Le prix des matières premières et de l'énergie explosent. Les agriculteurs revendiquent une juste rémunération de leur travail et la prise en compte des coûts de production dans le calcul des prix de vente. La Loi Egalim 2 le garantit depuis le 1er janvier. Pour Elise Michallet, éleveuse, c'est le minimum pour que les exploitations perdurent et se développent.
La ferme des Michallet s'étire sur 140 hectares, aux portes de Lyon. 230 animaux, des blondes d'Aquitaine destinées à la boucherie traditionnelle française qu'il faut nourrir. Une partie des céréales provient de la ferme familiale. Mais les terrains sont "séchants" et ne permettent pas de produire suffisamment. Pour satisfaire l'alimentation des bovins, il faut la compléter.
"On ajoute de la matière première sous forme de pulpe de betteraves, du son de blé, des choses comme ça" explique Elise mais les prix s'envolent allant jusqu'à une augmentation de 40 euros sur la tonne. C'est un gros budget pour l'exploitation.
Des charges de plus en plus lourdes
Les prix de matières premières flambent et celui du carburant agricole qui suit la même courbe. Difficile pour ces producteurs de se sortir des salaires plus élevés que le smic. Elise est inquiète. "Notre gasoil non routier a doublé entre septembre et aujourd'hui. C'est une charge importante". La facture augmente tout comme celle de l'énergie utilisée pour produire les matières premières.
Avec le conflit russo-ukrainien qui pourrait peser sur les prix de l'énergie et des céréales, Elise Michallet ne voit pas l'horizon des éleveurs se dégager dans les mois qui viennent.
Une rémunération juste avec la loi Egalim 2
Notre temps de travail n'est pas pris en charge. On vit avec passion mais aujourd'hui, on demande une juste rémunération de notre travail
Elise Michallet, éleveuse
Elise souhaiterait que ses coûts de production soient pris en charge. En parallèle de l'explosion des normes et des obligations de traçabilité à respecter au fil des années, l'agricultrice réclame "que son travail ait une valeur" ce que loi Egalim 2 est sensée garantir depuis le 1er janvier : le texte stipule que "le prix d'achat des produits agricoles évolue à la hausse ou à la baisse en fonction de l'évolution des coûts de production".
Il faut que le consommateur lise les étiquettes et consomme français et que la grande distribution joue le jeu en fournissant des produits 100% français et prenne en compte notre coût de production
Les négociations commerciales avec la grande distribution arrivent à leur terme au tout début du mois de mars. Elise réclame donc l'application de la loi avant la signature des accords.
La succession assurée, une raison de se battre
Elise Michallet a de quoi être rassurée. Ses enfants veulent devenir éleveurs. Ils reprendront la ferme familiale et cela malgré les difficultés de la filière. Elle est confiante car elle connait la situation actuelle avec la disparition de nombre d'exploitations faute de repreneurs. "On le fera par passion même si ce n'est pas tous les jours facile" explique Guillaume, le fils d'Elise qui a toujours voulu faire ce métier et qui ne manque pas de projets pour développer l'exploitation.