Il y a 100 ans, Chamonix entrait dans l'histoire olympique en accueillant, en 1924, les premiers JO d’hiver. Une exposition raconte l'aventure de cette semaine internationale des sports d'hiver, ainsi qu’elle était initialement nommée.
Saviez-vous que, lors des premiers JO d’hiver, toute l’équipe de France de ski de randonnée avait attrapé la grippe ? Que la ville de Chamonix n’avait pas été choisie par hasard pour l’organisation de ces jeux ? Que cette semaine de compétition était d'abord considérée comme semaine internationale des sports d'hiver avant d'être les premiers JO d'hiver de l'histoire ?
À Chamonix, dans le cadre du centenaire des Jeux olympiques d’hiver, une exposition nous plonge dans les coulisses de ce qui fut, à l’époque, la semaine internationale des Jeux d’hiver.
Chamonix, le choix parmi plusieurs villes
Chamonix, 25 janvier 1924, seize nations défilent, dans l’ordre alphabétique, avant de se retrouver sur la place de l’hôtel de ville de Chamonix : l'Autriche est en tête et la Yougoslavie ferme la marche. Il s'agit de la cérémonie d'ouverture applaudie par plus de 2 000 personnes.
🥇 | 𝐈𝐥 𝐲 𝐚 𝟏𝟎𝟎 𝐚𝐧𝐬 𝐣𝐨𝐮𝐫 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐣𝐨𝐮𝐫 𝐬𝐞 𝐭𝐞𝐧𝐚𝐢𝐭 𝐥𝐚 𝐜𝐞́𝐫𝐞́𝐦𝐨𝐧𝐢𝐞 𝐝'𝐨𝐮𝐯𝐞𝐫𝐭𝐮𝐫𝐞 des Jeux Olympiques d'hiver de Chamonix 1924.
— Département de la Haute-Savoie (@Dep_74) January 24, 2024
Ces JO étaient 𝐥𝐞𝐬 𝐩𝐫𝐞𝐦𝐢𝐞𝐫𝐬 𝐉𝐞𝐮𝐱 𝐨𝐥𝐲𝐦𝐩𝐢𝐪𝐮𝐞𝐬 𝐝'𝐡𝐢𝐯𝐞𝐫 𝐝𝐞 𝐥'𝐇𝐢𝐬𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞 ! pic.twitter.com/wGUFAcD8Y8
"Plusieurs villes ont postulé, explique Aurore Montesi, la chargée de la gestion de la maison de la mémoire et du patrimoine, lieu de l'exposition, il y avait Gérardmer dans les Vosges, Luchon dans les Pyrénées, mais c’est Chamonix, la ville qui a été choisie, car elle avait beaucoup d’atouts. Elle était réputée pour être déjà une station de sports d’hiver et d’accueil touristique donc habilitée à accueillir du monde. Il y avait déjà une bonne dizaine d’hôtels et il y avait des infrastructures ferroviaires et des axes routiers pour accueillir tous ces gens."
Construction des infrastructures en un temps record
En revanche, pour les infrastructures sportives, il n’y a pas grand-chose. Et organiser ces jeux est un véritable défi pour la municipalité de l'époque. Elle va engager beaucoup d’argent et les habitants vont, eux aussi, devoir s’investir. En à peine huit mois, la plus grande patinoire du monde va être construite, une patinoire de 36 000m² : "Même si Chamonix avait l’habitude d’organiser des compétitions, les infrastructures étaient trop modestes pour un événement de cette envergure-là, donc il a fallu construire une très grande patinoire, un pavillon des sports, la piste de bobsleigh, le tremplin de saut à ski. Il faut évidemment souligner l’implication des Chamoniards dans la création de ces infrastructures."
"Ce sont aussi les locaux, ajoute Julien Sorez Historien du sport, qui vont conduire les visiteurs avec des traîneaux des hôtels vers la gare et sur les lieux de compétition."
Les Français derniers du classement ?
Très engagés dans l'organisation, mais un peu moins dans la compétition. À domicile, les Français ne vont pas vraiment briller lors de ces JO. En effet, la France se classe 9ᵉ en remportant seulement trois médailles de bronze : "Ils ont remporté trois médailles en curling, en patinage artistique de couple et en patrouille militaire qui est l’ancêtre du biathlon, nous dit Aurore Montesi. La France n’a pas eu de chance pour certaines épreuves, pour le ski de randonnée par exemple, l’équipe de France est entraînée par Alfred Couttet, bien connu des Chamoniards, triple champion de ski par le passé, mais il a dû entraîner une équipe malade. Toute l’équipe de France avait contracté la grippe, donc ils n’étaient pas du tout en forme pour les épreuves."
Les Norvégiens terminent 1er au classement en remportant 17 médailles avec 16 athlètes présents, suivis par les Finlandais qui décrochent 11 médailles.
Des JO nommés JO, un an plus tard
Mais lors de cette exposition, on apprend aussi pourquoi cette semaine fut nommée officiellement Jeux olympiques d'hiver, seulement un an après avoir eu lieu.
"Il y avait une trop forte opposition des pays nordiques, qui organisaient chez eux des jeux d’hiver avec toutes les épreuves de ski de fond, de ski de vitesse, pour que ces jeux soient considérés comme olympiques", explique Claude Marin, l'ancien responsable de la culture auprès de la mairie de Chamonix.
Mais face au succès rencontré à Chamonix, avec plus de 10 000 spectateurs présents, les pays nordiques abandonnent leurs réserves et la semaine internationale de Chamonix est requalifiée, un an plus tard, le 27 mai 1925, comme étant les premiers Jeux olympiques d'hiver de l'histoire.
L'exposition est à voir jusqu'au 25 mars à Chamonix à la maison de la mémoire et du patrimoine Janny Couttet.