Le concours d’entrée aux ENS (écoles normales supérieures, dites « Normales sup ») a été marqué par le report de deux épreuves dans la série littéraire et la perte de copies, impactant le bon déroulement de celle-ci. Une lettre ouverte a été envoyée. Une étudiante rémoise témoigne.
« Samedi 13 mai à 14H, soit plus d’un mois après le début des épreuves de l’ENS série littéraire, le concours ne sera toujours pas fini ». C’est ce que constatent les élèves et les professeurs de ce concours annuel où les places sont chères. Dans une lettre ouverte, ils passent au vitriol les responsables de l’ENS et plus particulièrement ceux du concours BEL 2023 (Banque d’Epreuves Littéraires).
En cause : le report de deux épreuves à des dates ultérieures. Le premier concerne la spécialité cartographie, qui devait avoir lieu le mercredi 12 avril. « Elle s’est déroulée le samedi matin d’un week-end de trois jours […] plus d’une semaine et demie après la fin des dates prévues de concours » précisent les contestataires.
Le second porte sur l’épreuve de lettres. Le mercredi 3 mai, les candidats ont été informés de la reconduction de cette épreuve. La raison ? La perte d’un paquet de copies, selon la direction. « Ce mail est un aveu criant de l’incapacité de l’ENS à organiser correctement les épreuves et à placer les candidats dans des conditions correctes. L’ENS et le transporteur semblent incapables de déterminer la localisation des copies et se rejettent la responsabilité » déplorent-ils. Ladite épreuve est donc reportée au 13 mai prochain.
Colère et dégoût
La nouvelle ne passe pas auprès des élèves. « Je suis en colère » affirme Marie, dont le nom a été changé pour protéger sa confidentialité. Elève dans un lycée en région parisienne et rémoise d’origine, la jeune femme de 19 ans souhaite rejoindre l’ENS de Lyon et a effectué « deux ans de travail acharné » pour ces concours. « Il n’y a aucun respect de ce travail, c’est quand même deux années de vie que l’on met entre parenthèse ». Car oui, les concours de l’ENS sont très sélectifs. Il y a quatre écoles au total : deux à Paris, une à Lyon et une à Rennes. Les places sont chères : en 2022, il y avait 226 places à Lyon, 212 à Paris Saclay, 192 à Paris PSL et 65 à Rennes.
Il n’y a aucun respect de ce travail, c’est quand même deux années de vie que l’on met entre parenthèse
Marie, 19 ans, élève de CGPE littéraire
Dans la lettre, les élèves s’étonnent également que les copies n’aient pas été numérisées directement à la sortie du centre d’examen. « Ca me semble logique qu’au 21ème siècle, les copies soient numérisées. Pour le moment, c’est silence total du côté de la direction, excepté un mail de réponse qui nous indique que c’est la faute du livreur » regrette Marie.
Impact moral et financier
Les conséquences de ces reports sont lourdes pour tous les élèves des CPGE littéraire (Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles). « J’ai effectué une vingtaine d’heures de révision pour la première épreuve de lettres finalement reportée, je devrais en faire une dizaine de plus pour la seconde » explique-t-elle.
Sans compter la question mentale et financière. Outre la détresse psychologique, ces multiples reports obligent aussi chacun des élèves « à reprendre des billets de trains, voire d’avion mais aussi à payer de nouveaux hôtels. Chacun de ces reports coûte des dizaines voire des centaines d’euros, que tous n’ont pas la même possibilité de fournir ». « J’ai un camarade qui habite en Allemagne, et qui doit refaire un trajet jusqu’à son centre d’examen situé à Strasbourg. Cela va lui coûter près de 300 euros » selon Marie.
Désormais, les élèves des classes préparatoires vont devoir jouer sur deux tableaux : réviser cette fameuse épreuve de lettres reportée au 13 mai, et préparer leurs oraux, prévus pour la mi-juin.