L'escrimeur Ludovic Lemoine va tenter de participer à ses troisièmes jeux paralympiques, après une médaille d'argent à Londres et une médaille de bronze à Rio. À 38 ans, ce sportif de haut niveau originaire de Clermont-Ferrand a pour seul objectif : les JO de Paris.
Le Clermontois Ludovic Lemoine est parti pour croiser le fer. Séance intensive avec son maître d’arme, avec comme objectif, les jeux paralympiques de Paris. Le rêve : décrocher un billet pour les JO, au terme d’un interminable parcours de qualification de 18 mois. "C’est un long parcours. On a commencé en novembre 2022 et on va finir en mai 2024. Mais je suis très heureux de m’être lancé dans cette aventure. Comme je le disais quand j’ai commencé ce cycle, les JO de Paris, je ne pouvais pas prétendre d’y être, forcément, mais je n’ai pas le droit de ne pas tout mettre en place pour essayer d’y être."
"On peut être très heureux malgré un handicap"
Un cancer du fémur à l’âge de six ans, une amputation de la jambe droite, Ludovic Lemoine veut d’abord montrer qu’il vit comme tout le monde.
Le handicap, ce n’est pas un tabou, ce n’est pas un drame, on peut être très heureux malgré un handicap.
Ludovic Lemoine, escrimeur paralympique
"On peut faire plein de choses dans la vie et c’est un peu mon leitmotiv au quotidien. Je ne veux pas que les gens me voient comme un handicapé avec un regard de compassion, mais au contraire, qu’ils soient impactés par le dynamisme avec lequel je peux afficher mon handicap."
Papa d’une petite fille de sept ans, il a géré sa vie comme s’il était valide. Ludovic a porté une prothèse jusqu'à sa majorité, avant de l’abandonner. "Quand j’ai eu 18 ans, les médecins m’ont dit que c’était important que je la garde pour éviter d’avoir des problèmes de dos en grandissant, mais que maintenant que j’avais fini de grandir, je n’étais plus obligé de la mettre. Le jour où on m’a dit ça, je l’ai mise au placard. Je ne suis pas dans la tête des gens, mais quand je fais mes activités, j’essaie qu’ils ne se disent pas "regarde le pauvre handicapé", mais plutôt "il n'a qu’une jambe, et même avec ses béquilles, il va vite, il grimpe, il sort, il profite à fond." Et c’est vraiment cette image que j’essaie de renvoyer."
Le public comme source de motivation
Deux participations aux jeux paralympiques : à Londres en 2012, avec une médaille d’argent par équipe, et à Rio, en 2016, avec une médaille de bronze cette fois, toujours par équipe, au fleuret.
J’ai toujours envie de compléter la collection, et puis surtout, devant le public à Paris… C’est surtout ça qui me donne vraiment envie d’être bon ce jour-là.
Ludovic Lemoine, escrimeur paralympique
"J’ai eu la chance de vivre un championnat du monde qu’on avait eu au Grand Palais, donc je me suis rendu compte de ce que ça faisait d’être sous la grande nef. Ça avait été un évènement magique. Et j’ai vraiment envie de retrouver cette ambiance et ce contact avec le public."
"C'est le moment ou jamais"
Ludovic est employé dans une agence bancaire clermontoise. Et pour préparer les jeux de Paris, il sera en disponibilité, grâce à la bienveillance de son employeur. Il en est d’ailleurs très reconnaissant : "sans vous, je n’aurais pas pu mener ce projet, déclare-t-il à son patron. Surtout que les jeux de Paris, c'est une chance unique, il n’y en aura pas d’autres. Donc c’est le moment ou jamais."
Philippe Brandely, son employeur, est admiratif de sa force de caractère. "Il a cette capacité à toujours vouloir y arriver. Il est têtu et il a cette aura qu’il dégage autour de lui ? On est un peu construit pareil, donc je me retrouve un petit peu en lui. Mais Ludovic est quand même beaucoup plus fort que moi."
Avec son maître d’arme du stade clermontois, le Sénégalais Ndoffene Ndiaye, Ludovic Lemoine peaufine sa technique au sabre.
Il n’y a pas de surprise, ça se mérite une place. Et il mérite la sienne.
Ndoffene Ndiaye, maître d'arme de Ludovic Lemoine
Classé au 7ᵉ rang mondial, il met tout en œuvre pour participer à une troisième olympiade.