dans le réseau de GRDF, qui devient un gaz naturel pour les usages communs, donc de chauffage, d'eau, ou encore de ravitaillement de véhicules fonctionnant au GNV, gaz naturel véhicule”, explique Laurent Battut.  

Epurer le gaz

Pour rendre ce gaz compatible avec le réseau, un nouveau dispositif d’épuration sera prochainement installé : “Nous avons le projet d'installer un système d'épuration de ces 2 gaz pour les mettre en conformité avec les exigences de GRDF et en faire un gaz naturel qui puisse être consommé, injecté dans le réseau et distribué à destination des consommateurs. On a pour cela un dispositif qui s'appelle une Waga box, du nom de l'inventeur du dispositif, qui s'appelle la société Waga Énergie. Le gaz de décharge et le gaz de méthanisation contiennent des molécules différentes, donc il faut les épurer, les nettoyer, pour les réinjecter dans le réseau”, indique Laurent Battut. 

Valoriser davantage le méthane

Selon le président du Valtom, cette “box” est “unique en France” car elle permet d’épurer “sur le même lieu, deux sortes de biogaz qui seront traitées par une seule unité d'épuration et pour une réinjection unique.” Si le gaz était déjà valorisé, il pourrait ainsi l’être davantage, selon Laurent Battut : “Pour l’heure, on n'est pas dans une valorisation optimum de ce gaz produit par des déchets. Ce qu'on recherche, c'est une optimisation dans la valorisation des déchets. Ça, c'est la première chose. La deuxième chose, c’est le mix énergétique. Dès lors qu'on a la possibilité technique de contribuer au mix énergétique, il faut le faire, c'est pour ça qu'aujourd'hui, le biogaz de décharge est valorisé en électricité. On va contribuer à ce mix énergétique en réinjectant ce méthane en biogaz naturel pour être consommé et contribuer à la transition énergétique du territoire. Même chose pour le biogaz de méthaniseur, qui est aujourd'hui réinjecté dans le four, qui apporte une contribution à la production électrique mais qui est mineure. Ce biogaz-là mérite mieux et doit également contribuer à cette transition énergétique, sur le territoire dans lequel vivent ces installations.” 

"Il a fallu être persévérant"

Ce déchet devient “une ressource”, une ressource “qui rentre dans une dimension de transition énergétique." Laurent Battut rappelle également que ce dispositif présente un intérêt économique : “Ce sont des projets qui doivent avoir une certaine rentabilité, qui ont été présentés pour obtenir un tarif de rachat auprès des autorités gouvernementales et pour laquelle, s'agissant de cette installation, on a eu une dérogation à la législation nationale qui a été accordée par le préfet du Puy-de-Dôme. C'est le préfet lui-même qui a permis à l'aboutissement de ce projet-là.”

En effet, le Valtom s’est heurté à quelques difficultés administratives : “On l'a imaginé il y a un peu plus de 4 ans et on s'est heurté au mur de l'administration parisienne qui ne comprenait pas la finalité de notre projet, s'agissant d'une valorisation de 2 sources de biogaz différentes. Il existe un tarif de rachat pour le gaz produit par des décharges d'ordures ménagères, par des centres d'enfouissement d'ordures ménagères, mais il n'existe pas de tarif avec 2 sources de biogaz différentes. Cela n'existait pas, il a fallu être persévérant”, précise Laurent Battut. Cette “Waga box” représente un investissement de l'ordre de 1,5 à 2 millions d'euros, pour construire les équipements nécessaires à l’épuration du gaz. Il sera destiné à alimenter le pôle de valorisation d'Engie de Vernea mais également injecté dans le réseau GRDF. 

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