Défiant le danger…et la loi, ils escaladent la Cathédrale de Clermont-Ferrand

Dans une vidéo publiée ce jeudi 9 juillet, deux jeunes hommes se sont filmés en train d’escalader la cathédrale de Clermont-Ferrand. L’un d’eux, qui se fait appeler Bellatorus, est un habitué de ces ascensions sauvages de monuments, à couper le souffle mais prohibées.

Une vidéo a été publiée sur Youtube ce jeudi 9 juillet : on y voit 2 jeunes hommes encordés escalader la cathédrale de Clermont-Ferrand. Une ascension sauvage et illégale, née avec les pratiques de l’urbex (contraction d’exploration urbaine) et du parkour. L’un de ces jeunes gens, surnommé Bellatorus sur ses réseaux sociaux, a partagé la vidéo sur sa chaine. Joint au téléphone, il nous explique : « On s’est préparés en amont. On a étudié la ligne de la cathédrale pour trouver un accès sûr, on s’est encordés pour limiter la prise de risque, avec du matériel d’escalade, et puis on est montés. On utilisait les gargouilles, les chimères et les balcons pour glisser nos cordes, histoire de tomber de moins haut si jamais. » L’ascension a été filmée à l’aide d’une caméra embarquée et d’un drone. « Cette cathédrale est très technique. Il faut un certain niveau en escalade pour arriver à la grimper. Après, c’est aussi de plaisir de grimper du « volcan », de la roche volcanique qui est une pierre très agréable et solide. On a une vue splendide sur la Chaine des Puys, c’était assez différent de ce que j’ai pu faire avant », précise Bellatorus.

Escalader la Tour Eiffel

En effet, le jeune homme de 24 ans est un habitué de ce genre d’escalade : « Je fais ça depuis quelques années, sur Paris. Quand j’étais enfant déjà j’adorais grimper aux arbres et monter sur le toit de ma maison pour regarder les étoiles. Ensuite ça m’est passé, et puis, lorsque j’étais étudiant, j’avais une chambre de bonne depuis laquelle on voyait la Tour Eiffel, et un velux avec une échelle pour grimper sur le toit, et je mangeais sur le toit, en face de la Tour Eiffel. Un jour, j’ai rencontré un alpiniste, un grimpeur, originaire de Clermont justement. On a discuté et je lui ai dit que j’adorerais monter la Tour Eiffel. Trois semaines après, on l’escaladait. » Pris sur le fait, en redescendant de la Dame de Fer, Bellatorus a écopé d’un rappel à la loi. En effet, ces ascensions sauvages sont interdites en raison du danger qu’elles présentent.

"Je fais un peu la promo des églises"

Les monuments s’enchainent ensuite pour Bellatorus. Après la Tour Eiffel, c’est au tour de Notre-Dame d’être escaladée par ses soins, puis plusieurs églises de campagne. « Je fais beaucoup d’escapades dans les églises car je trouve qu’en France, nous avons ce patrimoine culturel et spirituel magnifique qui est un peu laissé à l’abandon, alors le fait d’escalader ces églises permet de mettre en lumière les défauts de sécurité ou de structure des bâtiments, et puis de faire parler d’elles aussi, pour donner envie de les sauvegarder. Je fais un peu la promo des églises », explique Bellatorus. Il précise que ces ascensions nécessitent une excellente condition physique : « Il faut faire du sport tous les jours, bien connaître son corps, être souple pour rester fluide dans ses mouvements. Il faut bien sûr être bon en escalade et surtout ne pas avoir peur du vide. Le vide paralyse les mouvements et c’est là que ça devient dangereux », prévient Bellatorus. Il explique aussi réaliser ces ascensions en binôme, pour "plus de sécurité", afin de faciliter l’encordage.

La préfecture entend déposer plainte

Il partage beaucoup ses escapades sur les réseaux sociaux : « Les gens apprécient de voir ces images, après il ne faut pas les reproduire, c’est illégal. Je me suis déjà fait attraper plusieurs fois sur des lieux similaires, j’ai eu des rappels à la loi. Ce n’est pas non plus du terrorisme, mais c’est normal, si on n’a pas les compétences, ça devient vite dangereux », reconnait Bellatorus.

En effet la préfecture explique : «  Après visionnage de la vidéo, l'architecte des bâtiments de France en charge de la cathédrale a relevé plusieurs infractions :
  • la violation du confinement puisqu'une partie de la vidéo a été tournée durant le confinement.
  • l'intrusion dans un monument historique classé et dans un édifice cultuel. Il s'agit d'une infraction passibile d'une amende de 5e catégorie (Article R645-13 du Code Penal).
  • le survol en drone en centre-ville d'un bâtiment historique classé sans autorisation.
L'État, propriétaire de la Cathédrale, va déposer plainte et effectuer un signalement au Procureur de la République au titre de l'article 40 du code de procédure pénale. La préfète tient à rappeler le danger de ce comportement : danger pour les grimpeurs, danger pour les passants en cas de chute d'éléments, danger pour les sauveteurs en cas d'incident, danger pour le bâtiment qui n'est pas fait pour être escaladé et qui a subi des dégradations. »
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