"Les 15 jours à venir vont être déterminants pour la qualité de la récolte" : dans le Puy-de-Dôme, le manque d'eau inquiète les cultivateurs

Dans les jardins et les champs du Puy-de-Dôme, la terre est sèche. Depuis le début de l'année, les précipitations sont déficitaires dans le département. Alors que le mercure devrait encore grimper cette semaine, les agriculteurs scrutent le ciel, dans l'attente de la pluie.

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Arrosoir à la main, Denis Molle fait les allers-retours entre la cuve et ses rangées de légumes. Carotte, liseron, céleri branche, courgette, les pousses sont sorties et ont besoin d'eau, malgré les orages de la semaine dernière. 

"Cette année, pour un printemps, ce n'est pas pluvieux, constate le retraité en retournant la terre. La surface est sèche, vous voyez la terre est humide juste dessous, mais il n'y a pas beaucoup de réserve."

De l'eau de pluie attendue

Dans le jardin, entretenu par sa famille depuis les années 1970, l'arrosage est fait grâce à l'eau du puits. Là, c'est tous les deux jours que Denis Molle s'en occupe.

"Le jardin ne va pas trop mal, s'il pleuvait un peu plus ça ferait lever les légumes un peu plus vite : l'eau d'arrosage ce n'est pas miraculeux."       

Le jardinier attend donc avec impatience les prochaines pluies pour son jardin et sa pelouse. 

Seulement 60 millimètres depuis janvier

Un peu plus au sud du département, la situation est plus tendue. Dans les plaines céréalières, les agriculteurs surveillent de près leurs cultures.

À Saint-Rémy-de-Chargnat, près d'Issoire, les champs de blé ont revêtu une couleur bleue. "C'est pour se protéger de l'évapotranspiration, la feuille du blé reste fermée autour de l'épi.", explique Jérôme Tourette, producteur céréalier. Manque d'eau et fortes chaleurs, le blé est soumis à un stress hydrique. 

"Dans le secteur de Chargnat, il ne pleut quasiment plus au printemps. Depuis le début de l'année, on a eu 60 millimètres. Il faudrait maintenant 60 à 80 millimètres chaque mois." 

15 jours décisifs   

Avec la chaleur, la végétation est précoce. "Les épis ont huit jours d'avance, s'il pleut au moins de juin, on aura un potentiel de rendement", espère le céréalier. 

Problème : la terre très sableuse retient mal l'eau et les champs de blé ne sont pas irrigués. Maintenant, que les épis sont formés, "les 15 jours à venir vont être déterminants pour la qualité de la récolte".

"Si l'épi manque d'eau, les grains ne se formeront pas ou pourront ne pas devenir gros", détaille Didier Manlhiot, céréalier. Pour cet agriculteur, le manque d'eau pourrait réduire son rendement à l'hectare : "30 à 45 quintaux de l'hectare maximum, l'an dernier, j'avais fait entre 55 et 60 quintaux".

Un manque à gagner important pour les producteurs, alors que le cours du blé a augmenté depuis le début de l'année

40 % de déficit de pluie

"Il n'y a pas de pluie significative attendue pour au moins 10 jours, prévient David Marchal, référent Auvergne pour Météo France. Depuis le 1er janvier, le déficit de pluie sur l'Auvergne est de 40%."

Bien que particulière, la situation "n'est pas exceptionnelle", détaille le spécialiste. Avec le réchauffement climatique, les vagues de chaleur devraient devenir plus fréquentes et dès le printemps. "Un été, comme 2003, pourrait devenir la norme à la fin du siècle." 

Pour le site Météovergne, les 30°C en plaine pourraient être atteints dès ce mercredi 11 mai. De quoi amplifier le manque d'eau dans le département. 

Une sécheresse qui touche l'ensemble de la France. Les ministères de l'agriculture et de la transition écologique ont donc annoncé, lundi 9 mai, augmenter de 20 millions supplémentaires, le guichet ouvert en avril pour aider les agriculteurs à faire face au changement climatique

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