Michelin s'associe à des chercheurs pour étudier les particules d’usure des pneus

Depuis mai dernier, les chercheurs du « BioDLab » planchent à Clermont-Ferrand sur la dégradation des gommes des pneumatiques. Ce laboratoire est le fruit d’une collaboration entre Michelin, le CNRS et l’Université Clermont Auvergne.

« BioDLab » : c’est le nom d’un laboratoire créé en mai dernier à Clermont-Ferrand. Avec une trentaine de chercheurs à temps partiel, il vise à mieux comprendre la dégradation des gommes des pneumatiques. Afin que ce laboratoire puisse voir le jour, Michelin, le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et l’Université Clermont Auvergne se sont associés. Cyrille Roget, directeur de la communication scientifique et innovation du groupe Michelin, explique pourquoi ce laboratoire a vu le jour : « La thématique qu’on essaie d’aborder est la dégradation des particules d’usure de pneus et de route. Quand le pneu roule sur la route, le fait qu’il adhère sur la route, un objectif de sécurité, crée une usure du pneu et de la route en même temps. Cette friction crée des petites particules. Elles sont un mélange de gomme qui provient du pneu et d’éléments qui proviennent de la route, en général des minéraux ». Pour Michelin, les enjeux sont importants : « Cela fait des années que Michelin planche sur cette thématique pour travailler sur la réduction de la quantité de particules émises. On est très bien positionnés en termes d’émission de particules. Mais on ne comprend toujours pas ce qu’il se passe lorsque les particules se dégradent. Une fois qu’elles ont été émises, elles vont aller dans les sols, dans les rivières, très peu dans l’air. L’objectif de ce laboratoire est de comprendre ce qu’il se passe lorsque la particule se dégrade. Au bout de 16 mois, on sait que la moitié de ces particules a disparu, elles se sont biodégradées sous l’effet de l’environnement. Cela les rend très différentes des plastiques usuels qu’on trouve dans la nature, qui mettent plusieurs dizaines voire centaines d’années à se dégrader ».

"Un enjeu crucial pour l'avenir" selon Michelin

La tâche de ces scientifiques n’est pas aisée. Cyrille Roget insiste : « C’est un phénomène très complexe donc on va le décomposer en commençant par une petite brique et comprendre la dégradation d’un des polymères de base qui constituent les pneus. Une fois que les bactéries s’attaquent à ces polymères, on veut comprendre ce qu’elles rejettent : si finalement ce n’est que du carbone, l’impact est nul. Car la nature est majoritairement composée de carbone ». Le porte-parole de Michelin évoque la finalité de ce laboratoire : « L’étape d’après sera de comprendre comment on peut formuler différemment les polymères des pneus pour que les bactéries les dégradent sous forme essentielle de carbone ». Le budget du laboratoire s’élève à 6,5 millions d’euros, dont la moitié provient de Michelin. Le manufacturier croit au potentiel de « BioDLab » : « C’est un gros laboratoire pour Michelin. En « open innovation », on est sur un peu plus de 40 millions d’euros. On met les moyens car on pense que c’est une problématique avec un enjeu crucial pour l’avenir ».

Une étude des élastomères

Cette nouvelle collaboration entre Michelin, le CNRS et l’Université Clermont Auvergne mêle étude des matériaux, chimie et microbiologie. Pascale Besse-Hoggan, directrice de recherches au CNRS, explique : « L’objectif est d’essayer de comprendre le devenir de particules d’usure des pneumatiques. On va essayer de décortiquer cette particule d’usure avec des éléments de base, on va travailler sur les élastomères. On va étudier leur dégradation abiotique, par le soleil, la lumière et la température. Puis on va soumettre ces élastomères vieillis à de la biodégradation par des microorganismes ou des enzymes. L’enjeu est d’essayer de comprendre ce devenir, de comprendre les mécanismes qui se passent dans cette dégradation de ces particules d’usure. L’objectif ultime est d’essayer de trouver des matériaux à impact environnemental réduit ».

Une problématique environnementale

Si ces 3 structures collaborent ensemble, c’est aussi pour un enjeu environnemental. Pascale Besse-Hoggan souligne : « On ne sait pas ce que les particules d’usures deviennent. Cela peut éventuellement être source de pollution. On en produit beaucoup. Elles se dispersent dans l’environnement. On essaie de voir ce qu’elles deviennent. On réfléchit sur des matériaux qui génèrent moins de particules, et qui seraient moins impactants pour l’environnement. Un des objectifs est aussi d’aller prélever dans des sites comme des bords d’autoroute, des bassins d’orage, des stocks de pneus, pour voir si on retrouve ces microorganismes ». Il s’agit de la troisième collaboration entre Michelin et le CNRS, après SimatLab, qui est centré sur de la simulation et FactoLab, qui s’intéresse aux véhicules autonomes. Les travaux du laboratoire, situé à l’Institut de la Chimie de Clermont-Ferrand, sont lancés pour une durée de quatre ans. D’après Michelin, cette durée initiale sera sans doute prolongée.

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