Culture : la région Auvergne-Rhône-Alpes réduit de moitié la subvention du festival du court-métrage de Clermont-Ferrand

La région Auvergne-Rhône-Alpes a décidé de réduire de moitié la subvention du festival du court-métrage de Clermont-Ferrand. Selon les organisateurs, "sous le choc", ces 110.000 euros en moins mettent en péril son existence.

“Nos équipes sont sous le choc”. Voilà comment, dans un tweet, les organisateurs du festival du court-métrage de Clermont-Ferrand ont accueilli l’annonce de la réduction de leur subvention régionale, divisée par deux. 

“C’est une décision rude !” confirme Eric Roux, président de l’association "Sauve qui peut le court métrage" qui organise le festival. Ce vendredi 12 mai, il vient d’avoir confirmation de la décision de la région Auvergne-Rhône-Alpes de réduire la somme allouée à l'évènement de 110.000 euros, soit plus de la moitié des 210.000 euros attribués l’an dernier. 

“On n’a pas réussi à dialoguer avec la région.” 

Eric Roux, président de Sauve qui peut le court-métrage

 Ces dernières semaines, il a pourtant tenté de défendre la pertinence de cette subvention. “On n’a pas réussi à dialoguer avec la région” déplore-t-il. “J’ai demandé plusieurs fois un rendez-vous au président Wauquiez. On était plein d’espoir compte tenu de l’importance du festival comme acteur culturel sur la région au niveau national et même international. C’est très compliqué pour nous car cela vient s’ajouter au déficit dû aux deux années Covid".

Malgré ses demandes, Eric Roux affirme ne pas avoir obtenu d'explication claire pour justifier le désengagement de la région. Contacté par nos soins, le Conseil Régional ne nous a pas répondu, si ce n'est par un communiqué listant uniquement les structures culturelles dont la subvention va augmenter et les nouveaux bénéficiaires.

Un rééquilibrage contesté

Boris Bouchet, conseiller régional d’opposition, explique avoir posé la question en commission culture. “Le motif officiel, c’est le rééquilibrage territorial, prendre aux métropoles pour donner plus à la ruralité, pour déconcentrer, mais cet argument ne tient pas dans le cas du festival du court-métrage car il mène des actions toute l’année pour irriguer la ruralité ! Le dispositif “l’école va au cinéma” permet à 3700 jeunes de 3 à 18 ans de bénéficier de projections sur leur commune. Le festival organise aussi le dispositif de la jeune critique qui permet à des collégiens et lycéens de s’exercer à la critique de cinéma, dont des jeunes de lycée agricole ! C’est aussi un événement international, qui fait rayonner tout notre territoire.” 

J’espère qu’il ne s'agit pas d’une mesure de rétorsion.

Boris Bouchet, élu régional d'opposition

“J’espère qu’il n’y a pas de motif officieux !” poursuit l’élu communiste. “Il y a une tradition dans le festival du court-métrage d'interventions d’acteurs du mouvement social qui s’expriment avant une séance ou lors des cérémonies. Lors de la dernière édition, il y a eu une intervention syndicale sur la réforme des retraites et la politique culturelle de la région avec des huées d'une partie du public à ce moment-là. J’espère qu’il ne s'agit pas d’une mesure de rétorsion.”    

Pour l’heure, les organisateurs du festival du court-métrage réfléchissent à des économies possibles afin de pouvoir le maintenir. Cela pourrait passer par une réduction des programmes, du nombre de jurés, de compétitions ou un festival plus court. 

Un contexte tendu

Cette baisse de subvention intervient dans un contexte de tensions entre le monde de la culture et l'exécutif régional. Dans une tribune publiée par Télérama la veille du vote, 200 élus dont une soixantaine de députés, sénateurs et maires de grandes villes de différentes étiquettes ont dénoncé "l'opacité des critères qui président aux décisions de l'exécutif régional", avec des "décisions unilatérales dans une absence totale de dialogue"

La semaine dernière dans Le Monde, une tribune signée par 200 personnalités du monde culturel, dont quatre anciens ministres de la Culture -Roselyne Bachelot, Jean-Jacques Aillagon, Aurélie Filipetti et Philippe Douste-Blazy- ou des personnalités comme Ariane Mnouchkine, la fondatrice du Théâtre du Soleil, s'inquiétait de "dérives autoritaires et populistes" dans la politique culturelle de la seconde région de France.

(avec AFP)

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