“Il n’y a pas d’âge pour réaliser ses rêves” : des résidents d’un EHPAD s’offrent un vol en paramoteur

Karting, trot attelé, char à voile, … Dans cet EHPAD du Puy-de-Dôme, on multiplie les activités qui décoiffent. Dernière expérience en date pour ces seniors : un vol en paramoteur. Qui a dit que les retraités ne savaient pas s'amuser ?

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Ce mercredi 5 septembre, Renée a réalisé son plus grand rêve : voler comme un oiseau. Dans le ciel, à plus de 200 mètres d'altitude, l'octogénaire s'est envolé en paramoteur. C'est le défi lancé par Florent Ferragu, directeur de l’EHPAD de Champeix à ses résidents. Renée et cinq autres aventuriers ont tenté l'expérience pour devenir aviateurs le temps d'une journée. 

“Roulez, vieillesse !” 

Sur les hauteurs du sanctuaire, près du lac Chambon, Renée, 82 ans, est venue en découdre. Elle a déjà fait du karting, du trot attelé et un saut en parapente grâce à l’EHPAD. Alors, ce vol en paramoteur, c’est une promenade de santé pour elle : “J’adore ça ! J’ai fait du karting alors que je ne conduisais plus. Et là, je vais faire un vol en paramoteur alors que j’ai un peu le vertige. Comme quoi, tout est possible”. Renée est une téméraire, un brin casse-cou. Elle l’a toujours été d’ailleurs : “Je faisais beaucoup de sport quand j’étais jeune. Je faisais 30 km de course par jour, de la gymnastique, de la randonnée. Je déteste ne rien faire. Il faut que je bouge sans cesse”. Renée est si hyperactive qu’elle a enchaîné, au cours de sa vie, trois métiers différents pour “éviter de s’ennuyer”. Avec une carrière aussi riche, Renée n’a jamais eu le temps de faire ces activités. Alors, à 82 ans, elle savoure chaque instant de ces expériences uniques. Mais attention, n’allez surtout pas lui dire que ces loisirs sont réservés aux jeunes : “Il n’y a pas d’âge pour réaliser ses rêves. Les vieux aussi ont le droit de faire du karting ou de voler en paramoteur. Je vous bats à la course sans problème”, s'amuse-t-elle. Elle poursuit : “C’est maintenant ou jamais. On n’a pas trop le temps de cogiter. Et puis, à mon âge, on n'a pas grand-chose à perdre. Alors, roulez vieillesse, comme je dis”.  

En effet, il n’y a vraiment pas d’âge pour tester ses limites. C’est ce qu’est venue prouver Micheline, 93 ans. Cette nonagénaire est la doyenne du groupe, mais pas seulement. Elle est également l’élève la plus âgée de François Jaillet, moniteur de vol : “La personne la plus âgée que j’ai accompagnée jusqu’ici avait 90 ans et elle s’appelait aussi Micheline. Le hasard fait bien les choses”. Cette ancienne libraire a hâte de savourer ce moment “extraordinaire” : “J’ai fait plus d’activités ici en 5 ans que dans toute ma jeunesse. J’ai répondu présent à toutes les activités même au grand saut dans la piscine. Alors, je ne pouvais pas dire non à celui-là. Il faut montrer l’exemple”, sourit-elle, fièrement. Elle poursuit : "Dans ma carrière de libraire, je n'ai pas eu le temps de vivre des expériences. Mon travail inspirait plutôt le calme et puis j'étais de nature prudente. Maintenant, je n'ai plus rien à perdre. Faut vivre les choses à fond !". 

Revivre des sensations oubliées 

Nous suivons les six courageux dans leur aventure. Avant le plein d’adrénaline, direction le briefing pour une première mise en situation. À quelques minutes du départ, la pression monte. "Ça secoue beaucoup là-haut ?", demande Micheline, un peu inquiète. “Bon, qui pour une dernière volonté ?”, taquine Aurélie, l’animatrice, pour détendre les peureux. C’est le moment du premier vol. “Qui se lance en premier ?”, réitère Aurélie. Une main se lève avec aplomb. C’est Graciella. Discrète jusqu’à maintenant, elle trépignait d'impatience dans son coin : “Je veux vite le faire. Je ne sais pas si c’est parce que j’ai peur ou hâte. Mais je veux vite m’en débarrasser”. “C'est génial, à tantôt en bas", nous lance-t-elle au moment d'embarquer. Un dernier sourire et puis le grand frisson. Le moteur s’allume et voilà Graciella 200 mètres plus haut, juste au-dessus de nos têtes. Dans le ciel, l'octogénaire profite de ce moment précieux. 15 minutes de plénitude au milieu des oiseaux. Une fois revenue sur la terre ferme, Graciella a encore la tête dans les nuages : “On est bien. On voit le paysage. On prend un grand bol d’air frais. C’est agréable. C’est quand qu’on le refait ?”.

Autonomie et liberté 

Les vols s’enchaînent et les sourires à la redescente restent les mêmes pour chacun. C’est au tour de Bernard. Ses enfants, Jérôme et Caroline, et son petit-fils Maxence ont sauté sur l'occasion pour voir leur père (et grand-père) voler. Ils ont fait le déplacement pour voir l’exploit. Ils voient un octogénaire métamorphosé. Jérôme reste bouche bée : “Il me scotche ! Il y a encore quelques jours, il ne parlait pas. Il était assez renfermé. Et là, il a l’air libéré, voire confiant. C’est incroyable. Je suis impressionné par ce qu’il vient de faire à son âge. Confier sa vie pour s'envoler aussi haut, c’est une chose que je ne pourrais pas faire. Et pourtant, je n'ai pas le vertige. C’est un souvenir gravé à vie”. Il poursuit : “Il a toujours été très actif. Je tiens d'ailleurs ça de lui”, analyse Jérome, les yeux rivés vers le ciel. Malgré son tempérament d’aventurier, Bernard a bien failli ne jamais venir. Il a fallu un peu de soutien de la part de ses camarades résidents pour sauter le pas, nous relate Renée. “Il ne voulait pas le faire au départ. Il avait un peu d’appréhension parce qu’il n’en a jamais fait de sa vie. Mais je lui ai dit : ‘Il y a un commencement à tout, même à 80 ans”. Toutes les activités sont bonnes à prendre si on ne veut dire pas adieu à nos articulations”, plaisante le boute-en-train du groupe.

Ces aviateurs d'un jour émeuvent Cindy, la maîtresse de maison au sein de la résidence : "Qui leur aurait dit qu’à cet âge-là, ils feraient un vol en paramoteur au-dessus du lac Chambon ? On leur aurait dit cela, il y a 30 ans, ils nous auraient ri au nez. Ça fait plaisir de les voir partants pour faire des activités. Bon, des fois, il faut les stimuler un peu. Quand Marcel est redescendu, je lui ai dit : ‘Alors, vous auriez regretté de ne pas être venu ?”. Il m’a répondu : “Ah, oui !”.  Il a même rajouté que c’était spectaculaire". Un moment privilégié qui crée du lien entre les employés et les résidents : "Quand on reste à l'EHPAD, on échange mais on reste dans le climat du boulot et il y a cette distance entre eux et nous. Ce qui est normal parce qu'on ne se connaît pas tant que ça. En partageant ce souvenir, ils ne nous voient plus comme leur simple infirmière ou accompagnante. Ils nous voient presque comme leurs amies"

Ce vol en paramoteur, c’est un pied-de-nez à la monotonie du quotidien. Renée confie : “J’étais en maison de repos. Je restais beaucoup chez moi. On m’a conseillé d’aller en EHPAD. Je m’ennuyais et ça se ressentait niveau santé. Quand on ne fait rien, on réfléchit beaucoup. Je suis tombée sur le bon EHPAD. Faire ce genre de choses, c’est comme une cure pour moi”.  

Des paralysés peuvent voler en paramoteur, alors pourquoi pas eux !

Florent Ferragu, directeur de l'Ehpad de Champeix

Avec toutes ses activités, Florent Ferragu a plus l’impression de gérer une colonie de vacances qu’un EHPAD et il ne regrette en rien ses choix. C’est d’ailleurs l'objectif recherché derrière tous ces loisirs : donner une seconde jeunesse à ses résidents. “Les EHPAD, ça reste de la vie. On a cette image de lieu austère où les mamies font du tricot et jouent aux cartes ou passent leur temps à faire la sieste. Non, chez nous, je veux que ça bouge. Je veux leur prouver que malgré leur âge, ils peuvent le faire, ils peuvent s’amuser. Il y a des loisirs qui sortent de l’ordinaire qui leur sont accessibles. Le directeur de l'EHPAD n’a voulu exclure aucun résident de ces activités. C'est pourquoi les loisirs sont auto-financés. “Cela nous coûte environ 7 000 euros par an pour organiser tout cela, indique Florent Ferragu. La moitié est financée par l’ANCV, grâce à leur programme 'senior en vacances'. Et l’autre moitié est financée par l’EHPAD, grâce aux tombolas, aux ventes de bracelets et de bières que l’on fabrique. On est un EHPAD associatif. On demande seulement une participation de 25 euros aux résidents mais si l'un d'eux ne peut pas apporter la somme, on le prendra quand même"Il espère être une source d’inspiration : “Je rêve que d’autres EHPAD fassent la même chose. Ça permettrait de changer l’image des EHPAD et de nos aînés plus largement”

En cinq ans, l'EHPAD de Champeix a permis de concrétiser plus d’une dizaine de rêves de "jeunesse" et s'est fixé pour objectif de continuer. Par exemple, la semaine prochaine, les retraités vivront une nouvelle aventure : le char à voile. 

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