En 2021, on comptait 550 groupes d'Alcooliques anonymes en France. Parmi celui de Clermont-Ferrand, on retrouve Pierre qui a fêté ce week-end sa 10ème année d'abstinence lors d'une réunion.
Il y a des dates qui restent dans les mémoires. Pour Pierre (le prénom a été changé), il s'agit du 4 novembre 2013 : le jour où il a posé son verre et ne l'a jamais repris. Ce week-end, il célébrait ses 10 ans d'abstinence durant une réunion organisée par les Alcooliques anonymes, spécialement pour lui, dimanche à 10h30.
Devant une quinzaine de personnes, Pierre se lance, avec un grain d'émotion dans la voix. Il commence par expliquer que le 5 novembre 2005 est le jour où il pousse pour la première fois la porte des Alcooliques anonymes. "Il y a des chiffres qui sont comme un signe du destin. J'ai réalisé que le 5 novembre, c'était le jour de l'anniversaire de l'un de mes fils, et c'est le jour qui a fait basculer ma vie". Il vient à cette première réunion accompagné d'un lourd bagage. "Quinze jours avant, ma vie était en train de prendre une direction très malsaine. J'étais convoqué par la justice pour violences conjugales sous l'effet de l'alcool, j'en étais arrivé là". Le quinquagénaire écoute alors les autres exprimer ce qu'il avait en lui, ce qu'il vivait depuis des années : "Ils m'ont donné beaucoup d'espoir lors de cette première réunion. Ils m'ont donné l'espoir qu'à 35 ans, il est possible de vivre sans alcool alors qu'on a passé une grande partie de sa vie avec. Je savais que j'avais dépassé une limite et que si je continuais ma vie allait empirer".
"Le miracle se construit jour après jour"
Le 4 novembre 2013, Pierre ne se doute pas que son verre sera le dernier : "Je me suis réveillé trois jours plus tard. Ce n'était pas un verre d'alcool, c'était un verre qui aurait dû me tuer". Il n'a jamais lâché les Alcooliques anonymes, même pendant ses périodes de rechute.
Quand il est arrivé en 2005, il venait pour trouver une "solution miracle" mais il ne savait pas que "le miracle se construisait jour après jour". Pendant longtemps, il se rendait aux réunions sans adhérer aux douze principes de l'organisation, contraires à ce qu'il était : "On me suggérait des attitudes qui n'étaient pas les miennes comme communiquer - ne serait-ce que de dire que je ne suis pas bien - ou de demander de l'aide". Ses amis du "cercle" lui lâchaient souvent des "continue, tu verras un jour ça va marcher, ça marchera comme pour nous" et "un jour sans m'en rendre compte ça s'est mis à marcher", confie-t-il. Aujourd'hui, Pierre se sent "joyeux", "heureux", et enfin "libre" de cette longue emprise que fut l'alcool.