Le second tour des élections législatives est fixé au 7 juillet 2024. Un scrutin d'importance face aux 306 triangulaires réparties toute la France. Quelles lignes se dessinent pour le second tour ? L'éclairage de Pierre-Nicolas Baudot, enseignant-chercheur en sciences politiques à l'Université Clermont Auvergne.
C'est une soirée électorale historique qu'ont vécue les Français ce dimanche 30 juin 2024. Avec une participation record de 66,7 %, le dépouillement s'est terminé jusqu'à tard dans la nuit. Les résultats nationaux donnent le Rassemblement national et ses alliés en tête (33,15 %), devant le Nouveau Front Populaire (27,99 %), suivi par la majorité présidentielle Ensemble (20,04 %).
Mais surtout un record de triangulaires, soit 306 au total, de quoi être perplexe sur l'aspect du second tour. "Ça peut changer du tout au tout, selon si un front commun est constitué ou non", explique Pierre-Nicolas Baudot, enseignant-chercheur en sciences politiques à l'Université Clermont Auvergne et à Paris II Assas. Cette hypothèse permettrait de renverser la vapeur face au RN lors du second tour.
"Mathématiquement, il est encore possible d’avoir un front qui se constitue. C'est-à-dire de ne pas avoir de majorité absolue pour le RN. Ce qui amènerait à l’hypothèse d’avoir un gouvernement de techniciens qui ne serait pas trop marqué politiquement, mais qui permettrait d’avoir tous les groupes réunis dans une majorité, sauf le RN", explique Pierre-Nicolas Baudot.
Alliance avec LFI
Le pari semble difficile aux vues des premières déclarations de la majorité présidentielle. Dans une interview donnée sur France Inter, au lendemain des élections, Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, a invité ses électeurs "à voter pour un candidat du camp social-démocrate", sans mentionner la France Insoumise.
Législatives 2024 : Bruno Le Maire déplore "la défaite" de son camp et appelle à faire barrage au RN, sauf en faveur de LFIhttps://t.co/yhQ9Rbg0kD
— franceinfo (@franceinfo) July 1, 2024
La perspective d'un front commun paraît hors de portée à ce jour. "Le parti présidentiel a tracé des lignes claires entre ceux qui sont républicains et ceux qui ne le sont pas. De fait, quand on exclut un parti majoritaire de la gauche et les électeurs avec, ça complique. C’est quand même un choix qui interroge", précise l'enseignant-chercheur.
La question Mélenchon
L'un des points de crispation pour certains électeurs qui se détournent du Nouveau Front Populaire : Jean-Luc Mélenchon. Le fondateur de la France Insoumise est particulièrement pointé du doigt par les opposants politiques. L'insoumis serait pourtant un personnage ambivalent, selon Pierre-Nicolas Baudot. "C’est vrai qu’il y a des territoires dans lesquels, c’est difficile d’avoir Mélenchon sur ses tracts et il y en a d'autres, où le nom Mélenchon fait ouvrir des portes", concède-t-il.
En revanche, même si le parti présidentiel se tourne vers les Insoumis, il y a un risque de rejet de la part des électeurs de la majorité. "Depuis au moins un an, il martèle que la France Insoumise est un parti antirépublicain et antisémite", rappelle Pierre-Nicolas Baudot.
Contre-la-montre
Le bras de fer continue. Le Nouveau Front Populaire a déjà annoncé se retirer dans les cas où leur candidat serait arrivé en troisième position afin de soutenir le second, face au RN. À l’image de Valérie Rueda dans la 1ʳᵉ conscription du Cantal, Valérie Goléo, dans la 4ᵉ circonscription du Puy-de-Dôme ou encore Celline Gacon dans la 1ʳᵉ circonscription de la Haute-Loire.
Le temps presse, la date limite de dépôt des candidatures au second tour est fixée à mardi 2 juillet, 18 heures.