Adaptée au climat local, la vache Ferrandaise connaît un regain de popularité en Auvergne. Une race qui a pourtant failli disparaître.
Elle n'a pas été présentée au concours général agricole du Salon international de l'agriculture cette année, et pourtant, la Ferrandaise a tout d'une championne. Cette vache à la robe barrée, bregniée (avec une ligne blanche sur le dos qui se prolonge jusqu’au nez) ou poudrée est un bout de l'histoire du Puy-de-Dôme à elle seule.
La Ferrandaise est née non loin de Clermont-Ferrand, "entre la chaîne des Puys et le Sancy, le Livradois et les monts du Forez", détaille Grégoire Verrière, animateur de l’Association de sauvegarde de la vache ferrandaise. En 2022, plus de 3 800 femelles ont été recensées dans la France entière. Et la vache conserve un fort ancrage local : "Près de la moitié des éleveurs sont dans le Cantal, la Loire, la Haute-Loire et le Puy-de-Dôme. Cela fait environ 300 exploitants dans ces départements", poursuit l'animateur.
Race "mixte"
"Avant la Seconde guerre mondiale, on les croisait partout dans l'Auvergne rurale, encore peuplée majoritairement de paysans", raconte Grégoire Verrière. Robustes, trapues, ces vaches d'environ 1,35 mètre au garrot environ sont appréciées pour leur résistance et leur polyvalence. Race "mixte", "la Ferrandaise peut être exploitée pour faire de la viande comme pour produire du lait, au grand bonheur des éleveurs de l'époque", poursuit l'animateur.
Malgré tous ses atouts, la Ferrandaise a failli disparaître. La faute à l'élevage intensif, qui privilégie les races dites "spécialisées". Pour produire toujours plus, toujours plus vite, "les éleveurs sont incités à opter pour les Montbelliardes ou les Holstein hollandaises, dont ils peuvent tirer jusqu'à 10 000 litres de lait par an, quand la Ferrandaise n'en produit "que" 3 500 en moyenne." Pour la viande, c'est la charolaise qui est privilégiée. Et la puissance de la Ferrandaise "ne sert plus à grand chose, avec l'arrivée des tracteurs", explique encore Grégoire Verrière.
En 1982, le bilan tombe : il ne reste plus que 248 femelles Ferrandaises en France, contre 80 000 en 1930, selon l'institut de l'élevage. Une poignée d'éleveurs passionnés se mobilisent alors pour que les vaches se reproduisent massivement par monte naturelle ou par insémination artificielle, en partenariat avec l'institut de l'élevage, le parc naturel régional (PNR) Volcans d'Auvergne et le PNR Livradois-Forez. Pour éviter la consanguinité, les éleveurs ne font pas de sélection : on trouve encore des Ferrandaises de tailles variées, avec différents gènes.
Des Ferrandaises au menu des cantines de Clermont-Ferrand
Pari réussi : la population remonte, et la vache connaît un certain regain de popularité. "Elle est adaptée au climat local, elle produit moins que ses concurrentes, certes, mais il va de toute façon falloir réduire notre consommation pour limiter le réchauffement planétaire. Et la Ferrandaise ne mange pas énormément, elle se contente de foin et peut tenir longtemps sur ses réserves lors des périodes de sécheresse", explique Grégoire Verrière. Un atout incontestable aujourd'hui face aux dérèglements climatiques.
À partir de l'année prochaine, la Ferrandaise figurera au menu des écoles primaires de Clermont-Ferrand et de ses environs. "C'est le retour des circuits-courts. En plus, la commande publique permet aux éleveurs de se projeter sur plusieurs années", commente Grégoire Verrière. De quoi assurer encore de beaux jours aux éleveurs de Ferrandaises.