Des élus RN de la région Auvergne-Rhône-Alpes, réclament l'annulation du concert de Médine ce 15 avril à Clermont-Ferrand. Quelques clefs pour comprendre la polémique autour de l'artiste.
L'histoire se répète. Ce sont cette fois-ci les élus RN de la région Auvergne qui se sont insurgés contre la venue du rappeur Médine, en vue de son concert prévu ce 15 avril à Clermont-Ferrand à 20 heures.
Médine n'en est pas à sa première demande d'annulation de concert. Il y a quelques jours dans le Tarn, à Albi, même refrain… Et en 2018, le rappeur avait carrément dû renoncer à se produire au Bataclan sous la pression de l'extrême-droite.
"Un homme qui promeut la violence, un prédicateur du chaos et de la haine", peut-on ainsi lire dans un communiqué cosigné sur Twitter par les élus RN Brice Bernard, conseiller régional Auvergne-Rhône-Alpes, et Andréa Kotarac président du même groupe dans la région.
"C'est un honneur d'être leur cible"
Catégorisé par ses détracteurs de "violent", "d'islamiste radical", Médine Zaouiche de son vrai nom, se positionne quant à lui dans ses textes comme "un démineur que l'on prend pour un poseur de bombe".
À nos confrères de France 3 Occitanie, il précise : "j’ai envie de dire que c’est un honneur d’être la cible de ce genre de personnes qui ne vérifient même pas leurs sources, qui utilisent cinq phrases, prétendument les miennes (…), c’est un honneur d’être leur "ennemi politique" parce que j’ai l’habitude de les débusquer dans mes textes."
Les morceaux de la discorde
"Je savais pertinemment lorsque j’écrivais certains de mes morceaux qu’ils allaient toucher une cible, de personnes qui vraisemblablement ne sont pas sur un registre du vivre ensemble, ils veulent séparer, essentialiser des catégories de personnes", ajoute Médine.
Rappeur engagé, à la voix rauque et aux thématiques multiples, il utilise dans ses textes des références historiques, culturelles, politiques voire même religieuses.
Parmi ses sons, ceux de la discorde, comme les titres "Jihad" ou "Dont Laïk". Avec les attentats, le mot "djihad" est synonyme de barbarie et de tuerie. "Mais son sens premier ne signifie rien d’autre qu'effort", se justifie le rappeur. Pour Médine, il s'agit d'un combat intérieur contre l'obscurantisme.
"C'était en 2005, dans un autre contexte," explique-t-il dans une interview donnée à Clique TV en 2017. "Mon message, à ce moment-là, s’adresse à ceux qui seraient tentés de partir combattre et en même temps à ceux qui ont une définition de ce terme complètement galvaudée. Aujourd’hui, sortir un album avec ce titre-là, c’est impossible", reconnaît l'artiste.
La chanson "Don't Laïk" a également profondément choqué une partie de l'opinion publique avec notamment cette phrase : "crucifions les laïcards comme à Golgotha."
Là encore, la cible de Médine ne serait pas la laïcité, mais le laïcisme, une version dévoyée de la laïcité, qui se drape dans la notion d’égalité en stigmatisant le religieux, comme il le précise dans cette interview de 2015.
"La force de la culture face à la culture de la force"
Une lettre a également été écrite à l'intention du préfet Philippe Chopin, où Brice Bernard, lui demandait d'annuler le concert, en dénonçant entre autres les agissements du rappeur à l'encontre d'élus d'extrême droite.
Contactés les services de l'Etat, nous informent de leur côté n'avoir pris connaissance de cette lettre que via les réseaux sociaux. Elle ne serait jamais arrivée en préfecture, "Twitter ne constitue pas une demande formelle", précisent-ils.
La préfecture ajoute : "aucun élément concernant des troubles à l'ordre public ne nous est parvenu pour justifier l'interdiction de ce concert."
"J'ai des centaines de messages de soutien pour me dire qu’ils ne sont pas d’accord. Ces personnes ne sont pas à leurs premiers faits d’intimidation. Je suis la force de la culture, face à la culture de la force", conclu le rappeur.
En parallèle de sa carrière musicale, il se lance dans la création de podcasts. Le premier épisode du 10 avril 2023 est dédié au compositeur et pianiste Sofiane Pamart.