Le ministre de la Santé Olivier Véran est en visite au CHU de Clermont-Ferrand pour le lancement de l’expérimentation du cannabis thérapeutique ce 26 mars. Il y a assisté à la première prescription de cannabis médical.
Le ministre de la Santé et des Solidarités Olivier Véran est au CHU de Clermont-Ferrand ce vendredi 26 mars pour le lancement de la campagne d’expérimentation du cannabis à usage médical. Il rencontrera le professeur Nicolas Authier, chef du service de pharmacologie médicale et Président du comité scientifique temporaire sur le cannabis à usage médical. Il assistera ensuite à la première prescription de cannabis thérapeutique.
Le ministre a déclaré : « On peut considérer que c'est un jour important pour l'histoire de la médecine en France, puisque notre pays commence aujourd'hui à reconnaître, dans le cadre d'un protocole thérapeutique, le cannabis comme étant un membre à part entière de la pharmacopée française. On peut l'exploiter dans certaines conditions comme un médicament, pour certaines indications tel que les douleurs réfractaires d'origine neurologiques, certains syndromes épileptiques, des douleurs cancéreuses, ou en soins palliatifs. C'est une histoire longue dans notre pays que l'histoire de l'usage médical du cannabis qui existe d'ailleurs la plupart des pays européens et qui jusqu'ici, était bloqué dans notre pays. Lorsque j'étais neurologue au CHU de Grenoble, il m'est arrivé d'être confronté à des patients qui eux-mêmes, s'automédiquaient. Une fois député, j'ai pû porter un amendement dans un texte de loi qui avait été voté à l'unanimité par le Parlement, et en tant que ministre de la Santé et des Solidarités j'ai le privilège de pouvoir désormais décliner ce protocole. En pratique, ce sont plus de 3000 patients français qui pourront bénéficier dès les prochains jours, les prochaines semaines, de traitements qui comportent des principes actifs dérivés du cannabis sous forme d'huile qui se boit où sous la forme de fleur de cannabis qui s’inhale avec des appareils spécifiques médicaux. En aucun cas il ne s'agit de fumer quoi que ce soit. Je rassure tout le monde.
"On a la nécessité de multiplier et d’étoffer l’arsenal thérapeutique"
Arrivé sur le site d’Estaing aux environs de 14h10, il a d’abord pris le temps de discuter avec l’équipe de Nicolas Authier. Au total, 3 000 patients, via 215 structures de référence, participeront à l’expérimentation. « On a la nécessité de multiplier et d’étoffer l’arsenal thérapeutique. Il y a énormément d’automédication, certains patients achetaient eux-mêmes leur fiole », témoigne une soignante. « Depuis plus d’un siècle on utilise des dérivés de l’opium, de la morphine, de la codéine et pourtant le cannabis n’est pas utilisé jusqu’à présent", regrette Olivier Véran. Le cannabis peut, selon les soignants, ouvrir l’appétit, améliorer le sommeil et surtout soulager certaines douleurs. Le ministre a déclaré qu’il avait « eu la chance » de porter le projet du cannabis à usage médical en tant que député. « On est attendus par beaucoup de patients », confie une soignante.
Le premier patient reçoit sa prescription
Avec l'équipe médicale, Olivier Véran se rend dans le cabinet du professeur Authier, qui va réaliser la première prescription de l'expérimentation : « Du personnel pour les hôpitaux monsieur Véran ! » crient des soignants sur son passage. "On commence par un médicament très riche en cannabidiol puis on va progressivement basculer vers un médicament où il y a plus de THC, on trouvera les posologies en 3 semaines ou 1 mois. La première ordonnance est donnée à l’hôpital et ensuite en pharmacie d’officine pour faciliter l’accessibilité", explique Nicolas Authier. « J’étais intéressé de faire partie de cette expérimentation pour calmer les douleurs que j’ai et pouvoir diminuer les traitements lourds. Ca fait 7 ans que je souffre », raconte le patient. " Jusqu'à présent, on a plutôt des médicaments partiellement voire pas du tout efficaces et qui ont quand même des effets secondaires pas à la hauteur de leurs bénéfices", regrette le professeur Authier. Il délivre ensuite l'ordonnance au patient, avec un "carnet patient" ou est rééxpliquée l’expérimentation. "C’est de la vaporisation à usage médical, le cannabis n’est pas fumé. On commence par de l’huile pour le traitement de fond et on pourra proposer au patient de vaporiser en cas de grosse crise et de douleurs fortes. On attaque avec 0,2% de THC et on augmente progressivement le dosage", explique le professeur Authier.
Un dosage progressif
La pharmacienne du CHU Estaing délivre son médicament au patient : "Je vous demande une vigilance toute particulière car c'est un produit qui aura tendance à donner de la somnolence. Il faut faire attention lorsque vous allez conduire". La pharmacienne lui explique ensuite comment prendre ce traitement expérimental : "Le médicament se présente de la manière suivante, sous forme huileuse. Vous avez un flacon et un kit inclus avec une partie où vous dévissez votre flacon, vous placez le petit kit, visser votre seringue et prélever. La quantité est variable : les 2 premiers jours vous avez 0,2 ml à prendre le soir, les jours 3 et 4, 0,4 ml à prendre le soir et ensuite matin et soir. Il faut bien regarder les graduations". Le patient pourra commencer son traitement très rapidement.
Le ministre a déclaré souhaiter accompagner la production française de cannabis thérapeuthique. Les traitements sont pour l'instant fourni par d'autres pays comme le Canada ou l'Ukraine à titre gracieux pour l'expérimentation. Cependant, des territoires comme la Creuse se sont dit intéressés pour lancer cette production. " Je souhaite rédiger un décret pour pouvoir commencer à exploiter la culture du cannabis thérapeutique sur le territoire français", a déclaré Olivier Véran. Il faudra environ 2 ans pour monter une filière.