Deux réalisateurs clermontois derrière le clip de la Brésilienne Flavia Coelho

Depuis jeudi 14 mai midi, le clip de la chanteuse brésilienne Flavia Coelho « Cidade perdida » est en ligne. On doit sa réalisation à deux Clermontois, de la société Biscuit Production. La chanson est un pamphlet contre Bolsonaro. Le clip a été tournée dans une église désaffectée de Royat (63).
 

« Cidade perdida », ville perdue en français, c’est le nom d’une chanson très engagée extraite de l’album DNA, paru à l’automne 2019, et signé par la Brésilienne Flavia Coelho. Le clip du morceau est visible depuis jeudi 14 mai, à midi.Il a été réalisé par deux Clermontois, Alexis Magand et Yannick Demaison. Dans le clip, la plus française des Brésiliennes s’en prend au Brésil de Bolsonaro. Son label a voulu rompre avec l’image habituelle de la chanteuse. Alexis Magand, réalisateur du clip, raconte la genèse du projet : « C’est le label, Pias, qui est venu vers nous. On avait déjà travaillé pour eux pour Jean-Louis Murat et Radio Elvis. Ils avaient pour idée de changer un peu l’image de Flavia, qui était très connotée Brésil, soleil. Pour la première fois, comme le morceau était un peu hip hop, ils ont voulu quelque chose d’esthétique et nous ont sollicité ».

Une église désaffectée

Le tournage a eu lieu début mars, juste avant le confinement, dans une église désaffectée de Royat, près de Clermont-Ferrand. Un casting de danseurs à 90 % clermontois et régional pour le reste est réuni, sous la baguette de la chorégraphe Stéphanie Jardin. Le résultat est spectaculaire, avec une esthétique très léchée, un travail sur les corps et la lumière. Ce morceau constitue avant tout un pamphlet contre Bolsonaro et Rio, ville qui l’a vue naître en 1980. Alexis Magand rappelle : « Elle ne prononce pas son nom et dit "l’autre". La chanson parle de la ville de Rio et constitue un pamphlet contre Bolsonaro et sa politique. Elle a le sentiment que le Brésil est en train de devenir une dictature et que des gens sont mis de côté. Elle dénonce la corruption, les atteintes contre l’environnement, la justice qui fait ce qu’elle veut ». Dans une interview au quotidien du soir Le Monde, Flavia Coelho affirme : « « Cidade Perdida » est sans doute la plus violente et la plus virulente chanson que j’ai écrite. Quand le résultat de l’élection présidentielle au Brésil est tombé, il y a un an et demi [le 28 octobre 2018], ça a été comme si je recevais un coup de poing en plein visage ».

Un clip tout en références subtiles

Le clip se marie à merveille avec un texte engagé, qui dénonce pêle-mêle la corruption et la violence de son pays. Le réalisateur a dû effectuer un travail de recherche avant de commencer le tournage. Alexis Magand explique : « On a dû se renseigner sur l’histoire brésilienne contemporaine. Flavia nous a raconté des événements qui témoignent du péril de la culture et  de l’éducation. C’est clairement flippant. On a essayé de symboliser ces différentes thématiques, de les suggérer, de faire référence à des symboles brésiliens. Si on veut chercher des détails, des représentations, on peut en trouver, mais on ne voulait pas que ce soit trop démonstratif ».

Un Radeau de la Méduse moderne

Parmi les images fortes du clip, une citation évidente au Radeau de la Méduse de Géricault. Le réalisateur avoue : « La référence au Radeau de la Méduse est clairement assumée. On voulait partir d’un tableau que tout le monde a en tête, avec quelque chose de beau en termes de composition de l’image. Dans la représentation, on remplace les immigrés africains qui font naufrage, et on fait le parallèle avec les habitants des ghettos, des favelas, qui sont les oubliés de la société brésilienne, au même titre que les homosexuels, les défenseurs des droits environnementaux ».

Un jeu sur le clair-obscur

Le lieu n’a pas non plus été choisi au hasard, comme le souligne le directeur artistique de Biscuit Production : « En choisissant une église, il y a un petit clin d’œil au Brésil, pays très religieux. On trouvait surtout que ça permettait de mettre en avant un côté clair-obscur, notamment avec la pierre noire, cette matière organique. On a voulu utiliser le côté vitrail. Tout était réuni, c’était parfait ». Cette tonalité très sombre va de pair avec le texte qui évoque « la fin » ou encore « notre tragédie ».
 

Un univers différent

Le clip est bien loin de l’univers habituel de la chanteuse brésilienne. Alexis Magand concède : « C’est extrêmement sombre et ça change vraiment de ce qu’on a l’habitude de voir sur Flavia. C’est ce qui m’a plu dans ce projet, avoir un message très fort. On nous a laissé carte blanche pour y aller et montrer de la violence, des choses un peu dures. Il n’y a pas eu de volonté d’aseptiser, elle assume clairement son propos et nous l’assumons aussi dans la mise en image ».

Des Clermontois qui font parler d'eux

Une mise en image assumée qui permet une nouvelle fois à la société Biscuit Production, basée à Clermont-Ferrand, de faire parler d’elle. Clips de Louane ou Jean-Louis Murat, créations visuelles pour Kev Adams ou Vianney, web série pour France Télévisions, la société de production auvergnate n’en est pas à son coup d’essai.
Une exposition qui ravit Alexis Magand. « C’est une histoire de rencontres, Jean-Louis Murat nous amène à Flavia Coelho. On ne peut pas imaginer ces chemins-là avant et ce qui est assez génial dans notre boulot. Un artiste nous en emmène un autre, tellement différent, avec une façon autre de parler de musique, que ça nous transporte dans un univers avec d’autres enjeux. Cela nous permet de montrer la diversité de Biscuit, de s’amuser. On n’avait jamais fait de clip avec beaucoup de chorégraphie, autant de figurants. On est content car on fait de beaux projets ». De beaux projets, c’est ce qui devrait arriver vite pour Biscuit Production, car avec ce clip de « Cidade perdida », l’entreprise clermontoise montre tout son talent et son savoir-faire.
 
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