Journée internationale des droits des femmes : le 25 Gisèle Halimi, un refuge unique en France

Près d’un millier de femmes accueillies en seulement un mois : le 25 Gisèle Halimi, à Clermont-Ferrand, centre d’accueil pour les femmes qui traversent des difficultés, a su trouver la bonne recette. Le secret : la polyvalence. On vous ouvre les portes de ce centre, unique en France.

Il n’en existe qu’un en France et il est à Clermont-Ferrand : le 25 Gisèle Halimi accueille, accompagne et soutient les femmes qui rencontrent des difficultés. Pour les accompagner au mieux, le centre mise sur la polyvalence des accompagnements proposés. C’est ce qui fait sa particularité. Le centre ne se concentre pas sur une seule problématique, mais balaye au plus large possible : “On a réfléchi le projet d'établissement du 25 Gisèle Halimi, sur le principe de dire que des femmes, quelles que soient leurs difficultés, quels que soient leurs besoins, peuvent avoir besoin d’une multitude de réponses et que parfois, c'est difficile de trouver la bonne réponse. On signifiait avec ce lieu que n'importe quelle question qu'on peut se poser, n'importe quel besoin qu'on peut avoir, on peut pousser la porte du 25 Gisèle Halimi. On fera toujours en sorte de trouver la bonne orientation, le bon dispositif ou juste de pouvoir permettre aux femmes d'échanger, de discuter, de se poser et passer un petit moment de répit dans le lieu”, explique Karine Plassard, responsable de la mission Egalité des droits à la ville de Clermont-Ferrand. 

De multiples partenaires

Chaque femme qui pousse la porte du centre doit pouvoir y trouver une aide adaptée, et pour cela, le centre joue collectif. Plusieurs partenaires sont sur le lieu, dont la ville de Clermont qui assure la mission Égalité des droits, décrit Karine Plassard : “On fait l'accueil du public, l'accueil général et les entretiens de première évaluation des femmes qui viennent et qui n'ont pas rendez-vous avec d'autres partenaires, sur plein de sujets : du soutien à la parentalité, des problèmes de logement, des questionnements de droits...” Dans la structure, on trouve 3 autres partenaires permanents, dont le Planning familial, avec notamment un centre de santé dédié aux soins gynécologiques pour toutes les femmes. “Cela peut être des mineures, des femmes qui n'ont pas de couverture sociale et toute femme qui a des difficultés à trouver un suivi gynécologique sur le territoire. En plus du centre de santé, sont proposées les activités habituelles du planning familial et notamment la possibilité de rencontrer des conseillères conjugales et familiales”, indique Karine Plassard. 

Des assistances diverses

Le 2ème partenaire permanent est l’association France victimes : "Elle a un point accueil où les femmes victimes de violence peuvent venir, éventuellement rencontrer une intervenante sociale pour faire une évaluation de leur situation, voir comment elles peuvent être accompagnées, mais aussi rencontrer une psychologue adulte et une psychologue qui suit les enfants qui sont co-victimes de ces situations.” Enfin, le dernier partenaire sur site est le CIDFF 63 (Centre d'information sur les droits des femmes et des familles) avec “notamment les conseillères insertion professionnelle qui peuvent accompagner des femmes dans une démarche de recherche d'emploi.” En plus de tous ces permanents, un nombre important de permanences d'autres partenaires sont proposées, entre autres du Conseil départemental avec des assistantes sociales spécialisées dans les violences intrafamiliales, des permanences juridiques, des avocats, des notaires... Une soixantaine d’intervenants sont accessibles via le 25 Gisèle Halimi. 

"On est déjà pratiquement au double de ce qu'on avait prévu"

Sur le premier mois de fonctionnement, le centre a accueilli un millier de personnes, beaucoup plus que ce à quoi s’attendaient les partenaires et Karine Plassard : “La moitié des personnes qui ont été accueillies sont les consultations au centre de santé. Ça veut dire qu'il y a une vraie attente et une vraie demande sur l'accès aux soins et suivi gynécologique sur le territoire. Sinon ce sont des femmes qui sont venues faire un premier entretien d'évaluation. C'est très divers. Ça peut être de la demande de soutien psychologique suite à des violences sexistes et sexuelles, ça peut être des demandes de soutien dans le cas de d'une maternité, d'une maman qui se retrouve seule et qui a besoin d'un soutien et d'aide à la maison. Dans ce cas, on oriente sur des dispositifs de la CAF. Ça peut être de la recherche d'emploi, ça peut être des problématiques de papier, de demande, de régularisation, de séjour pour des femmes migrantes...." Cette importante fréquentation fait suite à un réel besoin, anticipé par les créateurs du centre. Anticipé mais pas tout à fait mesuré, reconnaît Karine Plassard : “On avait fait une estimation avant l'ouverture, on pensait un passage de 600 personnes mensuelles, ce qui nous semblait déjà pas mal, et on est déjà pratiquement au double de ce qu'on avait prévu. Je n'ai pas le comptage pour le mois de février mais l'activité n'a pas diminué. On sent même qu'on est de plus en plus sollicité au niveau des appels téléphoniques. Ça a démarré doucement et en février, on a bien explosé. Je pense qu'en effet ça répond à une demande et une attente du public. 

Créer un lien de confiance

Le modèle fait des émules. D’autres villes comptent s’inspirer de ce centre multifonctions et créer des lieux où les femmes, quelles que soient leurs difficultés, trouveront écoute, réponses et réconfort : “On a d'autres villes qui nous ont contactés dernièrement. Par exemple, on a la ville de Saint-Nazaire qui imagine aussi un lieu dans la même philosophie, c'est-à-dire pas uniquement dédié aux femmes victimes de violence. Il y a d'autres lieux, notamment portés par les CHU qu'on appelle des maisons des femmes, qui sont dédiées uniquement aux femmes victimes de violence. On n'a pas voulu juste se dédier à ce public-là, d'abord pour permettre à des femmes victimes de violences de pas venir forcément avec cette étiquette là et d'avoir la possibilité de simplement venir nous rencontrer, discuter, échanger, créer du lien, avoir confiance en nous avant de pouvoir faire la démarche de nous parler. D'autres villes ont envie de s'inspirer du modèle clermontois pour répondre, sous un format guichet unique, aux besoins des femmes de leur territoire”, se félicite Karine Plassard. 

Des problématiques multiples

Ce besoin s’est fait sentir car, bien souvent, les femmes en difficultés ont besoin de multiples accompagnements. La violence par exemple, peut entraîner des problèmes de santé, ou des difficultés financières. Pour cela, le centre tente d’être le plus exhaustif possible : "On se rend compte que quand elles viennent pour une problématique, en fait, il y a plein de portes d'entrée, plein de solutions à trouver et plein d'orientations adaptées. Par exemple, on a des femmes qui sont reçues au centre de santé sur lequel il va y avoir un échange avec les médecins, sur des violences par exemple, elles vont pouvoir avoir une orientation directe avec l'intervenante sociale du point accueil jour ou une orientation vers nous s'il y a d'autres difficultés, par exemple sur du soutien à la parentalité. On essaye, autant que faire se peut, d'être dans l'accompagnement global des femmes sur toutes les problématiques qu'elles peuvent nous apporter”, explique Karine Plassard. 

Des retours positifs

Malgré sa volonté, parfois, le centre n’a pas toutes les réponses immédiatement, mais les différents intervenants s’attachent à créer un lien de confiance. “On n'a pas de baguette magique, on fait aussi avec les moyens que nous avons et on fait du mieux qu'on peut. Des fois on ne sait pas répondre tout de suite donc on prend le temps de chercher et de rappeler les femmes. Pour l'instant les femmes ont plutôt un retour positif, elles reviennent. On a aussi un lieu de répit dans la structure donc elles reviennent parfois simplement pour discuter, boire un café ou prendre une petite demi-heure pour lire. On a déjà des habituées qui viennent régulièrement. Ça nous tenait beaucoup à cœur, avant l'ouverture, dans le projet d'établissement, de travailler l'accueil et qu'on prenne à chaque fois le temps dont elles avaient besoin. Elles ont besoin de quelqu'un pour les écouter, échanger avec elles, qui va être dans le non-jugement et la bienveillance. Parfois, on a fait déjà 60% du travail !” rappelle Karine Plassard. 

"On sent bien que pour certaines femmes, on est la dernière bouée de sauvetage"

Souvent, Karine Plassard reçoit des femmes qui ont déjà tenter de trouver des solutions, sans succès : “On a travaillé sur un état des lieux et un diagnostic avant de travailler sur le projet d'établissement. On savait qu'il y avait cette attente. Dans le contexte social post-COVID et les difficultés de précarité, on sait que ce sont les femmes qui sont souvent touchées de plein fouet, notamment les familles monoparentales. On sent bien que pour certaines femmes, on est la dernière bouée de sauvetage. Elles ont souvent déjà fait des démarches qui n'ont pas abouti et elles viennent pousser la porte du 25 Gisèle Halimi parce qu'elles n'ont pas réussi à trouver les réponses.” Pour être de plus en plus complet, le centre compte bien agrandir son offre et bien souvent, ce sont les professionnels qui viennent à lui : “On est sollicités. Par exemple, on a une dernière sollicitation d'une sophrologue qui nous a proposé de venir faire des ateliers de sophrologie pour le public qu'on reçoit de manière bénévole.” Selon Karine Plassard, ce type de sollicitations se multiplie depuis l'ouverture de ce refuge pas comme les autres.  

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