Audrey allait avoir 26 ans lorsqu’elle a trouvé la mort le 5 octobre 2014 à Perrier, percutée de plein fouet par un véhicule roulant à très vive allure. Un véhicule conduit par un trentenaire fortement alcoolisé, en état de récidive, jugé jeudi par le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand.
La salle d’audience est bien trop petite. Devant la porte, une quinzaine de personnes attend, un autocollant au nom d’Audrey sur le cœur et pour certains, une bombe d’équitation en main destinée à rendre hommage à cette cavalière hors pair tuée sur la route de Perrier en 2014, quelques jours seulement avant son vingt-sixième anniversaire.
Ce terrible 5 octobre, où la jeune championne d’équitation qui partait pour une compétition au petit matin a croisé la route de M’Hamed S., un trentenaire qui rentrait de boîte de nuit au volant de son cabriolet 230 chevaux, roulant à très vive allure alors qu’il était fortement alcoolisé et sous l’empire du cannabis.
Blessés mais vivants
Un choc frontal fatal à Audrey, et qui aurait pu coûter la vie à deux autres jeunes hommes que le chauffard avait croisé sur sa route et embarqué dans sa voiture, et qui ont eu la chance de s’en sortir blessés mais vivants.
A la barre, veste de costume, pantalon serré et cheveux gominés plaqués en arrière, M’Hamed fait profil bas, tentant d’expliquer son comportement mais en en assumant toute la responsabilité. De cette soirée, il ne garde que peu de souvenirs, si ce n’est d’avoir bu « à outrance » et qu’il était « mal dans sa peau » après avoir visité sa grand-mère mourante.
Un état alcoolique confirmé par les lectures des témoignages de deux conducteurs qui ont croisé sa route peu avant le drame. « L’un d’eux a évité votre voiture qui roulait à une allure folle sur la gauche en se déportant sur le bas-côté et l’autre affirme que vous l’avez doublé sans visibilité à plus de 100km / heure et que vous zigzaguiez !» relate le président, avant de brandir la photo de la voiture d’Audrey totalement broyée, provoquant une vive émotion chez le prévenu qui détourne la tête, visiblement choqué. « Vous ne l’aviez jamais vue ? » lui demande le président. « Non », répond le jeune homme, le souffle coupé.
Un jeune homme dont la vie a été ponctuée de drames : la perte d’un jeune frère décédé après avoir passé dix ans dans le coma suite à un accident de la route puis plus récemment, l’agression à l’arme à feu qui a failli coûter la vie à ses deux autres frères à Orcines, le 21 janvier 2016.
Un jeune homme qui n’en était pas à sa première prise de risque puisqu’il a déjà été condamné trois fois pour avoir pris le volant alcoolisé, un état de récidive inadmissible pour le procureur de la république.
- « Qu’est-ce qu’il aurait fallu qu’il se passe pour que vous preniez conscience que votre comportement était dangereux ?
- Ce qui s’est passé… », répond le prévenu. La salle frémit.
- Il a donc fallu que vous tuiez une jeune fille pour comprendre ? », insiste le procureur avant de requérir une peine de cinq ans minimum d’emprisonnement.
Une peine espérée aussi par les parents de la jeune femme et son compagnon. « Cette disparition est un drame, et c’est une disparition qui aurait pu être évitée, plaide maître Collet, l’avocat du père d’Audrey. Ce dossier est celui de la détresse ».
Et maître Salomé Degoud, avocate de la mère et du compagnon de la jeune femme de mettre en doute la parole du prévenu, qui avant les plaidoiries a tenu à exprimer « la honte » qu’il éprouve devant ce tribunal, ses « regrets « et les pensées qu’il a « chaque jour pour Audrey et sa famille ». « Pourquoi une prise de conscience aujourd’hui ? » s’interroge l’avocate. Avant elle aussi de demander une peine à la hauteur de la souffrance de la famille de la victime mais aussi une peine qui puisse permettre au jeune conducteur de mesurer la gravité de son geste.
Des éléments ont donc été entendus par la cour, puisque M’Hamed a ecopé d’une peine de 5 ans d’emprisonnement dont 26 mois avec sursis, ainsi qu’une annulation de son permis de conduire et une interdiction de le repasser pendant 5 ans.