Des chatons « abandonnés par cartons » : pas de vacances pour l’Association de protection des animaux du Puy-de-Dôme

Comme chaque été, chiens et chats sont abandonnés à la veille des grandes vacances. A l’Association protectrice des animaux de Gerzat, près de Clermont-Ferrand, les enclos sont déjà presque pleins mais les abandons sont quotidiens.

A la veille du grand week-end des départs en vacances, l'Association protectrice des animaux (APA) de Gerzat, près de Clermont-Ferrand, anticipe déjà une vague d’abandons d’animaux de compagnie. « Nous sommes déjà presque pleins, avant le week-end des grands départs en vacances le 10-11 juillet. Il va y en avoir plein les aires de repos, plein les autoroutes, déplore Ramon Ferrer, le président de l’APA63. En réalité, 90 % des personnes s’occupent bien de leur animal. Les chiens partent en vacances, vont au bord de la mer, font des randonnées en Auvergne, vous voyez cela tous les jours. Mais 10 % d’abandons, ça fait 200 000 en France » Il rappelle que pourtant, adopter est « Un engagement à long terme, et dans toutes les périodes de la vie : les vacances, le travail, la maison, la maladie. »

Des motifs d’abandon variés

Les abandons de chiens et de chats ont lieu toute l’année, pas uniquement à la veille des vacances. Le président de l’APA63 a identifié plusieurs raisons qui poussent les propriétaires à l’acte. « Il y a déjà les personnes âgées hospitalisées. Et ça nous n’y pouvons rien et c’est déchirant. Nous récupérons des animaux bien traités, qui ont vécu en maison ou appartement avec des gens qui s’en occupaient comme des enfants. Ils font partie de la maison, ils vivent avec, ils mangent avec. Vous les mettez dans un box là, les chiens sont en dépression. Ils regardent le sol, ne mangent pas et ne jouent pas. Pour nous, c'est un crève-cœur. » Il y a également des abandons pour raisons financières, qui ne sont, selon lui, pas forcément trop nombreux. « Il y a surtout les modes, les animaux-objets, j’ai vu ça sur internet donc je le veux », ajoute Ramon Ferrer. La responsable communication du refuge, Mathilde Salé, poste régulièrement des photos sur les réseaux sociaux : « Les photos d’animaux, c’est ce qui marche le mieux, avec des likes par-dessus la tête. Et puis ça donne une image de vie de rêve, mais il n’y a pas tout le reste. Il y a des frais, des contraintes. Un chien, il faut le promener, le vétérinaire. » Dans ces cas-là, une adoption trop peu réfléchie conduit souvent à un abandon par la suite. « Ou alors j’adopte un petit chien et il devient trop gros. Alors je me rends compte que c’est trop compliqué », ajoute-t-elle. « Nous avons eu l’exemple de Jessie, un Cane Corso de 40 kg, qui a passé cinq ans avec un couple, adoré. Quand le couple a eu un bébé, ils ont eu peur avec le chien. Du jour au lendemain, il était ici. C’était une catastrophe. » Mathilde Salé tient à rassurer sur l’accueil au refuge : « Certains abandonnent parce qu’ils ne peuvent vraiment plus s’en occuper, on n’est pas là pour juger. Il y a plein de raisons à l’abandon, un déménagement, un travail perdu… Certaines personnes se rendent compte qu'elles sont allergiques aussi parfois, une semaine après avoir adopté. »

« Nous sommes la dernière maille de la société »

Les membres de l’APA trouvent régulièrement des animaux sur les routes aux abords du refuge. Abandonner un animal sans explication peut poser problème : « Quand l’animal est jeté devant le refuge, nous n’avons pas son historique. Il est important que les gens viennent, même si c’est peut-être un peu honteux pour eux. Cela nous permet de savoir où l’animal a grandi, quel âge il a exactement, ce qu’il a vécu. L’histoire de l’animal joue beaucoup sur son comportement et son avenir. Nous avons des chiens qui sont arrivés, récupérés de maltraitance, à qui on a jeté des bières sur le dos. Alors oui, c’est un chien qui sera peureux, il va lui falloir le temps de se réadapter. » Beaucoup d’animaux sont récupérés suite à des signalements pour maltraitance. Ils arrivent alors par 5, 10 ou 20 à la fois. « Nous sommes la dernière maille de la société, quand vous avez de la détresse matérielle, humaine, cela se reporte sur l’animal et ils atterrissent ici », regrette le président de l’APA.

« C’est beau, je veux »

Pour éviter des adoptions trop hâtives, le refuge prend le temps d’analyser les envies des futurs propriétaires pour discuter des éventuelles contraintes. Pratique qui ne se fait pas forcément lors d’achat entre particuliers en ligne par exemple. « La société est dans une instantanéité : c’est beau, je veux. On en trouve dans les animaleries, chez les vendeurs à la sauvette, sur internet. Ils ne sont pas pucés malgré la loi, pas déclarés, ce n’est pas cher, les gens ça les arrange. Mais il n’y a pas tout le travail qui est fait ici, les entretiens avec l’adoptant, l’expérience de nos soigneurs, plaide Ramon Ferrer. Vous trouvez un chat ou un chien n’importe où pour 300 euros. Donc ça n’a pas de valeur, c’est l’animal du moment, ce n’est pas un engagement. Nous on ne vend pas, on place. Le chiffre d’affaires de l’APA n’est pas fait sur l’adoption, donc il y a des chiens que l’on refuse de placer. Nous sommes dans la protection animale, pas dans la vente. » Pour les soigneurs sur place, il est essentiel d’établir une relation entre l’animal et l’adoptant, au-delà des photos vues sur le site du refuge. « Il y a une vraie relation avec un animal et certains ne comprennent pas cela », complète la chargée de communication. Avant l’adoption au refuge, les futurs propriétaires doivent discuter de leurs habitudes de vie correspondent bien à ce dont l'animal a besoin. Une adoption prend entre une et deux heures.

« Notre cheval de bataille à nous, c’est de stériliser »

A cause du confinement, les campagnes de stérilisation dans les villes et chez les particuliers ont été moins menées que d’ordinaire. En conséquence, de nombreuses portées de chatons commencent à être abandonnées. « Avec une gestation en avril, en mai-juin les chatons sont abandonnés par cartons entiers. Généralement ceux que l’on voit écrasés dans les rues ce sont les petits, qui n’ont pas encore appris les codes, à éviter les voitures. Notre cheval de bataille à nous, c’est de stériliser, assure Ramon Ferrer. Avoir du chat et du chaton oui, mais avec des chats stérilisés et de la reproduction maitrisée. »

Le refuge regorge de chats à adopter et environ 2 000 le sont chaque année.

Des solutions pour les vacances

« Il y a des solutions, des refuges, des chenils, des pet-sitters, des pensions », énumère Mathilde Salé. L’association 30 Millions d’amis a mis en place une application mobile pour proposer des solutions pendant les vacances. « 80 % des gens arrivent à être heureux avec leurs animaux. C’est possible aussi pour les 10 % qui n’y arrivent pas », conclut le président de l’APA63.

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