Marinette et Roger, 75 ans de mariage : un couple inoxydable en toute simplicité

Le 29 septembre 2023, Marinette et Roger, un couple qui vit dans le Puy-de-Dôme, célèbreront leurs 75 ans de mariage. Depuis ce samedi de septembre 1948, ils ne sont plus quittés. Un couple solide qui fait la fierté de leur famille.

Soixante-quinze ans de mariage. Un chiffre qui laisse rêveur. Marinette et Roger Latallerie, deux habitants de Chapdes-Beaufort, dans le Puy-de-Dôme, se sont dits oui le 29 septembre 1948 à Saint-Georges-de-Mons. Depuis, ils ne se sont jamais quittés. Marinette, du haut de ses 92 ans, confie : « C’est sûr que cela ne doit pas arriver souvent. Je ne connais d’ailleurs personne qui l’ait déjà fêté, surtout en couple. Nous sommes là encore tous les deux et ce n’est pas commun ».

Une rencontre en 1947

Leur aventure à deux a commencé en 1947. Roger raconte : « Je travaillais avec mon copain Marcel. On allait à la pêche ensemble. Un jour, en revenant de la pêche, j’ai croisé Marinette qui venait de carder de la laine. J’étais à vélo mais on a discuté. A l’époque, je travaillais depuis mes 15 ans dans une entreprise de maçonnerie. On revenait de Châteauneuf-les-Bains. On s’est retrouvé ensuite à la fête à Manzat. C’est là que c’est parti. A l’époque on avait 16 ou 17 ans et on s’est mariés un an plus tard. Marinette m’a tout de suite plu et depuis elle ne m’a plus quitté. Elle a été attachée à moi ». Marinette renchérit avec humour : « Avec Roger, nous nous sommes rencontrés en 1947. Il n’y a pas grand-chose à dire là-dessus. On en croise des cyclistes ! ». Roger travaillait aux aciéries des Ancizes, chez Aubert & Duval. Marinette évoque avec émotion ce jour de 1948 où elle a épousé Roger : « Nous sommes d’abord allés à la mairie de Saint-Georges-de-Mons le mercredi avant. C’est monsieur le maire qui nous a mariés, monsieur Hom, à 15 heures. Nous sommes rentrés chez nous. Mon mari avait travaillé à la forge de 5 heures à 13 heures. On est rentrés chacun de son côté, Roger chez ses parents et moi chez les miens. Le samedi, on s’est retrouvés à la messe à Saint-Georges-de-Mons, avec le curé Michel Montel ».

Le souvenir des noces

Elle poursuit, toujours émue : « A la gare, nous avons attendu mon frère qui était militaire. Il n’est jamais venu. Il n’y avait pas de téléphone. Nous avons reçu une lettre deux jours après pour nous dire qu’il était consigné à cause d’une maladie. Le repas des noces avait été préparé par une cuisinière du coin. Elle avait cuisiné des bonnes choses, avec des denrées de la ferme, car mes beaux-parents avaient une ferme. Il y avait encore les tickets de rationnement de la guerre. On avait du mal à trouver certains produits ». Leur vie n’a pas été un long fleuve tranquille. Roger souligne : « Dans les années 70, Marinette allait à vélo faire des ménages à Montfermy, à plus de 15 km aller-retour. Moi après mon travail, je faisais des petits travaux de maçonnerie ou de jardinage pour des artisans ou des particuliers ».

Une vie difficile

Marinette précise : « Quand nous avons fait construire, nous n’avions pas l’eau courante. Nous n’avions pas de machine à laver. Le petit dernier avait 16 ans quand on a acheté la machine à laver ». Elle poursuit : « J’étais obligée de faire des petits boulots à côté pour nourrir une famille de 7 membres. Je lavais les maillots de l’équipe de Chapdes-Beaufort, et ce, pendant 30 ans. A l’époque je n’avais pas de machine à laver. J’allais au lavoir et parfois il y avait de la glace. Il y avait des fils pour faire sécher le linge partout dans la maison. Une voisine me laissait aussi étendre le linge près de sa chaudière. Les terrains étaient plein de boue, plein de terre. Il fallait les décaper au lavoir. Cela s’ajoutait aussi aux vêtements de la famille. C’était du travail. A la fin j’en avais marre ». Ce n’est qu’une fois la retraite de Roger venue, que le couple a pu un peu souffler. Roger indique : « On a pu un peu profiter et voyager. On ne connaissait que Chapdes-Beaufort. On a pu se promener un peu ». Ils ont découvert la mer et Paris à l’âge de 60 ans.

"Je ne sais pas si nous sommes des modèles pour nos petits-enfants et arrières-petits-enfants" 

Aujourd’hui, malgré les années, Marinette, 92 ans et Roger, 93 ans, sont toujours vaillants. « Notre forme a bien baissé. J’ai été opérée de la hanche mais j’ai fait une chute dans l’escalier et depuis je boite » explique Marinette. Elle ne connaît pas la recette de leur longévité exceptionnelle : « Je n’ai pas le secret de la longévité. Je ne sais pas dans quelle livre il faudrait chercher. On est simples, on n’est pas difficiles, ni pour manger ni pour s’habiller. On a construit une maison et on a élevé 5 enfants, avec un seul salaire. On n’est pas des gens compliqués. Aujourd’hui on se marie mais on ne reste pas longtemps avec la même personne. Je ne les juge pas. C’est comme ça. Je ne sais pas si nous sommes des modèles pour nos petits-enfants et arrières-petits-enfants ».

Une cousinade organisée

Samedi 30 septembre, une cousinade est prévue. La nonagénaire précise : « On va réunir la famille, à l’occasion d’une cousinade. Cela aura lieu samedi aux Ancizes, au camping de Comps. On attend une petite soixantaine de personnes. Tout le monde ne peut pas venir. Nous avons hâte de retrouver notre famille samedi. Il y a certains petits que je ne connais pas bien. Je suis heureuse de les voir. Il y a en a qui viennent de loin. Il y aura des surprises, je ne suis pas au courant de tout ». Marinette est fière de la famille qu’elle a construite avec son fidèle Roger : «  Nous avons eu 5 enfants, 4 filles et un garçon. Nous avons 12 petits-enfants, 9 arrières-petits-enfants et un arrière-arrière-petit-fils, Rafael né en 2022. C’est quand même une belle famille ». Une belle famille qui se réunira ce samedi, 75 ans après ce samedi de septembre où tout a commencé. Des noces d’albâtre qui seront dignement fêtées.