Ce sera un des sports marquants des prochains Jeux Paralympiques : le rugby fauteuil. Ce parasport se démocratise de plus en plus, même chez les plus jeunes. Dans une école de Gerzat, près de Clermont-Ferrand, les élèves de CE2 ont eu droit à un cours particulier avec Nicolas Valentim, double champion d'Europe de la discipline.
Des rires, des cris, des affrontements et des buts. Les élèves de CE2 de cette école de Gerzat, tous valides, se prennent au jeu du rugby fauteuil. L’un d’eux confie : “J’aime bien ce sport. Je trouve ça amusant”. Keïla, une autre élève ajoute : “Je commence à aimer. C’est nouveau pour moi, j’apprends”. Livia, elle, indique : “Tu vas aller chercher le ballon et marquer des buts, c’est cool !”.
Faire découvrir le parasport
C'est la première fois que ces enfants s'assoient dans un fauteuil. Les débuts sont un peu compliqués. Il faut apprendre à avancer, reculer, tourner et intégrer les règles. Mais tout est plus facile lorsqu'on est encadré par Nicolas Valentim, athlète, double champion d'Europe de rugby fauteuil, en pleine préparation pour les Jeux de Paris 2024. “On ne s’attend pas à ce que des gens en fauteuil puissent se rentrer dedans et que cela soit un sport physique, souligne l'athlète. En France, on a l’image d’une personne handicapée qui ne sort pas forcément de chez elle et qui n’ose pas se mettre en difficulté”.
Aller vers plus d'inclusion, dans les écoles, dans les entreprises et en milieu carcéral. C'est l'objectif d'HandiSchool, l'association de Nicolas Valentim. Fondée en 2010, elle multiplie les actions. “Je suis super fier de voir que notre message passe après autant d’années. Et c’est pour cela qu’on est là”, se félicite Nicolas Valentim.
Un fauteuil pour changer l'image du handicap
Mais pour que le message passe, il faut s'équiper. Il faut compter 10 000 euros pour un fauteuil professionnel, trop onéreux pour des initiations. Alors une entreprise auvergnate fabrique des modèles presque sept fois moins cher. Le fauteuil est en plastique rotomoulé, quasi indestructible. Les roues sont assemblées à dix kilomètres d'ici. Christophe Pradelle, directeur technique chez PlayMouvin', explique : “Ces petites roues ont été faites par un atelier protégé par des personnes en situation de handicap. On fait un fauteuil pour changer le regard que l’on porte sur le handicap, alors si l’on peut faire travailler les handicapés pour nous aider à faire ce fauteuil, c’est fabuleux”. Il aura fallu un an à l'entreprise pour concevoir un produit multisport. “Notre fauteuil s’adapte à toutes les pratiques, à tous les sports fauteuil : rugby, basket, tennis, hand, etc. Tous les sports”.
Depuis les premières ventes en 2020, ce sont 1000 fauteuils qui ont été écoulés. Un succès qui a permis des exports à travers toute l'Europe, le Japon, la Nouvelle-Zélande ou encore l'Australie mais qui a aussi attiré de nouveaux pratiquants. Sébastien Passemard, co-fondateur de PlayMouvin', indique : “On a mis des enfants en situation de handicap mental sur des fauteuils. On s’est aperçus qu’ils se sentaient bien. C’est génial de voir des enfants qui se sentent bien et s’amusent. Ils se sentaient aussi en sécurité, ce qui est très important. Ils ne faisaient pas de mal aux autres et à eux-mêmes”.
Une nouvelle version du fauteuil verra le jour en 2024. Une production étendue pour que le parasport continue son développement aux quatre coins du globe.
Propos recueillis par Romain Leloutre / France 3 Auvergne.