Jeudi matin, l'international australien Nathan Charles fait ses débuts à l'entraînement avec l'ASM. Le néo-Clermontois a été engagé pour 3 mois pour pallier l'absence de John Ulugia, blessé. Particularité de ce joker médical : il est atteint de mucoviscidose.
Nathan Charles « défie la science et la logique ». Dans le monde du rugby, le talonneur australien suscite l’admiration de tous, ici celle d’Ewen McKenzie, l’ancien sélectionneur des Wallabies. Celui qui vient d’être enrôlé pour trois mois comme joker médical par l’ASM est en effet atteint d’une maladie génétique incurable : la mucoviscidose. Cette infection touche les poumons et les voies respiratoires et, pourtant, elle n’empêche pas le solide gaillard (1,83 m et 103 kg) de pratiquer un sport à haut niveau alors que les médecins ne le voyaient pas aller au-delà de sa dixième année.
Le joueur de la Western Force (Perth) a porté quatre fois les couleurs de son pays. Clin d’œil du destin, c’est face à la France qu’il a honoré sa première cape internationale, le 14 juillet 2014, à Melbourne. Par le passé, il a effectué une pige des quelques semaines à Gloucester (trois matches en 2011) avant de rentrer en Australie. Aujourd’hui, il attaque un contrat de trois mois avec Clermont, comme joker médical, pour pallier l’absence de John Ulugia, victime d'une entorse du ligament latéral interne du genou face au Racing 92, le 10 septembre.
"Son profil correspond parfaitement au jeu que nous souhaitons mettre en place avec à la fois de solides garanties au niveau des fondamentaux mais aussi une grande mobilité", justifie sur le site internet du club le manager sportif de l’ASM, Franck Azéma. Nathan Charles va découvrir en Auvergne un nouvel environnement mais son quotidien ne va pas différer pour autant. Pour conjuguer état de santé et rugby professionnel, il doit prendre jusqu’à 28 pilules par jour, médicaments et vitamines. "Pour moi, être un joueur de rugby est une façon de me maintenir en bonne santé, explique-t-il. Je joue au rugby depuis que j'ai cinq ans. Il ne faut pas penser que la maladie est une barrière", disait-il dans un portrait dressé par l’AFP en 2014.
Les années passant, Nathan Charles est devenu un ambassadeur dans le monde sportif pour aider au financement de la recherche sur la mucoviscidose. Il participe à des études, aide les médecins. Ces dernières années, la science a permis de repousser l’espérance de vie pour les personnes atteintes de ce mal jusqu’à 40 ans. Dans les années 60, elle était de 5 ans. A 27 ans, le talonneur australien continue sa route, elle passera cet automne par les terrains du Top 14.