Leurs copies se perdent lors d'un concours de l'ENS : des étudiants en colère doivent repasser leur épreuve

À Clermont-Ferrand, 15 étudiants ont passé le concours d'admission pour trois Écoles normales supérieures (ENS). Coup de théâtre : le 21 mai, ils sont informés qu'ils doivent repasser l'épreuve de physique. Leurs copies ont été perdues. La colère monte parmi ces étudiants et un de leurs professeurs.

Imaginez que vous passez les concours d'entrée pour les Écoles normales supérieures (ENS). Un diplôme post-Bac difficile et préparé sur 3 ans, qui équivaut à un master. C'est ce qu'ont choisi de passer 15 étudiants à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), la semaine du 29 avril dernier.

Tout se passe sans encombre, pour ces étudiants qui ont pris l'option BCPST (Biologie, Chimie, Physique et Sciences de la vie et de la Terre). Jusqu'à l'épreuve de Physique : quelques jours après ces écrits, l'établissement organisateur du concours les informe que leurs copies sont déclarées perdues.

L'ENS Ulm, à Paris, indique que seuls ces 15 étudiants vont devoir repasser ces écrits. Les personnes concernées et un de leurs professeurs dénoncent une injustice. 

Un traitement inéquitable entre les candidats

Mardi 30 avril : ces étudiants, futurs potentiels fonctionnaires stagiaires, passent leur épreuve de Physique. Rien à signaler, jusqu'à ce mail qu'ils reçoivent tous. Nous sommes le mardi 21 mai, et c'est leur professeur de Physique en classe préparatoire qui relate son contenu. "Les copies ont été égarées, et nos 15 étudiants qui étaient au centre d'écrits de Clermont-Ferrand vont devoir repasser ces épreuves", détaille Loïc Lebrun.

Une procédure qui pourrait paraître logique. À une nuance près. "La particularité est que ce sont les seuls étudiants à devoir repasser l'épreuve. Pourtant, dans une situation identique l'an passé, l'école en charge de l'un des concours de l'ENS avait choisi spontanément de faire repasser l'épreuve à tous les candidats, face aux risques élevés de recours administratifs", ajoute le professeur de Physique en classe préparatoire BCPST pour l'ENS. 

Lui comme ses étudiants soutiennent qu'il y a une "rupture d'équité". En clair, un traitement qui n'est pas le même, entre des étudiants qui ont pourtant passé une même épreuve. "Les étudiants ont dû digérer la nouvelle, alors qu'ils doivent à présent se consacrer aux révisions des oraux. Ils doivent arrêter de les préparer, et nous avons dû banaliser la journée du lundi 27 mai, pour qu'ils puissent repasser cet écrit", déplore Loïc Lebrun.

Angoisse et résignation dans un concours crucial

L'un des étudiants concernés, Alfred N.*, 19 ans, vise ces ENS, pour être enseignant-chercheur. Il se dit "dégoûté", même "si ça ne le dérange pas de repasser l'épreuve, puisqu'il faut la faire". Toutefois, il reste médusé de ce qui s'est passé. "Les épreuves écrites ont été passées en même temps. Il y a forcément eu ensuite une phase de relâchement, mais on se rend compte, après, qu'en fait, ce n'est pas fini. C'est inattendu, et en plus, on n'est plus aussi préparés qu'il y a trois semaines", s'indigne-t-il.

Il déplore une inégalité : "Ce n'est pas la même chose que si toute la France repassait cet écrit. On s'attendait à cela, quand on nous a dit qu'on devait repasser l'épreuve." À titre personnel, il ne redoute pas toutefois de devoir composer de nouveau. "Je n'ai jamais eu trop de soucis avec les écrits, mais disons que je n'ai pas eu l'occasion de me préparer de la même façon que pour le premier écrit", confie-t-il.

Interrogé sur l'idée d'un éventuel recours devant le tribunal administratif, il réfute l'idée. "On a autre chose à penser que ça, en ce moment. On se contente de faire entendre notre mécontentement. Les choses ne vont pas bouger du jour au lendemain, pour 15 personnes. On va faire en sorte que ça se passe le mieux possible", se résout-il à dire. 

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Contactée, l'École normale supérieure Ulm, à Paris, a répondu par mail. Elle reconnaît une erreur lors de la remise des travaux, après l'épreuve. "Un paquet de 15 copies du centre d'écrits de Clermont-Ferrand a été remis par erreur à La Poste plutôt qu'au transporteur mandaté pour acheminer les copies vers le centre de Toulouse où elles devaient être scannées. Le chef du centre d'écrits a immédiatement contacté La Poste, sans pouvoir localiser le colis, et a informé l’ENS-PSL, opératrice du concours. Le vendredi 17 mai, et bien que les adresses de l'expéditeur et du destinataire aient figuré sur le paquet, le colis n'était ni arrivé à destination, ni revenu à l’expéditeur, et restait introuvable", affirme cet établissement.

De son côté, La Poste se défend de toute responsabilité et indique : "A ce jour, le service de réclamation de La Poste ne relève aucune réclamation de la part du lycée Louis Pasteur de Lempdes (Puy-de-Dôme), ni de la part de l’Ecole Normale Supérieure d’ Ulm Paris (ou d’une autre ENS). Il est à noter que le lycée Louis Pasteur, où ont été organisées les épreuves, n’a aucun contrat de collecte de son courrier et de ses colis avec La Poste puisque c’est une entreprise privée qui est en charge de cette activité. Aujourd’hui, La Poste ne dispose d’aucune preuve de dépôt de ce colis ou de cette enveloppe dans son réseau postal". 

L'ENS Ulm maintient la solution qu'elle envisageait jusqu'ici. Elle maintient la convocation de ces étudiants pour "une nouvelle épreuve sur le sujet de remplacement le lundi 27 mai, date qui permet de finaliser la correction avant le jury d’admissibilité du 30 mai". Elle se prévaut de "l’équité du concours", pour justifier sa décision, et assure avoir informé "le mardi 21 mai dans la matinée" les étudiants concernés, mais aussi "le centre d’écrits de Clermont-Ferrand, et l’UPA (l’Union des professeurs de classes préparatoires BCPST)".

* Le prénom et nom de l'étudiant ont été modifiés à sa demande, pour l'anonymat.

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