Les habitants du quartier Saint-Jacques de Clermont-Ferrand s’affichent dans les abris du tram

Huit portraits d’habitants du quartier prioritaire Saint-Jacques à Clermont-Ferrand décorent les abris de la ligne de tram. Photographiés par l’artiste clermontois Charles Rostan pour son exposition « Mémoires Devenir de Saint-Jacques », les résidents investissent un quartier qui entame sa métamorphose.

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« Saint-Jacques a une mauvaise réputation vraiment bêtement, alors qu’il n’y a pas de raison. Ce quartier avait simplement besoin d’être rafraichi ». Patrick Foulhoux a 60 ans, et il est arrivé dans le quartier Saint-Jacques à Clermont-Ferrand à l’âge de 11 ans, en 1973. Un endroit qu’il n’a plus jamais quitté, comme son frère qui y habite toujours aujourd’hui. « Si on s’y est attaché, c’est surtout parce qu’on y a grandi », explique Patrick. Avec sept autres habitants de ce quartier prioritaire, ce Clermontois a son portrait affiché en grand format sur un des abris de la ligne de tramway qui traverse Saint-Jacques. « Je trouve ça vraiment bien qu’on mobilise les gens du quartier, qu’ils donnent leur avis. On va faire partie d’un grand renouvellement urbain, et les habitants ne doivent pas rester des témoins : on doit être acteur », explique Patrick.

Pour lui, voir exposée la diversité des visages du quartier sur les abris du tramway, c’est un endroit qui fait sens. « Cette ligne a un rôle pour nous : c’est l’accès en cinq minutes au centre-ville. Sans même compter tous nos étudiants qui y passent, il y a tellement de gens qui transitent que c’est sûr d’être vu ». Cet amoureux de Saint-Jacques contribue lui-même à faire vivre son environnement, en rédigeant le magazine semestriel du quartier, « Horizon Saint-Jacques ». Mais « Horizon », c’est aussi le titre de son portrait, réalisé par l’artiste Charles Rostan, qui est exposé à l’arrêt du CHU Gabriel Montpied, face à celui de Michèle intitulé « Résilience ».

Accompagner "le deuil" des habitants


« Le souhait de cette destruction de la Muraille de Chine, c’est douloureux pour la population. Je les ai rencontrés pour faire mes portraits, et ce n’est vraiment pas évident à concevoir pour eux. J’espère les avoir accompagnés pour faire le deuil d’un lieu qu’ils ont habité depuis plus de 70 ans », raconte l’artiste Charles Rostan. Originaire du Vietnam, il a fui la guerre avec ses parents à l’âge de 6 ans pour s’installer à Cébazat, en 1975. Aujourd’hui photographe, il s’est spécialisé dans le portrait où il cherche à capturer des parcours de vie. « Je suis naturellement réservé, faire du portrait, ça me pousse à aller vers l’autre, à les rencontrer : et finalement, j’ai eu un accueil incroyable dans le quartier, et je tiens à les remercier ! » se remémore le photographe.

Mais faire du portrait, c’est surtout pour Charles Rostan une façon de rappeler que des hommes et des femmes ont habité les murs d’un quartier en pleine transformation. « C’était le dernier rempart à la gentrification qu’on va abattre. Si je suis venu, c’est pour mettre en avant cette population dont on ne parle pas. Alors oui on parle de ce bâtiment qui va être détruit, et des projets de réaménagement... Mais il ne faut pas oublier les gens. Les exposer, c’est humaniser le lieu »,  raconte l’artiste.

Un lien entre le quartier et le centre-ville

En exposant ces photographies sur la ligne du tramway de Clermont-Ferrand, pour le Syndicat Mixte des Transports en Commun, c’est « un lien évident et concret entre Saint-Jacques et le centre-ville de Clermont-Ferrand. Ces photographies forment un trait d'union entre le bas du viaduc et le haut du plateau ». Un lieu qui doit entamer sa transformation, par la destruction de la Muraille de Chine prévue pour la fin de l’année 2023. Cette barre d’immeuble de 354 logements sur 320 mètres de long, bâtie au début des années 1960 sera remplacée par un parc de 3,5 hectares. Un véritable plateau arboré aux portes de Saint-Jacques.

La rénovation du quartier Saint-Jacques est un projet de longue date, puisqu’il s’inscrit dans le NPRU (nouveau projet de renouvèlement urbain), initié en 2014. Saint-Jacques avait été retenu au même titre que les quartiers de la Gauthière et des Vergnes comme quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV), à un niveau d’intérêt national. En organisant cette exposition, Clermont Auvergne Métropole œuvre à un travail de mémoire du quartier, débuté depuis que Saint-Jacques a été classé comme QPV. « L’idée, c’est de faire un temps fort à chaque phase de l’évolution du quartier. Surtout ce que l’on voulait avec cette exposition, c’est se rappeler sans pour autant être passéiste. Détruire des bâtiments nécessitent évidemment des relogements, et ces relogement suscitent beaucoup d’émotion : ce sont des repères qui disparaissent », explique Véronique Delgado, cheffe de projet renouvellement urbain pour Clermont Auvergne Métropole. Par cette rénovation urbaine, la métropole a pour ambition de renforcer la proximité de Saint-Jacques avec le centre-ville, de raccrocher le quartier avec toutes les infrastructures qui l’accompagnent. « En abattant la Muraille, on ouvre le quartier Saint-Jacques directement vers le centre de Clermont-Ferrand », analyse la cheffe de projet.

Entre « devenir » et « mémoire »

Cette exposition prolonge celle de ce week-end, dans la Muraille de Chine. Ce bâtiment central du quartier avait accueilli samedi 17 et dimanche 18 septembre 2022 d’autres portraits géants des habitants de l’ancien immeuble. Des visiteurs et d’anciens habitants y sont venus admirer les visages de ceux de Saint-Jacques, accrochés sur les murs.

Lors de ce week-end d’exposition, Charles Rostan n’était pas le seul à s’être installé dans la ruine de la Muraille de Chine. L’artiste Olivier Agid a lui aussi investi les lieux à l’occasion des journées du patrimoine, au milieu des huit étages de la barre d’immeuble. Une opération qui a réuni plus de 1 500 visiteurs sur les deux jours.

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C’est une page de l’histoire urbaine clermontoise qui se tourne. Les travaux de déconstruction de la muraille de Chine ont débuté à la fin de l’année dernière. Les habitants ont tous été relogés. La muraille de Chine devrait être entièrement détruite l’an prochain. Un dernier hommage lui est rendu cette année pour ces journées du patrimoine avec la présentation d’une mise en scène artistique public. ©P.Franco/FTV

Les huit portraits de l’exposition « Mémoires Devenir de Saint-Jacques » de Charles Rostan restent visibles quant à eux jusqu’au dimanche 25 septembre 2022, dans les abris de la ligne A du tramway de Clermont-Ferrand, entre les stations Saint-Jacques Loucheur et Maison de la Culture.

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