Découvrez la cathédrale de Clermont-Ferrand, joyau gothique en pierre de Volvic, et son histoire séculaire façonnée par les époques et les artisans.
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Toute de noir vêtue, elle se détache du paysage. Sur sa colline, la cathédrale de Clermont-Ferrand trône majestueusement. Durant plusieurs semaines, des mains s'attellent à la réparer quelques éléments de la cathédrale. Jean Lebideau, peintre-verrier, explique : « J'ai travaillé sur la restauration des vitraux. Sur une seule fenêtre c’est mon plus gros chantier. La fenêtre représente tous les vitraux d’une église paroissiale ordinaire. Il y a entre 30 et 50 m² de vitraux dans une église. Là, on a la même chose en une seule baie ».
L'héritage des anciens
Une baie qui est dans le cœur historique de la cathédrale. C’est l’un des derniers éléments construits de la période gothique entre le XVe et le XVIe siècle. Rémi Fromont, architecte en chef des monuments historiques, indique : « On apprend beaucoup de ce qu’ont fait les anciens. S’ils ont choisi des dispositifs, c’est pour une raison, généralement. Ce n’est jamais au hasard. Il faut prendre le temps de comprendre pourquoi ils ont fait ça. Si on change le dispositif, il faut voir ce que l’on apporte et ce que l'on perd. C’est très délicat. Généralement, il vaut mieux conserver des dispositifs qui fonctionnent sur le long terme, même si on n’a pas forcément compris leur système, parce que s’ils n’ont posé aucun problème, a priori, ils n’en poseront pas dans le long terme. Dès qu’on change un paramètre dans un édifice comme celui-ci, on risque d’avoir des changements en chaîne qu’on ne maîtrise pas parfaitement ».
L'importance de la pierre de Volvic
Par son architecture la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption a une place toute particulière dans l’Histoire. Rémi Fromont poursuit : « C’est le premier grand édifice gothique en Auvergne. A partir de ce moment-là, il va y avoir une réflexion très forte sur la construction des églises, pour en faire de style gothique et non pas de style roman. La cathédrale est l’importation du style royal français de Saint-Louis en Auvergne ». C’est aussi le premier édifice de cette taille à être construit en pierre de Volvic, cette pierre volcanique naturellement noire qui lui confère tout son charme. Dans l’entreprise Louis Geneste, on taille la pierre de la cathédrale depuis 1866. Jean-Marie Roche, conducteur de travaux sur la cathédrale, souligne : « Quand on manipule ces pierres, on se dit que d’autres avant nous les ont mises en place, avec d’autres moyens. Il y avait moins de moyens de levage et d’autres contraintes. Le fait de repasser derrière ces bâtisseurs qui ont mis en place ces pierres, il y a quasiment 200 ans, incite à respecter encore plus le travail ». Stéphane Raffault, directeur de l'entreprise Louis Geneste, rappelle : « Il y a beaucoup d’humilité, de respect et de fierté de pouvoir mettre notre pierre à l’édifice ».
Un chantier interrompu pendant 500 ans
Il a fallu beaucoup de temps pour assembler ces pierres. Les premières de la cathédrale gothique ont été posées à partir de 1248. On construit notamment le chevet, le chœur et la première travée de la nef. Le chantier va durer quelques années. Henri Hours, ancien directeur des archives départementales, précise : « Les bons connaisseurs d’architecture affirment que le chantier s’est interrompu autour de 1320-1330, début XIVe siècle, en période de crise économique, qui va être aggravée par la Guerre de Cent ans. C’est interrompu à la première travée, après la croisée du transept ». La construction reprendra seulement 500 ans plus tard. Rémi Fromont raconte : « Ce n’est qu’au XIXe siècle, après la visite de Napoléon III, qu’est officialisée l’idée d’étendre la cathédrale. On achève la cathédrale. On rajoute deux travées à la nef. On construit les deux grandes flèches ».
Une église inachevée
Régis Delubac, architecte des Bâtiments de France, conclut : « La décision a été prise d’achever la cathédrale et de confier le chantier à Viollet-le-Duc : c’est tout le massif occidental, statuaire compris, mais également la fin des dernières travées et une partie du mobilier, avec le maître-autel, le buffet d’orgue fait par Anatole de Baudot. On est sur une vision achevée d’une cathédrale idéale, même si dans les faits elle n’est pas du tout achevée ». Mais le sera-t-elle finalement un jour ? Après 120 ans d’attente, la cathédrale de Clermont-Ferrand va avoir droit à une seconde jeunesse.