Danièle Gilbert : « L’Auvergne est ancrée en moi »

Danièle Gilbert a été une animatrice star dans les années 70. Née à Chamalières, près de Clermont-Ferrand, elle porte encore l’Auvergne dans son cœur. Emue, elle évoque des souvenirs liés à sa terre natale.

Avant de préparer une tournée sur les planches, Danièle Gilbert a accepté de répondre à nos questions. L’animatrice vedette des années 70 est née à Chamalières. Elle évoque avec tendresse de nombreux souvenirs liés à l’Auvergne. Elle n’était pas prédestinée à faire carrière à la télévision. Tout a commencé par un concours de circonstances : « J’ai fait hypokhâgne au lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand puis une licence d’allemand. J’avais mon sujet de diplôme. Mon but pour m’élever dans la vie était les études. Comme j’étais extrêmement timide, une amie qui voulait devenir comédienne, m’a proposé d’aller avec elle au Centre régional d’art dramatique. Je l’ai accompagnée. Un jour, des personnes sont venues pour chercher quelqu’un pour remplacer la speakerine de la radio à France Inter pendant 15 jours. J’ai passé des essais de voix. J’étais loin de ce monde. Ils m’ont annoncé que je leur convenais. Je me suis dit que ça me ferait un peu d’argent de poche. J’y suis allée pendant 15 jours. J’ai fait la météo, les petites nouvelles. Un jour, le directeur de la Télé Auvergne me dit de venir le voir. Je n’avais aucune arrière-pensée. Il avait organisé un concours public avec des filles du Massif central. Sur 400, ils en ont présélectionné 43. J’ai fini par dire oui et j’ai participé. Les 43 filles sont passées sur scène à la Maison du peuple à Clermont-Ferrand. Maman m’avait confectionné ma première robe habillée que j’ai toujours. Sur scène, on m’a demandé de faire une météo marrante. On a demandé au public d’applaudir. J’ai été retenue parmi 6 filles. On est passé à l’antenne en direct. Les gens ont voté pour moi à 70 %. Je me suis demandé ce qu’ils me trouvaient. Je dois tout aux gens, au public. Ils m’ont débarrassé de ma timidité et m’ont permis de me sentir plus à l’aise. Puis je suis devenue journaliste. Un jour, on fait venir toutes les filles des stations régionales à Paris pour remplacer une speakerine, Anne-Marie Peysson. Un an après, ils ont regardé les essais. J’ai été appelée pour venir travailler à Paris, je croyais que c’était une blague. S’il n’y avait pas eu cette histoire de concours, je n’aurais jamais quitté l’Auvergne. Ca a été un crève-cœur de partir ».
 

Les années "Midi Première"

Dans les années 70, elle présentait l’émission « Midi Première » sur la première chaîne. Le principe était simple : 30 minutes de divertissement quotidien sur les routes de France, avec des artistes qui se produisaient en direct au milieu du public. Cheveux blonds au carré, Danièle Gilbert a passé 13 ans à sillonner le pays en allant au contact des Français. Voilà ce qu’elle en retient : « J’ai toujours considéré cette expérience comme une pièce supplémentaire dans l’appartement de ma vie. Je suis la même partout. Je m’adapte aux circonstances. J’ai eu 13 ans et 3 mois de bonheur. Je suis ensuite devenue responsable de l’émission en 1975. C’est là que j’ai décidé de partir en province. Une fois l’émission terminée, on partait en voiture avec le réalisateur et le directeur photo, on voyait 50 lieux pour en choisir 5. C’était une façon de vivre la nature et la France. On faisait des découvertes. J’adorais ça. Je travaillais 7 jours sur 7, et on faisait 3 000 km par week-end. Pour moi ce n’était que du bonheur. J’étais la première avant Pernaut à parler de la province. J’ai recréé ce que je vivais avec ma famille : notre bonheur était d’aller partout en Auvergne le dimanche, cueillir des jonquilles, des narcisses, des genêts, aller en montagne. J’ai fait ça avec la France ».
 

Je ne suis absolument pas nostalgique

Malgré ces bons souvenirs, l’animatrice confie ne pas être nostalgique : « Je fais partie de la nostalgie car j’ai des heures de vol mais je ne suis absolument pas nostalgique. Je vis dans l’instant présent. Je me sens en France, à l’heure actuelle, comme dans la rue de mon enfance où je connaissais tout le monde. La rue de mon enfance est hexagonale. C’est un vrai bonheur. Le plus beau voyage est d’aller vers les gens. Ce qui me plaisait dans l’émission était de recevoir des gens très différents, de faire des découvertes, des premières fois comme Renaud, que personne ne voulait car il chantait « Camarade bourgeois », ou comme Cabrel. J’aimais recevoir les personnes connues que le public attendait. J’ai la curiosité de l’autre ».

Une éviction en 1982

Virée après l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République en 1981, Danièle Gilbert a vécu une longue traversée du désert, émaillée de projets plus ou moins réussis. Elle n’est pourtant pas aigrie : « Ca a été très soudain C’était nul et non avenu. J’avais des millions de téléspectateurs, entre 10 et 15 millions. On m’a virée quand ça allait bien. Ce n’était pas à cause du public. Les journalistes me demandaient si je n’avais pas de la rancune. Je leur disais de ne pas me juger d’après leur fonctionnement. Je ne connais pas la rancœur et la revanche. Je n’en veux à personne. Les gens m’en parlent encore aujourd’hui. C’était une autre époque : à la fin, je gagnais par mois ce que touchait ma mère comme prof. J’ai été interdite d’antenne. En 1983, quelqu’un de proche du pouvoir m’a dit qu’elle m’aimait beaucoup. Je lui ai répondu que je n’avais pas compris pourquoi on m’avait éjectée comme une malpropre. Elle m’a dit que si j’accordais une interview dans Paris Match en disant du bien de François Mitterrand, dans les 15 jours j’aurais une émission. Par la suite, il y a eu un sondage et 97 % des personnes étaient pour mon retour. Guy Lux voulait me recevoir dans « Cadence 3 » mais on lui a interdit de me recevoir ».
 

Les larmes de Danièle Gilbert, lors de sa dernière émission, sont restées célèbres.
 

Toujours la même popularité

Malgré les années qui passent, la Chamaliéroise semble toujours aussi populaire. Danièle Gilbert explique : « Les gens sont très gentils avec moi. J’ai fait beaucoup d’animations. J’aime les gens. Ils me donnent un petit peu de leur cœur. Le public s’est un peu renouvelé grâce à « La ferme célébrités ». Quand je suis sortie, c’était trop marrant, les jeunes me disaient que j’avais été un exemple. Je leur répondais que j’étais juste normale. Je trouvais ça tellement rigolo. Je suis restée 2 mois. Les ânes étaient mes meilleurs copains ». Elle porte un regard aiguisé sur la télévision actuelle : « A la télévision d’aujourd’hui, je trouve qu’il n’y a plus que des hommes et des femmes-troncs. C’est ce qui coûte le moins cher pour les émissions, assoir des gens autour d’une table, quelle que soit l’émission. Moi, au contraire, je ne voulais jamais être assise. Là, on ne voit plus leurs pieds. De plus, tout est contrôlé, on ne veut plus prendre de risques ».

Deux projets en cours

Elle travaille actuellement sur 2 projets artistiques : « Le spectacle « Les idoles de Midi Première » m’a été proposé. Des artistes interprètes font revivre Mike Brant, Joe Dassin, Claude François, Dalida, Coluche. Quand on me l’a proposé, j’ai accepté à condition que ce ne soit pas une émission de nostalgie. Je vais partir en tournée à partir de septembre avec une reprise de la pièce de Laurent Ruquier « Grosse chaleur » et ce, pendant 2 ans ».

Des souvenirs d'Auvergne

Même si elle a quitté l’Auvergne il y a longtemps, elle reste très attachée à sa terre natale : « J’ai tellement de souvenirs forts en Auvergne, comme mes études, le patin à roulettes avec ma copine Marie-Claude. Elle habitait rue Ballainvillliers, et j’allais la rejoindre. Je traversais tout Clermont-Ferrand en patin à roulettes. On m’avait offert des patins à 3 roues avec un frein. Je suis partie du haut du Jardin Lecoq, j’ai pris de la vitesse, et arrivée au feu rouge je me suis dit qu’on allait me retrouver assise sur le capot d’une voiture parce que je ne pouvais pas m’arrêter. J’ai mis mes pieds en 10h10, j’ai tourné autour d’un arbre et ça m’a sauvée. J’emmenais mon petit frère au Jardin des plantes. Je reviens parfois en Auvergne car mes parents sont au cimetière de Fontmaure. Je suis aussi venue plusieurs fois au Salon du livre et pour faire des animations. L’Auvergne est ancrée en moi et j’en parle tout le temps. J’adorais lire. Maman était prof à Sidoine-Apollinaire et elle allait à la librairie Combes rue Saint-Hérem. Un jour, le libraire m’a autorisée à rester toute l’après-midi. Je suis allée dans tous les rayons, je suis montée dans la mezzanine. C’est un très beau souvenir. Je me souviens aussi de faire l’ascension du puy de Dôme avec des copains, dans la neige et en été. Je me rappelle aussi des courses sur le circuit de Charade. J’y allais avec mon papa. Je sais qu’il y a 52 virages pour 8 km. J’ai vu des champions. Il faisait toujours froid. Il y avait une odeur d’huile de ricin et j’adorais ça ». A 78 ans, Danièle Gilbert a encore de nombreux projets en tête. Elle ne semble pas avoir perdu l’énergie qui lui a permis de sillonner les routes de France pendant 13 ans.

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