Le 1er décembre, c’est la journée mondiale contre le sida et le nombre de nouvelles contaminations dans le monde ne diminue plus depuis 2005. Dans le Puy-de-Dôme, associations, médecins et étudiants ont chacun leur moyen pour inciter la population à se faire dépister.
Ce sont quatre photos de couples nus, d’apparence inoffensive. Mais la nouvelle campagne d'Aides, principale association française qui milite pour le dépistage du VIH, fait polémique.
À l’image de la campagne du gouvernement rendue publique plusieurs jours plus tôt et interdite d’affichage dans certaines villes françaises, la vision de couples hétorosexuels et homosexuels en pleins ébats amoureux ont dérangé certain internautes. Une vague de protestation a conduit à la fermeture de la page Facebook de l’association pendant 24 heures fin novembre.
Notre page Facebook est momentanément inactive. Retrouvez la campagne #Révélation sur https://t.co/5PZ7Qu4bS5 On revient vite promis! Bisous pic.twitter.com/QB8wCPA0Sc
— Association AIDES (@assoAIDES) 25 novembre 2016
« Pendant des années, il fallait essayer de faire peur – les Anglo-Saxons étaient très forts là-dessus – pour que les gens se fassent dépister. Maintenant, on est dans la vie, le partage, l’amour. Et c’est quand même plus agréable, » observe Agnès Daniel, présidente d’Aides Auvergne. Pour elle, la campagne visait surtout à montrer qu’on peut vivre comme tout le monde en étant séropositif.
Garantir « une qualité de vie équivalente » à celle des non-infectés
À Clermont-Ferrand toujours, le dispensaire Emile Roux est habilité comme centre gratuit de dépistage et de diagnostic depuis le 1er janvier 2016. À sa tête, on trouve le docteur Jean Perriot: il est un observateur des évolutions de la maladie depuis 30 ans.« Ce qui a changé, c’est qu’on peut proposer aux personnes infectées par le VIH des traitements qui leur garantissent une qualité et une espérance de vie équivalente aux personnes non-infectée, souligne le médecin. Le dépistage est un temps important, puisque c’est l’occasion de faire le point sur les risques que l’on prend, et sur les moyens que l’on peut mettre en œuvre pour ne plus prendre ces risques ».
Au centre Emile Roux, 2541 tests VIH y ont été réalisés depuis le début de l'année, et six se sont révélés positif. Toute une équipe reçoit des patients pour des consultations anonymes qui amènent à parler d'intimité. « On parle de sexe, d’amour, de maladie, de leurs pratiques. Il faut qu’on sache s’ils sont homosexuels ou hétérosexuels, » énumère Amélie Touzé, interne au dispensaire.
Sensibiliser à l'université et sur les réseaux sociaux
Pour informer sur le dépistage, il faut aller au contact de la population. Briser les tabous, parler du sida sans détours, c'est la mission des étudiantes relais santé du service médical universitaire. Six volontaires qui ont reçu une formation de 20 heures pour aller à la rencontre des autres étudiants.« Ce qu’il faut dire aux jeunes, c’est les jeunes qui vont nous le dire. C’est pour cela que l’on a besoin d’étudiants relais santé : ils nous expliquent comment communiquer [auprès des étudiants], signale Laurent Gerbaud, chef du service de santé universitaire Clermont-Ferrand. Il y a trente ans, lorsque j’étais jeune directeur, j’avais obtenu de faire acheter des préservatifs par les universités. À l’époque, le mot « préservatif » ne se prononçait à peine ! »
Parmi les moyens modernes de la communication, les réseaux sociaux ont bien sûr une place importante. À l'image du concours « VIH Pocket Film », des jeunes de 15 à 25 ans étaient invités à réaliser un court métrage avec leur smartphone, sur le thème de la prévention.
C'est une auvergnate qui a remporté le 3ème prix en 2015. Florine Hénault de Pérignat-les-Sarlièves y raconte en une minute trente l'histoire d'une jeune fille qui a découvert sa séropositivité et décide de protéger son entourage, plutôt que de renoncer à la vie.